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M. Berriat Saint-Prix
Recherches
sur la législation criminelle et la législation
de police, en Dauphiné, au Moyen Age,
suivies d'une
Notice sur le président de Valbonnais et d'une description
des repas d'Humbert II, dernier Dauphin de Viennois.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Paris,
Paul Renouard, 1836 In-8° (209r x 134 mm), 67-[1] pp. |
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Notes sur l'exemplaire
Plein maroquin violet
janséniste, dos à nerfs, titres
dorées, filets à
froid sur les plats, filets dorés sur les coupes, dentelles
intérieures, tête dorée
Reliure signée Ottmann Duplanil.
Ex-libris au premier contre-plat : Henri Lambert, avocat, Versailles,
avec la devise : « Amor et
Labor »
Notes sur l'ouvrage
Réunion de deux plaquettes de Jacques Berriat-Saint-Prix (1769-1845), jurisconsulte grenoblois.
La première plaquette
contient :
- Faux-titre et titre : pp. 1-4
- Avis.
(pp. 5-8). Rappel des prépublications des 3
études composant l'ouvrage. Elles ont toutes les trois
été publiées dans le Magasin encyclopédique
de A. Millin entre 1801 et 1802. Auparavant, elles avaient
été lues devant des
sociétés savantes grenobloises, dont le
Lycée, société
créée après la Révolution
pour faire renaître l'Académie delphinale.
L'étude sur les Recherches,
corrigée et complétée, a
été lue devant la Société
royale des Antiquaires de France, en mars 1836.
- Recherches
sur la législation criminelle et la législation
de police, en Dauphiné, au Moyen Age (pp.
9-46). Dans cette étude, l'auteur compare les
législations entre ces deux époques. Il s'appuie
pour cela sur le Registre
delphinal, de M. Thomassin, constitué au XIVe
siècle. Jacques Berriat Saint-Prix semble
être très soucieux de démontrer que les
époques anciennes ne le cèdent en rien en termes
de criminalité, et donc de législation,
à l'époque contemporaine :
« Ces recherches servent encore de consolation
à l'homme de nos jours. Sans cesse on le prévient
contre son siècle, on l'aigrit contre sa situation : la
corruption toujours croissante des mœurs de ses
contemporains, corruption qu'on suppose
démontrée, est l'argument que l'on emploie
surtout pour lui faire regretter le bonheur de ses aïeux.
Qu'il ouvre seulement le livre des lois des siècles
féodaux, et l'amertume de ses regrets diminuera bien
vite. ». Il parcourt ensuite par délits
et crimes la législation ancienne. Il revient plusieurs fois
sur son étonnement que, à une époque
où l'on aurait pu imaginer une plus grande pureté
de mœurs, la réalité était
tout autre. Il consacre un très long
développement à la prostitution, en particulier
dans une longue note en fin d'ouvrage. On voit dans cet ouvrage, comme
dans celui qui est joint, que Jacques Berriat-Saint-Prix souhaite
défendre son époque et les évolutions
morales et politiques qu'elle connaissait contre tous ceux qui
regrettaient les époques anciennes, le
« bon vieux temps » auquel devait
se référer tous les nostalgiques de l'Ancien
Régime. Rappelons que J. Berriat-Saint-Prix a
été, dès le début, un
partisan de la Révolution, puis de l'Empire. Il faisait
partie de la bourgeoisie éclairée, en pleine
ascension en ce début du XIXe
siècle. C'était un libéral, comme on
disait alors. A travers un petit opuscule comme celui-ci, il en
profitait pour défendre les valeurs qui étaient
en train de se mettre en place, contre tous ceux qui voulaient revenir
aux valeurs anciennes de la société
française.
- Notice sur les
ouvrages du président de Valbonnais (pp.
47-56). Cette courte notice se présente d'abord comme une
réponse à une affirmation de Desessarts qui
attribue à Voltaire d'avoir fait connaître le
président Valbonnais, comme si ses ouvrages sur le
Dauphiné était inconnus. J. Berriat-Saint-Prix
entreprend de défendre Voltaire de l'accusation
d'inexactitude. Pour cela, il présente les
ouvrages de Valbonnais,
c'est à dire ses Mémoires
pour servir à l'histoire du Dauphiné,
d'abord parus en un volume, en 1711, puis en deux volumes en 1722. Il
donne une description précise du contenu de ses ouvrages. On
comprend que J. Berriat-Saint-Prix, probablement en bourgeois
voltairien, ressente le besoin de défendre la
mémoire de Voltaire. La longue note qui court des pages 53
à 56 est d'ailleurs un long plaidoyer en faveur de Voltaire
et attribue « à l'esprit de parti, les
imputations d'inexactitude faites à
Voltaire. »
- Description des repas
d'Humbert II, dernier Dauphin de Viennois. (pp. 57-67)
Reproduction commentée de l'ordonnancement des repas du
dernier Dauphin, à partir d'un document des
années 1330 publié par Valbonnais dans son
ouvrage. On ne peut que constater avec J. Berriat-Saint-Prix, la
très grande simplicité des plats servis. De plus,
chose surprenante, le menu est le même depuis le Dauphin
jusqu'aux « officiers du dernier
ordre », seules les quantités variant
significativement. On peut d'ailleurs s'étonner des
quantités réservées au Dauphin et
à sa femme. Comme le discours
« politique » de Jacques
Berriat-Saint-Prix sur l'avantage de son époque par rapport
aux périodes antérieures n'est jamais loin, il
constate que les valets de cette époque devaient se
contenter de fort peu, en comparaison avec ce que l'on se doit d'offrir
à un domestique de son époque :
« Un Français, placé par la
modicité de sa fortune dans les derniers rangs de la classe
moyenne, ou de ce qu'on nomme la bourgeoisie, trouverait-il aujourd'hui
des domestiques dans les villes, même les plus pauvres et les
moins peuplées des Hautes-Alpes, de la Drôme et de
l'Isère, s'il leur offrait la nourriture dont, au XIVe
siècle, se contentaient ceux des souverains de l'ancien
Dauphiné ? »
Est ensuite reliée cette plaquette :
Comparaison
approximative de la Criminalité en France au XVIIe
et au XIXe siècles.
Lue à
l'Académie des sciences morales et politiques, le 12 avril
1845.
Paris, Joubert, libraire de la Cour de Cassation, 1845, in-8°
(209r x 134 mm), 15 pp.
Extrait de la Revue de Droit
français et étranger, tome II, 1845
Jacques Berriat Saint-Prix,
sur la base des crimes et délits décrits par
Guy-Patin dans sa correspondance sur l'art de guérir,
entreprend une comparaison de la criminalité entre le
troisième quart du XVIIe
siècle et son époque. Il tente de
répondre à la question de la plus ou moins grande
« perversité », pour
reprendre son mot, entre ces deux époques. Il conclut :
« En résumé, nous croyons
avoir démontré que, d'après les divers
faits énoncés dans notre travail, tout annonce
que, avec beaucoup moins de jouissances et de lumières, la
société française du XVIIe
siècle n'offrait pas moins de penchant au crime, que celle
du XIXe. » (p.15) Mais
surtout il remarque : « [La] comparaison
avec celle [la position sociale] des criminels de notre temps nous
semble une preuve
décisive que, loin d'un accroissement de
perversité, il y a eu, au contraire, des progrès
dans l'amélioration morale du corps social.
En effet, depuis de longues années, les crimes les plus
grands sont commis presque tous par des personnes appartenant aux
classes inférieures de la société,
à celles qui sont le plus dépourvues
d'instruction ou d'éducation, tandis que, au XVIIe
siècle, on y voit participer les bourgeois, les nobles, les
prêtres, et même, chose à peu
près sans exemple aujourd'hui, les
magistrats. » (p. 12). Il poursuit :
« Voilà donc les deux
premières classes de la société, les
prêtres et les nobles, participant aux plus grands crimes
! » et « ce qui nous
paraît surtout un signe frappant de l'amélioration
morale dont nous parlons, c'est la grande différence qui
existe entre le nombre des condamnations prononcées contre
les femmes au temps de Guy-Patin, et celui des condamnations du
même genre prononcées de notre
temps » (p. 13).
On retrouve dans ces quelques lignes
une posture politique qui tend à défendre son
époque, ses valeurs, contre ceux qui seraient
tentés d'enjoliver le passé. Dans les
années 1840, une telle position ainsi clairement
exprimée revient à défendre les
valeurs de la société bourgeoise
libérale face à celles de la
société
d'Ancien Régime.
Ex-libris
L'ouvrage provient de la
bibliothèque d'Henri Lambert, avocat à Versailles.
Henri Lambert est né à Paris le 3 avril 1827. Avocat, il est mort à Versailles, à son domicile du 123 boulevard de la Reine, le 30 mars 1880. Il a épousé en juin 1861 à Paris, Marie Lassus, fille de Jean-Baptiste Lassus, l'architecte des cathédrales (voir la notice Wkipedia : cliquez-ici). Henri Lambert était collectionneur et membre de différentes sociétés savantes.
Sa bibliothèque a
été dispersée à une date
inconnue. On trouve des ouvrages de cette provenance sur le
marché ou dans les bibliothèques publiques.
Sur
le relieur Ottmann Duplanil
Charles Ottmann, né
à Strasbourg, a épousé en 1836
à Paris, la fille du relieur Duplanil, d'une dynastie de
relieurs active à Paris
depuis le début du XVIIIe
siècle jusque vers 1830. Il signe alors Ottmann Dupanil.
Il a débuté vers 1825.
En 1844, il est relieur 67 rue du Four-Saint-Germain. Il obtient une
médaille de bronze à l'Exposition des produits de
l'industrie.
Il semble avoir été actif jusque vers 1856.
Ernest Thoinan : Les relieurs français
(1500-1800), 1893
« Le dernier des Duplanil eut pour gendre et
successeur le nommé Ottmann, relieur de
talent. » (
p. 279)
Références (Voir : Liste des sources et références)
Sur Jacques Berriat Saint-Prix :
- notice biographique et bibliographique très
complète sur le site Juristoria : cliquez-ici.
- notice biographique par A. Rochas, dans la Biographie du Dauphiné
: cliquez-ici.
Recherches
sur la législation criminelle... :
BNF : 8-F-8107 et BMG : U.20
Comparaison
approximative de la Criminalité en France... :
BNF : 8-F PIECE-592 et BMG : V.1493