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Eug. Ebel et G. Muleur
La
première caravane d'Arcueil.
Récit du voyage de la Caravane scolaire de l'Ecole
Albert-le-Grand pendant les vacances de l'année 1878.
Illustré par MM. Scott,
Ferdinandus, Baude, Dalang, Tenaille d'après les croquis de
M. Léon Sichler.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Notes sur l'exemplaire
Demi chagrin marron, dos à 5 nerfs ornés de caissons et fleurons dorés, filets sur les nerfs.
Notes sur l'ouvrage
Récit d'une des
premières caravanes
scolaires organisées sous l'égide du Club Alpin
Français pour faire découvrir la montagne aux
élèves de France, dans un but
pédagogique et
patriotique.
Cette caravane a conduit 11
élèves,
encadrés par 2 pères dominicains de
l'école
Albert-le-Grand d'Arcueil, dans la banlieue parisienne. Partis le 9
août 1878 d'Arceuil, ils y reviennent le 9 septembre
après un périple qui les a conduits :
- Coublevie et Voiron
- Abbaye de Chalais
- La Grande-Chartreuse
- Grenoble
- Uriage, avec une ascension de la Croix de Belledonne
- Aix-les-Bains et Saint-Gervais
- Chamonix
- Lac Majeur, Milan, Pavie, Bologne, Florence, Pise, Livourne et
Marseille
Comme on le voit, la majeure partie du
voyage
s'apparente plus à un voyage touristique qu'à une
expédition d'alpinisme à proprement dite. Seule
l'ascension de la Croix de Belledonne peut véritablement
être considérée comme une
randonnée
alpestre. Toute la partie du trajet en Italie est même
plutôt un voyage culturel.
L'introduction donne une
idée claire du programme pédagogique de ces
voyages :
" Il y a longtemps qu'en Angleterre, en Allemagne et en Suisse, on
considère les voyages comme le complément
nécessaire de toute éducation
sérieuse, et, chaque
année, à l'époque des vacances, il
n'est pas rare
de rencontrer de petites caravanes de jeunes étudiants, le
sac
au dos, le bâton ferré à la main, en
train de
parcourir, seuls ou sous la conduite de leurs maîtres, la
Savoie,
le Dauphiné, la Suisse, la Lombardie, les bords du Rhin, le
Tyrol, les Pyrénées, tous les pays en un mot qui
méritent d'être vus.
Rien n'est meilleur pour le jeune homme que de voyager ainsi ; il fuit
les amusements frivoles et énervants des grandes villes ; il
fortifie son corps, enrichit son intelligence,
élève son
âme au milieu des émotions fortes et salutaires
que fait
naître la vue des montagnes. Ses membres s'assouplissent par
l'habitude journalière des longues marches, des ascensions
pénibles, souvent difficiles, toujours
intéressantes; son adresse et son audace se
développent;
son courage s'exalte en raison des difficultés
vaincues;
son imagination est sans cesse tenue en éveil; sa
mémoire
se peuple de souvenirs tantôt charmants, tantôt
grandioses
; l'esprit d'initiative se forme en lui ; sa volonté grandit
tous les jours par la nécessité où il
se trouve
d'arriver à un but déterminé ; son
âme enfin
s'élève naturellement vers Dieu, qui
lui manifeste
sa puissance et sa bonté par le spectacle de ses
magnificences.
En un mot, l'éducation du jeune homme se complète
et- se
couronne par des côtés que la vie de
collège ne
saurait atteindre.
Aussi, supposez que des maîtres chrétiens
aient
eux-mêmes préparé ces voyages, qu'ils
s'en fassent
les guides dévoués pour aider
l'inexpérience de
leurs disciples, pour suppléer aux connaissances qui leur
manquent, pour leur faire entrevoir la grande place que la Providence
réserve à l'intelligence et à
l'âme de
l'homme dans les splendeurs de sa création, alors ces
voyages
laissent dans l'esprit et dans le cœur des jeunes gens des
souvenirs impensables."
Pour l'organisation, ils s'appuient sur
l'expérience du Club Alpin français, qui met
à
leur disposition ses services pour trouver les hébergements
et
obtenir des réductions sur les lignes de chemin de fer.
Le récit en
lui-même ne présente
pas un intérêt particulier. Il est
l'œuvre de deux des
élèves du collège, qui prennent la
plume au nom de
leurs camarades. C'est une forme de journal de voyage, assez
conventionnel, écrit dans un style léger et
alerte,
souvent humoristique. Il a surtout pour but de faire naître
des
vocations chez d'autres jeunes. Comme le disent les auteurs dans la Dédicace
: "Si ces pages ont la bonne fortune de faire naître dans le
cœur de quelques-uns de nos condisciples le désir
de
tenter une pareille entreprise, nous serons contents."
Le contenu de l'ouvrage est le suivant :
- Faux titre et titre (pp. I-IV)
- Planche gravée en frontispice hors texte,
représentant Belledonne (voir ci-dessus).
- Dédicace
(pp. V-VI).
- Introduction
(pp. VII-X)
Récit de la caravane en 10 chapitres (pp. 11-196).
- Comptes du voyage de
la caravane (p. 197)
- Les enfants
d'Arcueil. Hymne. (pp. 198-199)
- Club Alpin
Français. Caravanes scolaires. Règlements
– Conseils. Janvier 1878.
(pp. 201-204). Signé d'E. Talbert, le
vice-président
chargé de l'organisation des caravanes scolaires au Club
Alpin
Français.
- Les caravanes
scolaires du troisième trimestre de l'année 1878.
(pp. 205-210). Rapide compte-rendu des 4 caravanes scolaires
organisées lors du troisième trimestre 1878, dont
celle
d'Arcueil. Signé d'E. Talbert, le vice-président
du Club
Alpin Français chargé de l'organisation
générale des caravanes scolaires.
- Projet de voyage de
la seconde caravane d'Arcueil. Août et septembre 1879.
(p. 211)
- Table des gravures.
(pp. 213-214)
- Table des
matières. (pp.215-217)
L'ouvrage est très largement
illustré
de gravures d'après des dessins de Léon Schiler,
un des
membres de la caravane. La majorité des gravures sont des
petits
dessins dans le texte, souvent sur le mode humoristique à la
Töpffer ou, pour utiliser une référence
dauphinoise,
dans le style d'Emile Guigues.
Quelques unes de ces gravures sont en pleine page, certaines dans le
texte et d'autres hors texte. La table des gravures (pp. 213-214) donne
6 planches hors texte. En réalité, un de ces
planches (Grande
Chartreuse et le Grand-Som)
est incluse dans la pagination, comme d'autres gravures en pleine page
(ex. pp. 17, 21, 89, 95, etc.), même si une des faces des ces
gravures est blanche comme les planches gravées hors texte.
En
revanche la gravure représentant Le Dôme (Milan)
(face à la p. 175) n'est
référencée ni dans
les gravures dans le texte, ni dans les planches hors texte. De
même, la planche frontispice n'apparaît pas des ces
tables.
Ci-dessous, deux gravures hors texte
concernant le Dauphiné :
Halte
sur le Pic de Belledonne |
Grenoble |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
La gravure prise du pic de Belledonne
est un dessin
d'après une photographie du capitaine Allotte de la Fuye, un
alpiniste qui a fait de Belledonne son terrain d'exploration. Le hasard
a fait qu'ils se sont rencontrés lors de cette ascension. Au
deuxième plan, le panorama représente le massif
des
Ecrins, avec la Meije à l'extrême gauche,
jusqu'à
la Muzelle à droite. A ce titre, cette illustration est
référencée par Paul
Guillemin dans
son ouvrage La Meije dans l'image,
sous le numéro 43. Pour poursuivre sur Belledonne, une
vignette de la page 111 représente les 3 sommets :
Les trois pics de Belledonne |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Enfin, Belledonne se retrouve
représentée sur la gravure en frontispice (voir ci-dessus).
Pour illustrer le style d'une partie
des dessins, cette petite vignette donne le ton :
Pour agrandir, cliquez sur la photo |
Les auteurs
En début d'ouvrage, 3
planches présentent les 11 élèves et
les 2 pères accompagnateurs (les pères Barral et
Lachau) qui composent la caravane. Sur cette planche (p. 21), sont
représentés les deux auteurs du texte, Georges
Muleur et Eugène Ebel.
Pour agrandir, cliquez sur la photo |
Eugène
Ebel
Eugène Ebel est né au Havre le 11 mars 1860, fils de Adam Ebel (1821-1867), négociant, et de Marie Eugénie Yver de la Bruchollerie (1832-1912). Professeur, il est décédé à Rouen le 5 août 1942.
Il est aussi l'auteur, avec le père Barral qui accompagnait cette première caravane, de : Les Caravanes scolaires. La neuvième caravane d'Arcueil, août 1886, Paris, V. Lecoffre, 1887, in-8° , 23 p., extrait de la Revue française, juin 1887.
Il est surtout connu pour
l'énergie qu'il dépensa en faveur d'une mystique
lorraine, Catherine
Filljung. Il lui consacra un livre :
Sœur
Catherine. Notes biographiques sur la mystique lorraine Catherine
Filljung, religieuse dominicaine, fondatrice de l'Orphelinat de Biding,
1848-1915, Paris, Impr. J. Téqui, 1929,
in-8°, 456 p., portraits, fac-similé.
A ce propos, voir une conférence où son
rôle est mis en valeur, en particulier à propos
des polémiques sur les
« phénomènes d'apparences
extatiques », qui ne semblent pas avoir
été reconnus par l'Eglise : cliquez-ici.
Georges
Muleur
Georges Muleur est né
à Paris le 12 février 1858 dans une
famille d'industriels originaire de Sens. Docteur en
médecine, il exerça d'abord à Paris,
puis
à Grasse. Il vivait encore en 1929.
Pour finir, l'école
dominicaine
Albert-le-Grand d'Arcueil a eu une longue tradition
pédagogique
où les études intellectuelles devaient s'allier
à
la pratique de l'exercice physique. Cela explique qu'elle ait
été une des premières à
organiser une
caravane scolaire telle que préconisée par le
Club Alpin
Français. Cette tradition s'est
concrétisée en particulier par le père
Didon, proviseur et prieur à Arcueil en 1890, qui a
été à l'origine du renouveau de
l'esprit
olympique. Sur le père Didon, voir la notice
Wikipédia : cliquez-ici.
Sur le site de la ville d'Arcueil, une longue notice est
consacrée à cette école : cliquez-ici.
Références (Voir : Liste des sources et références)
Sur Eugène Ebel et Georges
Muleur : état-civil du Havre et de Sens, Gallica, BNF et
Internet.
Pour situer cette ouvrage dans le mouvement des caravanes scolaires, on peut consulter avec profit : Olivier Hoibian, « Les voyages pédestres de scolaires à la fin du XIXe siècle. Santé, éducation et littérature de de voyage », Babel (cliquez-ici)
Perrin : absent
Perret : absent
BNF : 8-G-1010 (BMG : T.4624)