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Émile Viallet
Émile Viallet est né à Grenoble le 8 novembre 1840, au 11 Grande Rue, fils d'Antoine Viallet, négociant, et Julie Etienne. Il appartient à l'importante famille Viallet de Grenoble, originaire de Notre-Dame-de-Vaulx (Isère), dont sont issus Félix Viallet, maire de Grenoble, et les cimentiers et industriels de ce nom.
A la fin du siècle, célibataire, il vit avec sa mère et sa sœur Louise à la "Villa des Oiseaux" à Saint-Martin-le-Vinoux, près de Grenoble. Il est employé de la société de ciments Delune et Cie, "Société générale et unique des ciments de la Porte-de-France", créée en 1870 par fusion des maisons Dumolard et Viallet, Carrière et Cie, Dupuy de Bordes et Cie.
Il est mort en 1933. Il a fait l'objet d'une courte notice dans la Petite revue des bibliophiles dauphinois, décembre 1933 (p. 236), par M. Masimbert : « Fervent ami de la montagne, il avait parcouru nos Alpes en tous sens et abordé la grande montagne, soit en France, la Meije, soit en Suisse, le Cervin, la Jungfrau, le Mont-Rose. Il a consacré dans Le Dauphiné de très nombreuses pages à la montagne, mais toujours publiées sous des pseudonymes. Il avait également collectionné des livres. M. Émile Viallet est mort âgé de 92 ans. »
Membre de la Société des Touristes du Dauphiné, (son adhésion est signalée dans l'Annuaire de 1883), il ne semble, en revanche, n'avoir jamais appartenu au Club Alpin Français. Il a donné le récit de nombre de ses acensions et explorations des Alpes dauphinoises dans Le Dauphiné, dont il a été fait des tirés à part (voir ci-dessous). Bien qu'ayant gravi les principaux sommets du massif des Ecrins (la Barre des Ecrins, la Meije, l'Olan, etc.), il n'est cependant l'auteur d'aucunes grandes premières. Son titre de gloire est d'avoir rencontré, par les hasards d'un voyage en diligence, le premier ascensionniste du Grand Pic de Belledonne, Etienne Favier, avec qui il a ensuite réalisé la deuxième ascension le 17 août 1873. Il en donnera le récit dans Le Dauphiné.
Bibliographie
Il a utilisé les pseudonymes de A. Mège, puis de E. Desroches.
Ascension
de la
dent de Crolles par le col des Ayes, retour par la Grande Chartreuse,
La Pyramide de la Buf, Le Plateau de Sornin, La Dent-du-Loup et la
Pyramide de la Buf, Ascension de Chamechaude, Tour de l'aiguille de
Quaix
Grenoble, Xavier Drevet, 1874, in-8°, 30 p. (c'est le seul
ouvrage paru sous le nom d'Émile Viallet)
A. Mège : Ascension du Grand Pic
de Belledonne. A la suite : Charmant-Som et la
forêt de Ginieux (ouvrage formant le
tome III de Promenades
en Dauphiné).
Grenoble, Xavier Drevet, 1874, in-°8, 24-7 pp
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné, extrait du
journal le
Dauphiné.
A. Mège : Ascension du Grand Pic
de Belledonne.
Grenoble, Xavier Drevet, 1875, in-°8, titre, 24 pp.
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné, extrait du
journal le
Dauphiné.
Prieuré
de Saint-Michel-de-Connexe et chapelle de
Ste-Madeleine.
Description pittoresque par A. Mège, historique par Em.
Pilot de
Thorey, Pont de Champ
et chapelle de Ste Madeleine par J.-J. Pilot de
Thorey ; dessins de L. Vagnat
Grenoble, X. Drevet, 1876, 48 p.-[2] f. de dépl.
Collection : Bibliothèque
historique du Dauphiné
Réimpression : Grenoble, Éditions des
Quatre Seigneurs, 1977
A. Mège : Ascension du Grand-Som par le
Frou, Saint-Pierre-d'Entremont et le col
de Bovinant, retour par la Grande-Chartreuse
Grenoble, X. Drevet, 1878, 14 p.
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné, extrait du
journal le
Dauphiné.
Desbois
& Desroches [Xavier Drevet et
Émile Viallet] : De Grenoble à
Briançon par Gap, Ville-Vallouise
& la pointe de Prorel
Grenoble, Xavier Drevet, Editeur, 1881, in-8°,
29 pp.
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné, extrait du
journal le
Dauphiné.
E. Desroches : Ascension de la Grande Sure
(massif de la Chartreuse) par Voreppe,
Pommiers et le Pas de la Miséricorde, avec indications de
divers
itinéraires
Grenoble, X. Drevet, [1882], 6 p.
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné, extrait du
journal le
Dauphiné.
E. Desroches : Ascension du Pic de Taillefer
(massif de l'Oisans) par
Séchilienne et La Morte, par Laffrey et Le Sappey, par La
Paute
et Ornon et par La Paute et Oulles-en-Oisans, avec indication des
divers itinéraires
Grenoble, X. Drevet, [1884], 19 p.
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné, extrait du
journal le
Dauphiné.
Desbois & Desroches [Xavier
Drevet et Émile Viallet] : Excursions dans le Royans, le
Vercors et le Diois
Grenoble, Xavier Drevet, [1889], 71 pp.
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné.
Desroches : La barre des Ecrins et le Grand
Pic de la Meije
Grenoble, X. Drevet, [1891], 34 p., 2 planches hors texte, couverture
illustrée
Collection : Bibliothèque
du Touriste en Dauphiné,
publication du
journal le
Dauphiné.
E. Desroches : Les Ascensions au Mont-Blanc
racontées par un de ses
grimpeurs
Grenoble, X. Drevet, (s. d.), n-16, 112 p.
Collection : Bibliothèque
du Touriste dans les Alpes, publication du
journal le
Dauphiné.
Recensement
Saint-Martin-le-Vinoux 1901 |
Ciments
Delune et Cie |
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Émile Viallet poète
Un aspect moins connu de sa personnalité est son goût pour la poésie. Il ne semble pas avoir été reconnu en tant que tel à Grenoble, car son nom n'apparaît pas dans La flore littéraire du Dauphiné, par Léon Côte et Paul Berthet, qui accueille pourtant beaucoup de poètes mineurs.
Il a fait publier ses textes
dans une revue à insertion payante : Littérature
contemporaine, publiée par Évariste
Carrance, d'abord à Bordeaux puis à Agen (45
volumes entre 1868 et 1891). Parmi les 36
volumes numérisés accessibles sur
Gallica, ses travaux apparaissent dans 21 volumes entre 1879 (21e
volume) et 1890 (44e volume). Ce sont
majoritairement des poèmes, dont certains à la
gloire de la montagne : Vers
écrits sur la Croix du Pic de Belledonne (21e
vol., 1879), L'office
de
nuit au couvent de la Grande-Chartreuse (Ascension du Grand-Som)
(24e vol., 1880), Au sommet des Écrins
(43e vol., 1890). On y trouve aussi des
récits en prose dont certains, comme celui sur Belledonne,
que l'on ne s'attendrait pas à trouver ici. En effet, ils
auraient tout aussi bien pu paraître dans le bulletin de la
S.T.D. ou
dans le
Dauphiné, à moins qu'il ait voulu
leur donner une audience plus grande. Ces textes sont :
- Une ascension nouvelle
dans les Alpes dauphinoises. Le Grand Pic de Belledonne.
(28e vol., 1882, pp. 122-138) C'est le
récit de la 2e ascension du Grand Pic
de Belledonne, après la rencontre fortuite
d'Émile Viallet
avec Favier, qui avait fait la première ascension.
- Une 1ere excursion dans les Alpes.
Souvenirs d'adolescence. Récit familier. (31e
vol., 1884, pp. 120-129). Récit d'une ascension
à Chamrousse.
- Excursions en
Dauphiné. Ascension de l'Obiou. (37e
vol., 1887, pp. 44-53)
- Ascension de
l'Aiguille de Goléon (40e
vol., 1888, pp. 31-39)
J'ai sélectionné ces poèmes plus personnels qui permettent de tracer un portrait d'Émile Viallet, selon des aspects de sa personnalité qui ne transparaissent pas dans ses récits de montagne, souvent beaucoup plus sobres et empreints d'une certaine distance vis-à-vis de ses sentiments intimes.
LA PUDEUR.
Enfant, tu ne sais pas le prix de
l'innocence :
Garde bien ce trésor, afin qu'adolescent,
Ton cœur fait pour le Ciel— chaste dans sa
croissance
S'épanouisse pur comme le jour naissant.
La volupté voudra soumettre
à sa puissance
Ton âme — et puis ton corps
révolté, frémissant...
Méprise les attraits de l'infâme licence
Qui mène au bord d'un gouffre au rapide versant.
Ecoute : pour gagner cet affreux
précipice
Où le corps tout brisé de chute en chute glisse,
Il faut fouler aux pieds la plus charmante fleur.
Qu'elle t'arrête, enfant, sur
le chemin du crime,
Oh ! oui, respecte-la : c'est la sainte Pudeur...
On ne remonte pas les pentes d'un abîme !
(27e vol., 1882, pp. 245-246)
PENSÉE
Bien souvent le
péché que suit la pénitence
Pour l'âme repentante est comme la substance
Qui ternit, non dissoute, un moment les métaux
Mais après les polit et les montre plus beaux.
Quand pareille substance avec l'eau se
détache
Elle ôte sûrement la plus
légère tâche
Dont n'avait point raison un moyen délicat...
Et le fer comme l'or luit d'un plus vil éclat.
Si la tentation nous harcelant sans
trêve,
Nous tombons, qu'aussitôt notre âme se
relève.
L'âme qui se repent peut gagner en beauté.
Dieu sait tirer le bien du mal dans sa bonté.
(28e vol., 1882, p. 408)
LES HEURES VIRILES
Ce sont celles où l'homme
ayant horreur du vice,
Qui nous dégrade, foule aux pieds la volupté
Et voulant que le mal jamais ne l'asservisse,
Voue énergiquement au bien sa liberté;
Celles où le
chrétien faisant le sacrifice,
A Dieu de tout son être et de sa volonté,
Fidèle à la raison, fidèle
à la justice
Ne vit plus dans le temps que pour l'éternité.
Hommes, si notre vie est un combat sans
trêve,
Qui voudrait remplacer l'action par le rêve
Pour employer ce temps que Dieu nous a donné ?
Soldats du Christ, luttons, luttons
sans cesse : l'heure
Des résolutions viriles a sonné
Et le soldat combat jusqu'à ce qu'il en meure.
(42e vol., 1889, pp. 209-210)
Émile Viallet bibliophile
Dans sa notice (voir ci-dessus), M. Masimbert signale : « Il avait également collectionné des livres. » Il n'y a aucune information sur sa collection, ni sur ce qu'elle est devenue. L'ouvrage suivant provient de sa bibliothèque comme l'atteste l'envoi de l'auteur, le Prince Alexandre Bibesco :
A Emile Viallet, Lamartinolâtre Le Whymper Dauphinois. Témoignage de sympathie alpestre d'un nain pour un géant. Alexandre Bibesco. Uriage juillet 1888 |
Il s'agit d'un recueil de récits d'excursions en Dauphiné, entre 1875 et 1887 : Delphiniana, par le prince Alexandre Bibesco.
Ouvrages de cet auteur sur ce site
De
Grenoble à
Briançon par Gap, Ville-Vallouise & la pointe de
Prorel
La
Barre des Ecrins et le Grand Pic de la Meije
Sources (Voir : Liste des sources et références)
Etat civil de Grenoble
Recensements Saint-Martin-le-Vinoux 1896, 1901 et 1906
Geneanet : gw.geneanet.org/frane307?lang=fr&p=Émile&n=viallet&oc=1
Bibliographie : BNF, BMG, CCFr, Perrin.
Raymond Joffre : Belledonne, l'histoire d'une
conquête, en particulier note p. 74
Gallica
Sur Littérature contemporaine et Evariste Carrance, voir : Isidore Ducasse, par Jean-Jacques Lefrère : Chapitre XVI, Une mention très honorable. (pp. 373-405). En effet, Lautréamont a fait paraître le premier chant des Chants de Madoror dans cette revue. On y apprend que le coût d'insertion est de 10 centimes par ligne, plus 6 francs pour le prix d'un exemplaire (p. 380).