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Julien
Tiersot
Sous-bibliothécaire du
conservatoire de Paris.
Chansons populaires recueillies dans les Alpes françaises (Savoie et Dauphiné)
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Notes sur l'exemplaire
Demi maroquin havane à
coins, dos à 5 nerfs ornés de filets
dorées, double filets dorés sur les plats,
tête dorée.
La couverture reproduite ci-dessus provient d'un autre exemplaire.
Notes sur l'ouvrage
Cet ouvrage est la publication d'une
enquête menée par Julien Tiersot de 1895
à 1900 dans les Alpes françaises afin de
recueillir les chansons populaires : "C'est une manière
d'alpinisme assez inédite que celle qui consiste
à courir la montagne à la recherche des chansons
populaires".
Les premières pages numérotées I
à XXVIII contiennent le Rapport à Monsieur le
Ministre de l'Instruction Publique au sujet d'une Enquête sur
les Chansons populaires des Alpes françaises (Savoie et
Dauphiné). Il est daté
du 1er
octobre 1900 et précède donc la
rédaction et la
publication de l'ouvrage. Cette enquête a
été
lancée à l'initiative de Julien
Tiersot par
intérêt personnelle pour la musique populaire. Le
choix
des Alpes s'explique d'abord par la connaissance qu'il avait
de la
région (il est né dans l'Ain toute proche) et par
le
constat que cette région n'avait encore fait l'objet d'aucun
recueil de chansons populaires, alors que de nombreuses
régions
étaient déjà richement
documentées, en
particulier dans l'ouest de la France. Pour mener à
bien
son enquête, il a demandé l'appui du Ministre de
l'Instruction Publique. La région couverte sont les massifs
alpins de la Haute-Savoie, la Savoie, l'Isère et les
Hautes-Alpes. Dans ce département, il a recueilli
des
chansons dans le Briançonnais, le Champsaur, la
Névachie
et, surtout, le Queyras. Le Rapport
détaille l'ensemble des contacts et des sources qui lui ont
permis de constituer son corpus. A la fin de son enquête, il
avait recueilli 442 chansons par lui-même, 242 de
ses
correspondants, à peu près 300 de
cahiers
de chansons qui lui avaient été
confiés et
enfin environ 300 texte récoltés dans
les ouvrages
régionaux. En définitive, il a
identifié 500
types de chansons ou airs, dont une centaine de danses.
Les pages
numérotées de i à xxix contiennent la Préface,
où l'auteur explique sa méthode et sa notation.
Il reconnaît qu'il a combiné les
différentes versions d'une même chanson
rencontrées en plusieurs lieux de son enquête. Il
veille tout de même à signaler les variantes. Il
débute cette préface par quelques anecdotes sur
sa quête. Il note la différence très
nette de caractère et d'accueil entre les Savoies, le nord
Dauphiné et le sud Dauphiné, à partir
du moment où il arrive dans le Trièves ou le
Queyras. On sent une grande sympathie de l'auteur pour les personnes
rencontrées lors des jours passés dans le
Queyras. Parlant de Meylan, il rapporte une lecture et une rencontre
autour d'Hector Berlioz, "sous l'invocation de qui je suis heureux de
mettre ce livres dès les premières pages".
Enfin, le corps de l'ouvrage contient la transcription des chansons,
classées par grands thèmes, avec, le plus
souvent, la notation de la musique. Il donne chaque fois les lieux de
collecte et toutes les informations sur les variantes,
les origines, etc. La démarche appliquée
tant dans la collecte que dans la restitution est scientifique. Au
total, ce sont 227 chansons ou airs qui sont transcrits, la grande
majorité en français. Les thèmes
sont :
- Chansons historiques
- Chansons traditionnelles. Récits légendaires et
tragiques; chansons d'aventures.
- Chansons traditionnelles. Chansons satiriques.
- Les chansons d'amour.
- Les chansons relatives au mariage.
- Les chansons de bergers.
- Chansons de conscrits et de soldats.
- Les chants des fêtes de l'année.
- Les chansons de travail.
- Berceuse.
- Les danses.
Le chapitre consacré aux danses contient un développement particulier sur le Bacchu-Ber, avec une illustration.
Un encart inséré dans Voyage d'inspection de la
frontière des Alpes en 1752 par le Marquis de Paulmy,
de Henry Duhamel (Grenoble, 1902) annonce un tirage de 1 250
exemplaires :
- 50 exemplaires sur papier des manufactures impériales du
Japon, numérotés de 1 à 50
- 50 exemplaires sur papier de Chine fort,
numérotés de 51 à 100
- 1 150 exemplaires sur vélin satiné des
manufactures de Cran, numérotés de 101
à 1250.
En réalité, la justification annoncée
dans l'ouvrage est de 1 350 exemplaires, sans détail des
différents papiers.
Cet exemplaire est le n° 35 sur papier du Japon.
Non rogné, les dimensions sont : 294 x 220 mm.
La couverture porte : "Chansons populaires des Alpes
françaises. Savoie et Dauphiné."
Cet ouvrage fait partie des plus belles
publications de la Librairie
dauphinoise, dirigée par Félix Perrin
et H. Falque. Comme pour la publication contemporaine de La Montagne à travers
les âges,
ils se sont associés à F. Ducloz de Moutiers
(Savoie).
Comme on le sait, ces entreprises éditoriales ambitieuses
ont
conduit Félix Perrin à des difficultés
financières qui l'obligèrent, en 1903,
à
vendre sa très belle bibliothèque de
livres sur le
Dauphiné et la montagne.
Exemple
de mise en page |
Le Bacchur Ber, avec illustration |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Dans le chapitre sur les Chansons
populaires de son Le
folklore des Hautes-Alpes (T. II : pp. 190-206), Arnold
Van Gennep utilise abondamment l'ouvrage de Julien Tiersot, qu'il
commente longuement p. 191. Dans les pages suivantes, il donne les
références de toutes les chansons
collectées par J. Tiersot dans les Hautes-Alpes.
Après avoir rappelé brièvement
l'historique de la mission de J. Tiersot et la parution du livre en
1903, A. Van Gennep constate :
"Depuis, silence complet !
Pourquoi ? Est-ce parce que le livre de Tiersot, à la fois
cher, lourd et incommode, ne fut que trop peu acheté dans
les Hautes-Alpes pour servir de modèle ? Est-ce parce qu'il
apparut comme trop technique et scientifique à la plupart
des gens ? Est-ce parce qu'on s'est imaginé, dans les
milieux hauts-alpins, que Tiersot avait tout
récolté et qu'il était dès
lors inutile de reprendre, ou de continuer, l'enquête ?
Est-ce parce que la musique n'est que peu cultivée dans ce
département, que peu de personnes ont une instruction
musicale assez poussée pour leur permettre de "sentir" la
chanson populaire ? Est-ce que, dans les divers villages, il y a peu de
chanteurs ou chanteuses, sinon de profession, du moins
spécialisés, pour ainsi dire, qui
possèdent des répertoires ?" (p. 191).
Pourtant, lors de son enquête, Van Gennep n'a pas obtenu plus
de résultats. Il en est réduit à
résumer l'enquête de Tiersot.
Le texte et l'illustration de ce livre sur le Bacchu-Ber (p. 493 et
sq.) ont été reproduits intégralement
dans l'ouvrage collectif : Le
Bacchu-Ber et les danses d'épées dans les Alpes
occidentales, publié dans la collection Résonances,
Edisud en 1996.
Réédition : Marseille, Laffitte, 1979 (BNF :
4-YE-1607)
Commentaire personnel
Bel exemplaire de cet ouvrage fondateur de la collecte ethnologique de chansons populaires dans les Alpes. A la lecture de ces pages, on sent l'amour de l'auteur pour son sujet et le très grand respect, voir la sympathie, pour tous les alpins, qu'ils soient savants ou issus du peuple, qui l'ont aidé dans sa quête. Un beau texte, doublé d'un bel objet.
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique
(wikipédia) de Julien Tiersot
Sur le site du Centre des Musiques traditionnelles en
Rhône-Alpes (CMTRA)
- article
sur Julien Tiersot
- annonce de l'enregistrement
de quelques chansons répertoriées dans cet
ouvrage : cliquez-ici et cliquez-là
Quelques liens sur Julient Tiersot, sur des sites
consacrés à la chanson populaire :
- site de la compagnie Beline : cliquez-ici
- site www.rassat.com : cliquez-ici
Perret : 4272 : "Bel ouvrage classique
sur le thème des chansons, recherché".
Maignien (Catalogue) : 16094
Guillemin : 5091
BNF : 4-YE-249