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Madame Camille Lebrun [Pauline Guyot]
Le
Dauphiné.
Histoire. – Descriptions
pittoresques. –
Antiquités. – Scènes de
mœurs. –
Personnages célèbres. –
Curiosités
naturelles. – Châteaux et Ruines. –
Anecdotes.
– Monuments et Édifices publics. –
Coutumes locales.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Paris,
Amyot, 1848 In-8° (210r x 128r mm), [4]-388 pp. |
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Notes sur l'exemplaire
Demi veau glacé violet, dos à nerfs orné de filets dorés, fleurons, filets dorés sur les nerfs, tranches mouchetées.
Notes sur l'ouvrage
Récit d'une excursion dans le Dauphiné, depuis Lyon. L'itinéraire suivi débute par Vienne, passe par Rives, le lac de Paladru, Saint-Marcellin, le Royannais, Lans (Villard-de-Lans), Sassenage, Grenoble, Uriage, la Grande Chartreuse, Vizille, Bourg d'Oisans, La Grave, Briançon, le Queyras et finit par Embrun, Gap, Tallard et la Drôme et Valence. Il s'agit surtout d'un voyage pittoresque, mélange de notations sur les paysages, les monuments, les mœurs locales, avec une attention particulière pour les modes de vie des différentes classes sociales. Le tout est complété de notations historiques, avec, pour certaines personnalités ou périodes, des développements plus longs, comme l'histoire du Dauphiné, Lesdiguières, le baron des Adrets, Bayard, Philis de la Charce, le prince Djeam (aussi connu sous le nom de Zizime), les hommes politiques illustres comme Barnave, Mounier, Casimir-Périer, etc. Pour une raison qu'elle ne donne pas, elle consacre pas moins de 2 chapitres (sur 20) au seul Lesdiguières.
Le récit est donné à la première personne, comme s'il s'agissait d'un journal de voyage, avec de nombreuses anecdotes pour donner un caractère vivant et animé au récit : l'orage en allant à Lans, la semaine de pluie à Briançon, le colonel qui les amène au lac de Paladru sans les prévenir, etc. Pour renforcer le côté vivant et pris sur le vif, elle choisit souvent la forme dialoguée.
Camille Lebrun a-t-elle
réellement parcouru
le Dauphiné ? Certaines notations – je pense aux
glaciers
du Casset – laissent penser qu'elle a réellement
vu le
pays. En revanche, le récit en a probablement
été
arrangé. En effet, dans les pages
pré-publiées
(voir ci-dessous), elle dit qu'ils ne sont pas allés
à
Briançon, mais qu'ils ont rejoints directement Gap depuis La
Grave (p. 334), alors que, dans l'ouvrage, elle explique qu'ils ont
été bloqués à
Briançon pendant une
semaine (p. 312). Rien dans le récit ne permet d'expliquer
son
intérêt particulier pour le Dauphiné,
auquel aucun
lien ne semble la rattacher.
Pré-publication
Une partie du
récit, beaucoup plus condensé, a d'abord
paru dans le Musée
des familles. Lectures du soir,
en juillet et août 1846. L'esprit
général est
exactement le même; on y retrouve les
mêmes notations,
les mêmes anecdotes, etc. Le parcours suivi est sensiblement
le
même, bien que, par exemple, dans la
pré-publication, elle
dise qu'ils ne sont pas allés à
Briançon, mais
qu'ils ont rejoint directement Gap depuis La Grave (p. 334), alors
que, dans l'ouvrage, elle explique qu'ils ont été
bloqués à Briançon pendant une semaine
(p. 312).
Détail de la publication
dans le Musée
des familles :
Musée
des familles. Lectures du soir. Deuxième
série. Tome douzième. 1844-1845.(Nota : l'année court du 1er octobre au 30
septembre)
Dans le n° 46, septembre 1845, en note du premier Voyage en France
qui concerne Le pays de
la Loire (p. 361), la rédaction annonce :
« A partir de ce jour nous publierons, sous ce titre
général, un voyage complet dans les anciennes
provinces
de France, au point de vue historique, moral et pittoresque. Ce voyage,
rédigé tour à tour par les
collaborateurs les plus
distingués du Musée
des Familles, et illustré avec
un soin particulier, pourra servir de vade-mecum
à nos lecteurs
dans toutes leurs excursions en France, et prouvera que noire pays
offre à l'artiste et au voyageur qui savent
l'étudier des
merveilles et des curiosités plus intéressantes
que
toutes celles qu'on va chercher à si grands frais sous
d'autres
cieux. »
Musée des familles. Lectures du soir. Deuxième série. Tome troisième (sic). 1845-1846.
N° 38 et 39, Juillet
1846, pp. 297-307. (Nota : c'est par
erreur que le n° 38 est daté de 1845. Il s'agit bien
de 1846), avec 3
gravures dans le texte :
Voyage en France. Le
Dauphiné.
Notre-Dame-de-la-Balme.
–
Quelques mots sur les anciens Dauphins. – Monuments de
Vienne.
– Rives. – Caractère dauphinois.
– Le lac
Palladru. – Saint-Marcellin et ses environs. –
Histoire
tragique. – La fonderie de Saint-Gervais. – Une
vogue.
– Habitants des Travers. – Une noce.
Se termine par « la fin
prochainement ». Signé en fin :
Mme Camille Lebrun.
N° 41, Août 1846, pp. 325-335,
avec 3 gravures dans le texte :
Voyage en France. Le
Dauphiné.
II Un
orage. – Le Lans. – Sassenage. –
L'autocrate du
Dauphiné. – La tour Saint-Vérain.
– Grenoble.
– Vizille. – La Grande-Chartreuse. –
Château-Bayard. – La vallée d'Allevard.
– Le
pays d'Oisans. – Gap. – Les ruines de Tallard.
– Le
mont Aiguille. – L'héroïne de Nyons.
– Grignan.
– Valence. – Pont-en-Royans. – Le prince
Dgem.
– Saint-Vallier.
Signé en fin : Mme Camille Lebrun.
La BMG possède un
exemplaire de cette pré-publication :
Voyage en France : Le Dauphiné. Nos
de Juillet 1845 (sic)
et août 1846 du Musée
des Familles.
[S. l. n. d. ?], fig., 4° à 2 col.
BMG : V.4919
Datation de l'édition originale
Selon les sources, l'ouvrage est
daté de 1847 ou 1848.
Malgré cette différence de date, je penche pour
une
édition unique, avec nouveau titre selon les
années.
Dans le Catalogue
général de la librairie
française.... [1], [Tome I-XI]. 1840-1865, D-H,
par Otto Lorenz
(entrée à Guyot), la date est 1847.
L'exemplaire de Valence est daté de 1847.
A la BNF, selon les notices, pour le même exemplaire, les
dates sont 1847 ou 1848.
Les autres exemplaires cnnus sont tous de 1848.
Les Alpes dauphinoises dans l'ouvrage
Son séjour dans les Alpes
dauphinoises (Oisans et Hautes-Alpes) démarre
au cours du chapitre XV, p. 291. Mais sa rencontre avec la montagne ne
commence qu'un peu plus tard :
« La seconde journée que nous
passâmes dans l’Oisans fut consacrée
à une excursion dans la zone des
neiges. » (p. 298), autrement dit une excursion de
la vallée de la
Romanche, à Malaval.
« Nous arrivâmes à demi transis
sur un
plateau que dominaient des pics entièrement
revêtus de
neige. », lieu
qu'elle ne situe pas plus précisément, mais que
l'on peut
situer autour de Bourg d'Oisans. Ils demandent l'hospitalité
à une femme seule et ses enfants. Cette
rencontre lui donne
l'occasion d'évoquer plusieurs usages locaux : la
vie
quotidienne dans
l'étable, la bouse séchée comme
combustible, le
pain cuit une fois par
an que l'on casse à la hache, le mort sous le toit, les
colporteurs et,
plus précisément, les instituteurs ambulants,
etc. (pp.
300-305). Ces
usages lui paraissaient suffisamment étranges pour qu'elle
les
qualifie :
« Coutumes bizarres des habitans de cette
contrée
agreste ». Au
passage, comme cela arrive plusieurs fois, elle s'étonne
qu'une
petite
fille parle le français, et pas seulement le patois (p.
300).
Le chapitre XVI (pp. 307-336) est
entièrement consacré
à son séjour dans les Hautes-Alpes (La Grave,
Briançon et Queyras).
Elle débute ainsi (pp.
307-311) :
« Nous
avions projeté de nous rendre à
Briançon par la diligence de Grenoble;
mais quand elle passa au Bourg-d’Oisans, il ne s’y
trouvait qu’une
place vacante, de sorte que nous nous décidâmes
à garder nos mules pour
aller à La Grave. Ce bourg, situé sur la limite
du département des
Hautes-Alpes, dont il dépend, est assis sur un mont peu
élevé, au bas
duquel serpente la route qui, du Bourg-d’Oisans
jusqu’au Monestier,
suit une gorge souvent étroite, quelquefois
ténébreuse, et traversée en
plusieurs endroits par des torrens. Des mamelons verdoyans, des pics
noirâtres, des glaciers éblouissans dominent La
Grave et s’étagent
jusqu’en mont Pelvoux, formant ainsi un escalier titanesque
dont le
dernier degré se perd dans les nues.
Avant d’arriver à La Grave, on
passe auprès de la cascade de Fraux. Tout près du
petit village de même
nom, il y a une mine de plomb analogue a celle d’Oz que
j’ai
précédemment mentionnée.
Nous ne nous arrêtâmes pas à La Grave,
et
nous continuâmes de cheminer sur nos mules jusqu’en
Monestier, où nous
couchâmes. A une demi-lieue du Monestier, est un petit hameau
nommé
Casset où nous allâmes nous promener a pied le
lendemain. Vis-à-vis ce
hameau, se dresse un glacier dont la rampe excessivement raide nous
découragea d’en tenter l’ascension. Le
glacier du Casset, haut, dit-on,
de 1,600 pieds, est un des contre-forts du Pelvoux qui,
lui-même, se
rattache au Lautaret ; ce dernier glacier est plus
élevé du double que
celui du Casset [note : Au sein de la montagne du Lautaret,
est un
hospice dans lequel les voyageurs égarés trouvent
un asile; de hauts
jalons, placés de distance en distance , dans diverses
directions, pour
indiquer le chemin de l’hospice, et une grosse cloche qui
sonne nuit et
jour quand il neige , aident les malheureux, prêts a
périr de fatigue,
de faim ou de froid , à gagner ce lieu de refuge.]
Nous déjeunâmes
dans une guinguette d’où nous avions en vue
l’imposant tableau de cette
agglomération de montagnes qui, comme tout ce qui est
superbe ou
terrible, attire et fascine pour ainsi dire le regard de
l’homme. La
glace amoncelée depuis un temps immémorial et
parvenue à un état de
solidification qui lui donne une dureté bien
supérieure à celle de
beaucoup d’espèces de pierre, n’a pas la
transparence qui résulte de la
congélation éphémère et
fréquemment renouvelée des cascades ni des
fontaines; sa blancheur mate lui donnerait plutôt de loin
l’apparence
de marbre poli. Les glaciers des Hautes-Alpes se trouvent presque tous
sur la lisière du département de
l’Isère. Parfois il s’en
détache des
blocs volumineux qui roulent de monts en monts, jusque dans les
vallées
inférieures. Néanmoins, ces incommensurables lits
de glace , au milieu
desquels se dessinent d’énormes masses simulant
des tours, des
obélisques, des buffets d’orgue, des forteresses
en ruines, augmentent
toujours au lieu de diminuer. »
Les notations sur les glaciers des Alpes dauphinoises sont suffisamment rares pour que ce passage mérite d'être souligné. Il prend d'autant plus d'intérêt que l'on est à la fin du petite âge glaciaire, moment de la plus grande extension des glaciers dans la région.
Après un séjour à Briançon, qui se prolonge à cause de la pluie (pp. 311-312), ils rejoignent Château-Queyras, qu'elle appelle simplement Queyras. Les pages sure Briançon contiennent les informations habituelles sur la ville (histoire, fortifications, etc.), avec nénamoins cette notation surprenante : « Les monts Pelvoux et Genèvre apparaissent dans toute leur majesté derrière cet entassement de rochers, de tours et d’édifices dont les seuls remarquables sont la caserne et l’église. » (p. 311). Elle évoque longuement le phénomène des colporteurs et de leur retour au pays (pp. 314-315).
Lors de leur séjour
à
Château-Queyras, ils font des excursions au-dessus du village (pp.
316-336), agrémentées de nombreuses
péripéties : une rencontre avec un
chasseur
(Jérôme), un ouragan, un
éboulement, etc. Il est question d'isards (sic)
et de chamois, d'ours,
etc., mais rien qui nous renseigne sur le pays et encore moins sur le
reste du Queyras. L'intérêt
géographique et
folklorique cède le pas au pittoresque et
à
l’anecdotique.
Le chapitre XVII (pp 337-348) poursuit
le parcours dans les Hautes-Alpes, en passant par :
- Mont-Dauphin (pp. 337-338).
- Embrun
(pp. 338-341), avec cette remarque : « Il
n’y a plus rien à voir à
Embrun, quand on a visité sa cathédrale et
qu’on s’est promené sur
l’esplanade qui sert de promenade aux habitans de la ville,
et d’où les
regards peuvent suivre au loin l’imposante ligne que forme la
chaîne
prolongée des Alpes dauphinoises. »
- Chorges : « l’ancien chef-lieu
des Caturiges. Cette cité
déchue » (p. 341)
- Gap
(pp. 341-343) : « A Gap, les rues sont
aussi mal percées que les
maisons mal construites. Toutefois, les Gapençais ne parlent
qu’avec un
sentiment d’orgueil de leur ville, dans laquelle
Napoléon s’est reposé
une nuit en revenant de l’île d’Elbe, et
dont la cathédrale renferme le
mausolée de Lesdiguières, un des
chefs-d’œuvre de Jacob Richer. La
statue qui représente le connétable
armé de pied en cap et couché sur
un sarcophage en marbre noir, est en albatre, ainsi que les bas-reliefs
du monument qui réunit dans son ensemble, comme dans ses
détails, une
grande vérité d’exécution et
un fini parfait. » (p. 343). C'est encore la preuve
de son
intérêt –
inexpliqué ? - pour Lesdiguières.
- Tallard (pp. 344-345).
Elle
poursuit ensuite le récit par leur voyage dans la
Drôme, en passant par Die (allusion au Mont-Aiguille, p.
346) et Nyons
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice Wikipédia : Camille Lebrun.
Perrin : 543, avec ce commentaire :
« Ouvrage devenu rare »
6 exemplaires au CCFr :
BM Valence
PARIS-Assemblée nationale - Bibliothèque
LYON – BM (2 ex.)
BNF (8-LK2-630)
Grenoble BMG (O.4376)
(hors CCFR : un exemplaire à Vienne)