BIBLIOTHÈQUE DAUPHINOISE

A. Reynaud
de Corbellin, Département de l'Isère
Bachelier ès lettres du Collège Royal de France, Membre de la Société d'Instruction Médicale de Paris, Chirurgien attaché à la 24^e Légion.

Essai sur la Topographie physique et médicale de Briançon
Tribut académique, présenté et publiquement soutenu à la Faculté de Médecine de Montpellier, le 16 juin 1819;
[...] Pour obtenir le grade de Docteur en Médecine.

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

Montpellier, Jean Martel aîné, 1819 in-8° (237r x  184r mm), 31-[1] pp.
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Notes sur l'exemplaire

Broché et rogné, sous une couverture cartonnée moderne.

Notes sur l'ouvrage

Il s'agit de la première topographie médicale du Briançonnais, autrement dit de la première étude sur la situation sanitaire et médicale du Briançonnais, par un chirurgien militaire qui présentait sa thèse pour accéder au grade de docteur en médecine.

Ce texte, par sa nature même, a sûrement été tiré à un très petit nombre d'exemplaires, à destination essentiellement du jury et de quelques personnes. Cela explique aussi que cet ouvrage soit inconnu de toutes les bibliographies briançonnaises ou dauphinoises.

L'intérêt de ce texte réside surtout dans le regard que porte une personne étrangère au pays sur les conditions de vie, les mœurs et coutumes et, partant de là, sur la condition sanitaire des habitants. On y retrouve quelque images fortes qui seront répétées tout au long du siècle : l'isolement, la neige pendant presque 9 mois de l'année, les forts écarts de températures même en été, le confinement des paysans dans les étables avec le bétail pendant l'hiver, le goître endémique, etc. A lire ce texte, comme d'autres plus tard, on s'étonne qu'une population ait pu survivre dans cette région dans de telles conditions.

L'ouvrage contient quelques pages introductives :
- Titre (p. 1).
- Dédicace à ses parents et à son oncle Dugrimaud, ancien curé de Coutance (p. 2).
- Dédicace "Aux militaires distingués" : 5 militaires depuis le colonel de la légion de la Drôme jusqu'à un major. Il doit s'agir de sa hiérarchie militaire (p. 3).
- Avant-propos (p. 4). Après avoir expliqué l'intérêt de la topographie médicale pour la connaissance de Briançon et sa région, il rappelle qu'il a découvert à la fin de son travail qu'il existait déjà une topographie médicale par M. Bouillard, chirurgien-major de l'hôpital militaire de Briançon, parue dans le 7^e tome du Journal de médecine militaire. Il lui reproche de "voir le pays d'une manière si avantageuse." Cela contraste effectivement avec la vision noire qu'il donne des conditions de vie dans le Briançonnais.

La composition du texte proprement dit est la suivante :
- Description de Briançon et des vallées composant le Briançonnais  : "vallée des Prés" [vallée de la Clarée], "Grande vallée ou plaine de Briançon", "vallée de Monestier" [vallée de la Guisane], "vallée de Cervière". (pp. 5-13). Simple description géographique et topographique.
- Température et phénomènes météorologiques (pp. 13-17), avec une description des 4 vents qui soufflent à Briançon.
- Végétation et culture (pp. 17-19).
- Moeurs, usages et nourriture des habitans (pp. 19-23), où il insiste sur la pauvreté des habitants. Il rapporte l'usage de mettre les femmes à la place des animaux de labour et autres traits propres à la région (ex : la cuisson annuelle du pain). Il se réfère plusieurs fois au préfet Chaix, peut-être sur la base de sa Topographie..., parue en 1816.
- Qualité des eaux (pp. 23-25), avec une insistance particulière sur la fraîcheur de l'eau et donc de l'impact néfaste sur la santé.
- Hôpital (pp. 25-26). Il s'agit d'une description de l'hôpital militaire, qui était dans le couvent des Cordeliers. Il appel de ses vœux un hôpital plus sain et mieux situé.
- Casernes (pp. 26-27).
- Effets du climat sur l'économie animale; maladies régnantes parmi les habitans. (pp. 27-30). Il s'attarde sur les effets des écarts de températures dans la journée, mais surtout sur l'effet néfaste du confinement pendant plusieurs mois de l'année dans des maisons humides, mal aérées, en cohabitant avec le bétail et les excréments. Il en donne une description édifiante, se fondant sur son expérience vécue au village du Lauzet. Il termine rapidement en parlant du goître.
- Maladies qui se sont manifestées parmi nos soldats et les habitants, pendant notre séjour à Briançon (pp. 30-31). On apprend qu'il est arrivé à Briançon le 7 septembre 1818. Rapide description des quelques maladies (surtout fièvres, avec toutes leurs variantes) qui ont affecté la garnison.

La dernière page non chiffrée contient la liste des professeurs de l'école de médecine.

Cette topographie est la première qui a été publiée sous une forme séparée. Auparavant, comme l'indique lui-même A. Reynaud, avait paru un Mémoire topographique et médical de la ville de Briançon, par M. Bouillard, chirurgien-major de l'hôpital militaire de cette ville, dans le Journal de médecine militaire, 1788, pp. 151-187.

En 1816, le sous-préfet Chaix a fait paraître une Topographie, histoire naturelle, civile et militaire, économie politique et statistique de la sous-préfecture de Briançon pour servir de canevas aux topographies administratives, Paris, P. N. Rougeron, 1816, in-8°, 92 pp. Elle n'était pas spécifiquement consacrée à l'aspect médical de la description de la région.

L'auteur

Antoine Reynaud est né à Corbelin (Isère) le 17 février 1776, fils de François Reynaud et Marguerite Dugrimaud. Chirurgien aide major, il devient docteur en médecine en 1819. Le 30 novembre 1822, il épouse à Lyon Catherine Frequant, née dans la même ville le 20 juin 1777. Parmi leurs témoins, on retrouve Dominique Robert, major au 5^e régiment d'infanterie de ligne, un des dédicataires de la thèse de médecine.

On perd ensuite la trace d'Antoine Reynaud.

Références  (Voir : Liste des sources et références)

BNF : 8-TH MONTPELLIER-92 (1819,2,20)  (avec une faute au nom de l'auteur : Raynaud)
On trouve un exemplaire à la BIUM (Bibliothèque interuniversitaire de santé. Pôle médecine et odontologie. Paris) et à Montpellier, mais aucun dans le Fonds dauphinois de la Bibliothèque Municipale de Grenoble.