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Eug. Ebel et G. Muleur

La première caravane d'Arcueil.
Récit du voyage de la Caravane scolaire de l'Ecole Albert-le-Grand pendant les vacances de l'année 1878.
Illustré par MM. Scott, Ferdinandus, Baude, Dalang, Tenaille d'après les croquis de M. Léon Sichler.

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

Paris et Lyon, Librairie Victor Lecoffre, 1879
In-8° (217r x 133r mm), X-217 pp. (la pagination en chiffres arabes continue la pagination en chiffres romains)
Très nombreuses gravures dans le texte, dont certaines en pleine page ou en vignette
Un frontispice gravé hors texte, 6 planches gravées hors texte.
La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur : titre La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur : frontispice La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur : reliure
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Notes sur l'exemplaire

Demi chagrin marron, dos à 5 nerfs ornés de caissons et fleurons dorés, filets sur les nerfs.

Notes sur l'ouvrage

Récit d'une des premières caravanes scolaires organisées sous l'égide du Club Alpin Français pour faire découvrir la montagne aux élèves de France, dans un but pédagogique et patriotique.

Cette caravane a conduit 11 élèves, encadrés par 2 pères dominicains de l'école Albert-le-Grand d'Arcueil, dans la banlieue parisienne. Partis le 9 août 1878 d'Arceuil, ils y reviennent le 9 septembre après un périple qui les a conduits :
- Coublevie et Voiron
- Abbaye de Chalais
- La Grande-Chartreuse
- Grenoble
- Uriage, avec une ascension de la Croix de Belledonne
- Aix-les-Bains et Saint-Gervais
- Chamonix
- Lac Majeur, Milan, Pavie, Bologne, Florence, Pise, Livourne et Marseille

Comme on le voit, la majeure partie du voyage s'apparente plus à un voyage touristique qu'à une expédition d'alpinisme à proprement dite. Seule l'ascension de la Croix de Belledonne peut véritablement être considérée comme une randonnée alpestre. Toute la partie du trajet en Italie est même plutôt un voyage culturel.

L'introduction donne une idée claire du programme pédagogique de ces voyages :
" Il y a longtemps qu'en Angleterre, en Allemagne et en Suisse, on considère les voyages comme le complément nécessaire de toute éducation sérieuse, et, chaque année, à l'époque des vacances, il n'est pas rare de rencontrer de petites caravanes de jeunes étudiants, le sac au dos, le bâton ferré à la main, en train de parcourir, seuls ou sous la conduite de leurs maîtres, la Savoie, le Dauphiné, la Suisse, la Lombardie, les bords du Rhin, le Tyrol, les Pyrénées, tous les pays en un mot qui méritent d'être vus.
Rien n'est meilleur pour le jeune homme que de voyager ainsi ; il fuit les amusements frivoles et énervants des grandes villes ; il fortifie son corps, enrichit son intelligence, élève son âme au milieu des émotions fortes et salutaires que fait naître la vue des montagnes. Ses membres s'assouplissent par l'habitude journalière des longues marches, des ascensions pénibles, souvent difficiles, toujours  intéressantes; son adresse et son audace se développent; son courage s'exalte en raison des difficultés vaincues;  son imagination est sans cesse tenue en éveil; sa mémoire se peuple de souvenirs tantôt charmants, tantôt grandioses ; l'esprit d'initiative se forme en lui ; sa volonté grandit tous les jours par la nécessité où il se trouve d'arriver à un but déterminé ; son âme enfin s'élève naturellement vers Dieu, qui lui manifeste sa puissance et sa bonté par le spectacle de ses magnificences.
En un mot, l'éducation du jeune homme se complète et- se couronne par des côtés que la vie de collège ne saurait atteindre.
Aussi, supposez que des maîtres chrétiens aient eux-mêmes préparé ces voyages, qu'ils s'en fassent les guides dévoués pour aider l'inexpérience de leurs disciples, pour suppléer aux connaissances qui leur manquent, pour leur faire entrevoir la grande place que la Providence réserve à l'intelligence et à l'âme de l'homme dans les splendeurs de sa création, alors ces voyages laissent dans l'esprit et dans le cœur des jeunes gens des souvenirs impensables."

Pour l'organisation, ils s'appuient sur l'expérience du Club Alpin français, qui met à leur disposition ses services pour trouver les hébergements et obtenir des réductions sur les lignes de chemin de fer.

Le récit en lui-même ne présente pas un intérêt particulier. Il est l'œuvre de deux des élèves du collège, qui prennent la plume au nom de leurs camarades. C'est une forme de journal de voyage, assez conventionnel, écrit dans un style léger et alerte, souvent humoristique. Il a surtout pour but de faire naître des vocations chez d'autres jeunes. Comme le disent les auteurs dans la Dédicace : "Si ces pages ont la bonne fortune de faire naître dans le cœur de quelques-uns de nos condisciples le désir de tenter une pareille entreprise, nous serons contents."

Le contenu de l'ouvrage est le suivant :
- Faux titre et titre (pp. I-IV)
- Planche gravée en frontispice hors texte, représentant Belledonne (voir ci-dessus).
- Dédicace (pp. V-VI).
- Introduction (pp. VII-X)
Récit de la caravane en 10 chapitres (pp. 11-196).
- Comptes du voyage de la caravane (p. 197)
- Les enfants d'Arcueil. Hymne. (pp. 198-199)
- Club Alpin Français. Caravanes scolaires. Règlements – Conseils. Janvier 1878. (pp. 201-204). Signé d'E. Talbert, le vice-président chargé de l'organisation des caravanes scolaires au Club Alpin Français.
- Les caravanes scolaires du troisième trimestre de l'année 1878. (pp. 205-210). Rapide compte-rendu des 4 caravanes scolaires organisées lors du troisième trimestre 1878, dont celle d'Arcueil. Signé d'E. Talbert, le vice-président du Club Alpin Français chargé de l'organisation générale des caravanes scolaires.
- Projet de voyage de la seconde caravane d'Arcueil. Août et septembre 1879. (p. 211)
- Table des gravures. (pp. 213-214)
- Table des matières. (pp.215-217)

L'ouvrage est très largement illustré de gravures d'après des dessins de Léon Schiler, un des membres de la caravane. La majorité des gravures sont des petits dessins dans le texte, souvent sur le mode humoristique à la Töpffer ou, pour utiliser une référence dauphinoise, dans le style d'Emile Guigues. Quelques unes de ces gravures sont en pleine page, certaines dans le texte et d'autres hors texte. La table des gravures (pp. 213-214) donne 6 planches hors texte. En réalité, un de ces planches (Grande Chartreuse et le Grand-Som) est incluse dans la pagination, comme d'autres gravures en pleine page (ex. pp. 17, 21, 89, 95, etc.), même si une des faces des ces gravures est blanche comme les planches gravées hors texte. En revanche la gravure représentant Le Dôme (Milan) (face à la p. 175) n'est référencée ni dans les gravures dans le texte, ni dans les planches hors texte. De même, la planche frontispice n'apparaît pas des ces tables.

Ci-dessous, deux gravures hors texte concernant le Dauphiné :

Halte sur le Pic de Belledonne
La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur
Grenoble
La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur
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La gravure prise du pic de Belledonne est un dessin d'après une photographie du capitaine Allotte de la Fuye, un alpiniste qui a fait de Belledonne son terrain d'exploration. Le hasard a fait qu'ils se sont rencontrés lors de cette ascension. Au deuxième plan, le panorama représente le massif des Ecrins, avec la Meije à l'extrême gauche, jusqu'à la Muzelle à droite. A ce titre, cette illustration est référencée par Paul Guillemin dans son ouvrage La Meije dans l'image, sous le numéro 43. Pour poursuivre sur Belledonne, une vignette de la page 111 représente les 3 sommets  :

Les trois pics de Belledonne
La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur
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Enfin, Belledonne se retrouve représentée sur la gravure en frontispice (voir ci-dessus).

Pour illustrer le style d'une partie des dessins, cette petite vignette donne le ton :

La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur
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Les auteurs

En début d'ouvrage, 3 planches présentent les 11 élèves et les 2 pères accompagnateurs (les pères Barral et Lachau) qui composent la caravane. Sur cette planche (p. 21), sont représentés les deux auteurs du texte, Georges Muleur et Eugène Ebel.


La première caravane d'Arcueil, Eugène Ebel et Georges Muleur
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Eugène Ebel

Eugène Ebel est né au Havre le 11 mars 1860, fils de Adam Ebel (1821-1867), négociant, et de Marie Eugénie Yver de la Bruchollerie (1832-1912). Professeur, il est décédé à Rouen le 5 août 1942.

Il est aussi l'auteur, avec le père Barral qui accompagnait cette première caravane, de : Les Caravanes scolaires. La neuvième caravane d'Arcueil, août 1886, Paris, V. Lecoffre, 1887, in-8° , 23 p., extrait de la Revue française, juin 1887.

Il est surtout connu pour l'énergie qu'il dépensa en faveur d'une mystique lorraine, Catherine Filljung. Il lui consacra un livre :
Sœur Catherine. Notes biographiques sur la mystique lorraine Catherine Filljung, religieuse dominicaine, fondatrice de l'Orphelinat de Biding, 1848-1915, Paris, Impr. J. Téqui, 1929, in-8°, 456 p., portraits, fac-similé.
A ce propos, voir une conférence où son rôle est mis en valeur, en particulier à propos des polémiques sur les « phénomènes d'apparences extatiques », qui ne semblent pas avoir été reconnus par l'Eglise :  cliquez-ici.

Georges Muleur

Georges Muleur est né à Paris le 12 février 1858 dans une famille d'industriels originaire de Sens. Docteur en médecine, il exerça d'abord à Paris, puis à Grasse. Il vivait encore en 1929.

Pour finir, l'école dominicaine Albert-le-Grand d'Arcueil a eu une longue tradition pédagogique où les études intellectuelles devaient s'allier à la pratique de l'exercice physique. Cela explique qu'elle ait été une des premières à organiser une caravane scolaire telle que préconisée par le Club Alpin Français. Cette tradition s'est concrétisée en particulier par le père Didon, proviseur et prieur à Arcueil en 1890, qui a été à l'origine du renouveau de l'esprit olympique. Sur le père Didon, voir la notice Wikipédia : cliquez-ici.
Sur le site de la ville d'Arcueil, une longue notice est consacrée à cette école : cliquez-ici.

Références  (Voir : Liste des sources et références)

Sur Eugène Ebel et Georges Muleur : état-civil du Havre et de Sens, Gallica, BNF et Internet.

Pour situer cette ouvrage dans le mouvement des caravanes scolaires, on peut consulter avec profit : Olivier Hoibian, « Les voyages pédestres de scolaires à la fin du XIXe siècle. Santé, éducation et littérature de de voyage », Babel (cliquez-ici)

Perrin : absent
Perret : absent
BNF : 8-G-1010 (BMG : T.4624)