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Félix Briot

Jean-Marie Félix Briot est né le 3 octobre 1845 à Rambervillers, dans les Vosges, fils de Nicolas Briot, pharmacien, et Anne Victorine Ambruster. 

Il a fait toute sa carrière dans l'administration des Eaux et Forêts. Les principales étapes de cette carrière sont, selon le relevé de son dossier de la Légion d'honneur :
Élève à l’École forestière de Nancy : septembre 1864-1866.
Garde général à Albertville, d'abord comme stagiaire (septembre 1866), puis comme titulaire (juin 1867).
Sous-inspecteur à Gap, chargé d'organiser des associations laitières dans les Hautes-Alpes, à partir de mars 1875.
Sous-inspecteur, reboisement à Chambéry en 1879.
Nommé inspecteur, toujours à Chambéry en avril 1883.
Inspecteur chargé des améliorations pastorales dans les sept départements des Alpes, en 1884.
Inspecteur, service ordinaire, Chambéry, en 1894.
Nommé conservateur, à Aurillac en février 1902.
Admis à faire valoir ses droits à la retraite en août 1911
Cessation de service le 31 janvier 1913.

Il est décédé le 7 mars 1926 à Chambéry.

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur, le 17 juillet 1903 au titre du Ministère de la Guerre, en considérant son action comme Lieutenant-Colonel d'Infanterie territoriale H.C.

Dans on dossier pour être nommé officier de la Légion d'honneur, il est précisé qu'il n'a pas été proposé pour cette distinction par l'administration des Eaux et Forêts, « à cause des divergences qu'il y avait entre les théories du candidat et celles du corps forestier tout entier ».

Cependant, cette demande aboutira. La lettre de recommandation du 30 janvier 1915, par le ministre de l'Agriculture, explique clairement les raisons des réticences anciennes et de l'avis favorable :
« J'ai l'honneur de vous faire connaître que M. Briot a été noté au cours de toute sa carrière comme un fonctionnaire distingué. On lui a seulement reproché parfois de négliger son service forestier pour s'occuper plus spécialement de questions concernant l'économie pastorale et les industries qui s'y rattachent. Il a publié sur ces matières des études remarquées, qui lui ont valu de nombreuses et hautes distinctions de la Société nationale d'Agriculture et de la Société des Agriculteurs de France, ainsi qu'un diplôme d'honneur à l'exposition internationale de Turin.
Si M. Briot, qui est chevalier de la Légion d'honneur depuis 1903 et commandeur du Mérite Agricole depuis 1910, n'a pas été proposé par mon Département pour la croix d'officier de la Légion d'honneur, c'est parce que les théories qu'il a émises dans certains de ses ouvrages se sont souvent écartées de celles admises par le Corps forestier tout entier. »
Il donne cependant une avis favorable : « maintenant qu'il est à la retraite ».

Il faudra attendre une nouvelle recommandation signée du directeur général des Eaux et Forêts en mai 1919, pour que la demande aboutisse. Dans ce courrier, il est précisé :
« Quoiqu'il en soit, M. Briot, qui est Chevalier de la Légion d'Honneur depuis 1903 et Commandeur du Mérite Agricole depuis 1910, a contribué d'une manière tout à fait remarquable par l'ouvrage qu'il a publié en 1896 sur l’Économie Alpestre, à l'évolution des idées et à la solution des questions concernant l'économie pastorale et les industries qui s'y rattachent.
Il a été l'un des principaux initiateurs des Associations laitières et des Améliorations Pastorales dans les Alpes, ce qui lui a valu de nombreuses et hautes récompenses de la Société Nationale d'Agriculture et de la société des Agriculteurs de France, ainsi qu'un diplôme d'honneur à 1'exposition internationale de Turin et un grand prix à celle de Gand.
M. Briot continuant dans sa retraite à faire preuve d'une initiative et d'un zèle des plus louables, je crois devoir appuyer d'un avis favorable la requête qu'il vous a récemment adressée en vue de sa candidature à là croix d'officier de la Légion d'Honneur. »

Il est promu au grade d'officier de la Légion d'honneur le 12 juillet 1919.

Dans cette étude de Bernard Kalaora, Des rapports entre praticiens et spécialistes dans le courant Le Playsien, plus particulièrement dans ce chapitre : La social-forêt : le cas de Briot, forestier, sociologue et Le Playsien (Actes de la table ronde organisée par le CRESAL (Centre de Recherches et d'Études Sociologiques Appliquées de la Loire) à Saint-Étienne les 14 et 15 mars 1985, pp. 213-234),  il y a des éléments d'explications sur les divergences entre la position de Félix Briot et le corps des Eaux et Forêts :
« L'enseignement de l'École Forestière de Nancy dont les grands maîtres à penser furent Lorentz et Pararde se souciait peu de transmettre un savoir sylvicole adapté à des réalités sociales locales.
Pourtant, certains forestiers étaient hostiles aux théories sylvicoles enseignées à Nancy. Pour la plupart, cantonnés dans des zones montueuses, ces agents s'opposaient aux lois de reboisement de 1860 et de 1882 sur les restaurations de terrain de montagne. Ils estimaient que dans les deux cas juridiques de figure, on ne se souciait guère des relations existant entre l'agriculture et la forêt. En éliminant les pasteurs, on détruisait tout le système agropastoral au nom de la mission forestière. Cette minorité forestière fut marquée par l’École de Le Play qui, à la différence de Durkheim, s'intéressait aux problèmes de relation entre milieu naturel et espace social.
Briot part de la conclusion formulée par certains de ses prédécesseurs selon laquelle il n'y a pas de contradiction entre les intérêts des populations montagnardes et une bonne gestion forestière. Il y a, au contraire, complémentarité. Cette conclusion, Briot la vérifie, la précise, la développe dans une série d'études qui dépassent largement l’œuvre, fondatrice mais modeste, de ses devanciers.
Durant plus de trente ans, il se fait l'analyste du régime pastoral envisagé sous tous ses aspects, cette recherche étant jalonnée par quatre ouvrages principaux :
- Etude sur l'économie pastorale des Hautes-Alpes, 1881, 84 p. (réédité en 1884 à la demande du Ministère de l'Agriculture, 144p.).
- Questions alpestres, 1884, 68 p.
- Les Alpes françaises, études sur l'économie alpestre, 1896, 597 p. (ouvrage couronné par la société d'Agriculture de France).
- Les nouvelles études sur 1'économie alpestre, 1907.
Avec son premier ouvrage qui paraît d'abord sous forme d'articles dans la Revue des Eaux et Forêts, Briot fait œuvre originale. Il s'agit d'une monographie régionale où il examine les conditions de vie socio-économiques des populations pastorales.
Son originalité tient, d'une part, à l'objet de l'étude, inhabituel pour un forestier. On est loin des recherches savantes sur tel ou tel aspect de la technique sylvicole. D'emblée, Briot adopte une problématique sociologique (ou socio-politique). Il veut connaître l'économie des populations pastorales des Hautes-Alpes afin de comprendre à quelles conditions peut cesser 1'"antagonisme entre l'intérêt public et certains groupes d'intérêts privés ou communaux".
L'originalité réside, d'autre part, dans l'invention méthodologique. En effet, en 1881, Briot ne possède pas de modèle sur lequel calquer son analyse. L'économie rurale est peu développée - il ne cite que Léonce de Lavergne. La géographie humaine est dans les limbes - Vidal de La Blache fonde les Annales de géographie en 1891. Il ne peut s'appuyer que sur la sociologie le playsienne [...];
Aussi, Briot, pour mener à bien son étude, doit-il inventer, et sa monographie des Hautes-Alpes apparaît comme une véritable première, fruit d'une recherche approfondie, menée longuement sur place (Briot est sous-inspecteur à Gap de 1875 à 1879), en interaction avec les populations locales.
Dans ses ouvrages ultérieurs, Briot reprend ses analyses, les développe, en étend le champ à d'autres régions alpestres, réaffirmant avec force ses conclusions élaborées au contact des réalités hautes-alpines. » ( pp. 221-223)

Plus loin : 
« Sa figure de"forestier pasteur"s'affirme au fur et à mesure qu'il avance dans la carrière. Il reçoit une sorte de consécration publique lorsque le qualificatif lui est attribué, en 1912, par le député de l'Ardèche, Chalamel - lui-même ancien agent des Eaux et Forêts - au cours de débats parlementaires houleux qu'il a indirectement provoqués. Le rapporteur du budget de l'administration des Eaux et Forêts s'appuie, en effet, sur un article de Briot de 1905 contestant l'utilité des sacro-saints travaux d'extinction des torrents pour justifier la diminution du chapitre "restauration et conservation des terrains de montagne". Chalamel s'insurge, demande, au contraire, que le gouvernement active et développe ces travaux. Il critique alors, sévèrement Briot, déclarant que "chez lui, le forestier pasteur est arrivé à être véritablement injuste pour le forestier reboiseur et le forestier ingénieur".
A la retraite, en 1911, Briot fonde, deux ans plus tard, une société d'économie alpestre, réalisant une idée qu'il avait si tenacement défendue durant trente ans. » (p. 226)

Bibliographie

Étude sur l'économie pastorale des Hautes-Alpes. Extrait de la Revue des Eaux et Forêts.
Paris, Bureaux de la Revue des Eaux et Forêts, 1881, in-8°, [4]-83-[1] pp.

Étude sur l'économie pastorale des Hautes-Alpes. Extrait de la Revue des Eaux et Forêts. Novembre 1880 à mars 1881.
Paris, Bureaux de la Revue des Eaux et Forêts, 1884, in-12, 144 pp.

Questions alpestres. Extrait de la Revue des Eaux et Forêts. Juillet 1883 à juin 1884
Paris, Bureaux de la Revue des Eaux et Forêts, 1884, in-8°, [4]-68 pp.

De l'utilisation du lait dans les vacheries de montagne
Paris, Impr. de la Société de typographie, 1890, in-8°, 45 pp.
Publication de la Société des Agriculteurs de France

Les Alpes françaises. Études sur l'économie alpestre et l'application de la loi du 4 avril 1882 à la restauration et à l'amélioration des pâturages.
Paris et Nancy, Berger-Levrault et Cie, Libraires-Editeurs, 1896, in-8°, XXVII-(3)-597 pp., 179 figures dans le texte, 6 héliogravures hors-texte, 2 cartes dépliantes en couleurs hors-texte dont une in fine.

Les Alpes françaises. Nouvelles études sur l'économie alpestre. Diverses questions générales et monographies.
Paris, Berger-Levrault & Cie, Editeurs; Lucien Laveur, Editeur, 1907, in-8° (246r x 164 mm), IX-(3)-324 pp., 102 photogravures en noir et blanc dans le texte, 5 cartes dépliantes en couleurs hors-texte.

Autres ouvrages divers :

Déposition faite devant la Commission des améliorations agricoles et forestières, le 30 janvier 1897
Paris, Impr. Nationale, 1897, gr. in-8° , 11 p.

Ministère de l'Agriculture. Direction générale des eaux et forêts. Réorganisation du service (exécution de la circulaire n° 781). Considérations préliminaires. Étude relative aux services spéciaux, commissions techniques, gardes-pêche, gardes-cantonniers, auxiliaires, etc., organisation générale à adopter comme conséquence des mesures proposées dans cette étude. Rapport de M. Briot.
Paris, Impr. Nationale, 1912, in-4°, 91 p.

Discours de réception à l'Académie de Savoie, séance du 7 juin 1916
Chambéry, Imprimerie générale savoisienne, 1916, in-8°, 30 pp.

La gare de Modane et le Charmaix. Le boisement, l'industrie pastorale et le torrent.
Paris, Maretheux, [1917], in-8°, 8 pp.

Ouvrages de cet auteur sur ce site

Étude sur l'économie pastorale des Hautes-Alpes, 1881
Étude sur l'économie pastorale des Hautes-Alpes, 1884
Les Alpes françaises. Études sur l'économie alpestre, 1896
Les Alpes françaises. Nouvelles études sur l'économie alpestre, 1907

Sources  (Voir : Liste des sources et références)

Article de Bernard Kalaora, Des rapports entre praticiens et spécialistes dans le courant Le Playsien, dans les Actes de la table ronde organisée par le CRESAL (Centre de Recherches et d’Etudes Sociologiques Appliquées de la Loire) à Saint-Étienne les 14 et 15 mars 1985, pp. 213-234 :  cliquez-ici).

CCFr et BNF pour la bibliographie.

Généalogie de Félix Briot : cliquez-ici.