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M.***. Bachelier en droit canonique & civil de la faculté de Paris, & Docteur en Théologie [Antoine Albert]

Histoire géographique, naturelle, ecclésiastique et civile du diocèse d'Embrun. Tome premier.
Histoire
ecclésiastique du diocèse d'Embrun pour servir de continuation à l'Histoire générale du Diocèse. Tome second.

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

Deux volumes :
S.l.n.n. [Embrun, Pierre-François Moyse], 1783
in-12 (190r x 118r mm), [6]-XIV-562 pp.
S.l.n.n. [Embrun, Pierre-François Moyse], 1783 [1786]
in-12 (188r x 114r mm), VI-501 pp.
Histoire du diocèse d'Embrun, Antoine Albert : titre Histoire du diocèse d'Embrun, Antoine Albert : titre Histoire du diocèse d'Embrun, Antoine Albert : reliure
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Notes sur l'exemplaire

Reliure plein veau marbré, dos à nerfs, pièce de titre et de tomaison, caissons fleuronnés, toutes tranches rouges.

Notes sur l'ouvrage

Premier ouvrage historique sur le diocèse d'Embrun, qui couvrait, dans les Hautes-Alpes, l'Embrunais, jusqu'à Chorges, le Briançonnais, le Queyras et dans les Alpes de Haute-Provence, l'Ubaye et le pays de Seyne. Avec ce travail, on dispose donc du premier ouvrage historique paru sur les Hautes-Alpes, sorti des presses du premier imprimeur dans le département, Pierre-François Moyse à Embrun. La valeur de l'ouvrage est que pour la partie Des villes, des paroisses & communautés du diocèse d'Embrun, les renseignements sont de première main, soit suite aux observations directes de l'auteur, qui était originaire du Briançonnais, soit grâce aux curés qu'il avait sollicités. Cela en fait une source encore largement consultée.

Contenu du premier volume :

Titre (p. [1]
A messieurs du clergé, de la  noblesse, et du tiers-état du diocèse d'Embrun. (p. [3-6]). Signé en fin : A.C.D.S. [Albert, curé de Seyne] : « Agréez que je vous présente une histoire qui doit vous être chère [...] c'est l'histoire du pays où la providence vous a fait naître ; c'est celle des anciens habitans des Alpes, qui les premiers ont défriché les vallées, les coteaux de ces montagnes, dont vous tirez aujourd'hui votre subsistance ; c'est l'histoire de vos ancêtres qui en vous laissant leurs noms et les biens qu'ils possédaient, avaient encore plus à cœur, de vous transmettre les sentimens de probité et de droiture qui faisaient leur caractère. »
Préface (pp. I-XIV). « Personne n'avait jamais encore travaillé à l'histoire du diocèse d'Embrun, l'auteur de l'ouvrage que l'on présente, voyait avec peine que sa patrie demeurât ainsi dans l'oubli, il a crû devoir par attachement, et par reconnaissance la faire connaître et publier son histoire. » Après des généralités sur les caractéristiques propres de cette région, il relève les erreurs dans les quelques ouvrages qui ont cité ce diocèse (Expilly, etc.) : « Il est donc essentiel pour bien connaître ce diocèse de corriger toutes ces fautes, et de donner plus d'étendue à ce qui n'est traité que très superficiellement dans la plupart des livres.
L'auteur de cette histoire, qui est natif de ce diocèse, et qui en a parcouru plusieurs fois les différents endroits, est mieux en état de savoir ce qui en est, que la plupart des écrivains qui n'y ont jamais mis le pied ; pour en avoir encore une connaissance plus parfaite, il s'est adressé à MM. les Curés qui lui ont donné des mémoires sur les particularités de leurs paroisses. Il n'a pas négligé non plus de lire les histoires qui y ont quelque rapport, comme l'histoire Ecclésiastique, l'histoire de France, celle du Dauphiné et celle de Provence. Il n'est pas hors de propos de faire connaître les auteurs des histoires de ces deux provinces. » Il cite alors les principales sources : Chorier, Bouche, Valbonnais, pour les ouvrages publiés, Fournier, qui a été publié depuis, Bérard, Rous-Lacroix, pour les ouvrages manuscrits. Il termine en donnant une chronologie de son travail : « Après avoir recueilli tous les différens matériaux qu'il a pû trouver dans les livres imprimés, et dans les manuscrits qu'il a pû se procurer, il a employé une douzaine d'années à les arranger ; il a ensuite envoyé son manuscrit à Embrun , où il a resté trois ans.
Mgneur l'archevêque , MM. ses grands vicaires, MM. les chanoines de la métropole et bien d'autres personnes en état d'en juger, se sont donnés la peine de le lire. Ils ont eu même la complaisance de lui faire observer les corrections, les changemens, et les additions qu'il convenait d'y faire, en conséquence il l'a retouché et travaillé de nouveau.
Mgneur l'Archevêque a eu ensuite la bonté de le faire examiner à Paris par deux censeurs royaux, qui l'on trouvé curieux et intéressant ».
Première partie. Du diocèse d'Embrun en général. (pp 1-100). Cette partie contient 6 chapitres :
Chapitre Ier. De la situation & de l'étendue du diocèse d'Embrun. (pp. 2-16). Dans cette présentation générale, il insiste sur le caractère montagneux du pays, qui ne doit pas cependant faire oublier que « il y a aussi au bas, des plaines qui ont quelquefois deux à trois lieues de long, sur une demi lieue ou un quart de lieue de large. ». Pêle-mêle, il parle de l'origine maritime des montagnes, de la transhumance, des grandes quantités de neige, des avalanches, de l'ancienneté de l'homme dans les Alpes, de la Durance, etc.
Chapitre II. Du climat du diocèse d'Embrun, des qualités particulières du pays & des raretés qu'on y trouve. (pp. 16-31). Chapitre sur le climat, les cultures, la flore et la faune du diocèse. Il s'attarde en particulier sur le mélèze et la manne du Briançonnais. Parmi les animaux, il décrit plus longuement le chamois.
Chapitre III. De l'origine des peuples du diocèse d'Embrun & de leurs anciens souverains. (pp. 31-51)
Chapitre IV. De l'établissement de la Religion chrétienne dans le diocèse d'Embrun, de ses progrès & des combats qu'elle a eu à soutenir contre les infidèles & les hérétiques. (pp. 51-80) Dans cette histoire religieuse, la plus grande part est donnée à l'histoire des hérésies et de tout ce qui a été fait pour les combattre : les Petrobusiens, les Vaudois et, surtout, les Protestants, avec de longs développements sur les actions de Lesdiguières dans la région. On imagine bien que le curé Albert est le tenant d'une stricte orthodoxie et ne peut qu'être satisfait des persécutions qu'ont subies ces différentes hérésies.
Chapitre V. Des arts & métiers & du commerce des peuples du diocèse d'Embrun. (pp. 81-91)
Chapitre VI. Du langage, des vêtemens, & des usages des peuples du diocèse d'Embrun. (pp. 91-100). Après quelques considérations sur les langues locales, il constate cependant que tout le monde comprend et parle le français, ce qui n'est pas le cas d'autres régions. Il cite son expérience en Auvergne, où il n' a pas réussi à se faire comprendre. Sur les vêtements, il donne ces renseignements intéressants sur les façons anciennes de s'habiller : « Les hommes de la campagne étaient autrefois habillés comme le sont encore aujourd'hui les paysans des environs de Clermont en Auvergne. D'abord ils avaient un grand chapeau qui leur servait de parapluie, un colet ou rabat de toile au col, qui couvrait une partie des épaules et pendait sur l'estomac, une ceinture de cuir jaune large d'un demi pied, une casaque de gros drap qui venait à mi-jambe, des culottes larges comme celles des Catalans, enfin des souliers aux pieds de deux doigts d'épaisseur, dont le dessous était tout garni de cloux. Cet habillement si grotesque n'est plus du goût de nos habitans. Aujourd'hui les hommes même des plus mauvais villages, ont des habits à boutons et à boutonnières, des cravates au col ou des tours de col, des chapeaux et des souliers assez propres. Il n'y a plus que certaines paroisses que l'on connaît et que je ne nommerai pas, où l'on n'use point de cravates, et où à la place des boutons, les habits ont des petits crochets de fil d'archal. A l'égard des cloux aux souliers, ils sont absolument nécessaires dans les endroits où les chemins sont pierreux, et bien loin de les blâmer, on doit les conseiller par principe d'économie ». Parmi les usages alimentaires, il parle longuement du « Pain d'un an », c'est-à-dire du pain cuit pour l'année entière. Parmi les nouveauté, il cite la pomme de terre : « Un des mets le plus ordinaire pour les gens de la campagne, et même pour ceux des villes qui n'ont pas de facultés pour s'en procurer d'autres, ce sont les pommes de terre, à qui dans le pays on donne le nom de truffes [...]. Ces pommes de terre sont devenues communes depuis une cinquantaine d'années dans la plupart des endroits du diocèse d'Embrun. »
Seconde partie. Des villes, des paroisses & communautés du diocèse d'Embrun.(pp. 101-525). C'est la partie la plus intéressante de l'ouvrage. Comme il le dit dans sa préface, il s'est appuyé sur ses propres observations et sur les informations que lui ont transmises les curés des paroisses. Pour chaque paroisse, il donne des informations sur la commune, avec un rapide historique et quelques informations statistiques : nombre de familles, de personnes. La notice de La Salles-les Alpes illustre bien la  méthode et le propos de l'auteur (pp. 261-266) :  « La Salle, paroisse et communauté du Briançonnais est située entre le Monêtier et Chantemerle, à une lieue et un quart de Briançon , et à trois quarts de lieues du Monêtier. On y compte deux cents maisons qui composent environ neuf cents quatre-vingt personnes, huit feux un demi , un huitième et un quatre-vingt seizième de feu pour les fonds taillables. Il n'y a pas de fonds nobles ou exempts de tailles. La position de cette paroisse est aussi agréable que celles des autres du même vallon, une partie est à l'adroit et l'autre à l'envers, c'est-à-dire en delà de la rivière. Le chef-lieu qu'on appelle particulièrement la Salle, est situé à l'adroit, à une petite distance au-dessus du grand chemin qui conduit de Briançon à Grenoble, de même que les hameaux des Pananches et de la Chirouse. Celui de la Ville Neuve est sur le grand chemin , et celui du Bez est en-delà de la rivière. Le terroir a à peu près les mêmes qualités que celui de S. Chaffrey et de Chantemerle. On le cultive de la même manière. Le laitage y est fort bon et le beurre qu'on y fait passe pour le meilleur du pays, les prunes du hameau des Pananches quoique de beaucoup inférieures à celles de Brignole, et de Digne, ne laissent pas que d'être recherchées.
Les habitans s'adonnent beaucoup au commerce. Il y a nombre de marchands de cet endroit, non seulement à Briançon, mais encore à Turin et ailleurs, dont quelques-uns ont fait des fortunes assez considérables. On dit qu'autrefois les femmes de ce pays faisaient des vœux au ciel pour que leurs maris n'augmentassent pas dans le commerce, ni ne diminuassent pas leurs biens, mais qu'ils se conservassent toujours dans une honnête médiocrité. Leurs vœux étaient semblables à ceux de Salomon , qui ne souhaitait pas de grandes richesses, ni la pauvreté.
L'église paroissiale de la Salle est sous le titre de S. Marcellin , premier archevêque d'Embrun, quoiqu'elle ne soit pas bien grande, elle a néanmoins son mérite. Voûtée de tuf, elle a deux petites chapelles à ses côtés, qui ne sont pas indifférentes. Son maître autel est orné de beaucoup de sculpture bien travaillée. A l'entrée de l'église, il y a un parvis soutenu sur des colonnes de pierre de taille, qui outre son utilité, donne de l'agrément à tout l'édifice. Cette paroisse est desservie par un curé et un vicaire dans le chef-lieu. Il y a encore des prêtres servans aux hameaux de la Ville Neuve, du Bez et des Pananches, qui se rendent aux offices de paroisse fêtes et dimanches, et aident le curé dans ses fonctions.
Les habitans du Bez ont déjà tenté plusieurs fois d'avoir une église succursale dans leur quartier; mais les supérieurs ecclésiastiques n'ont pas encore jugé à propos de la leur accorder, soit qu'ils n'aient pas trouvé un éloignement suffisant de leurs maisons à l'église paroissiale, soit que le danger de traverser la rivière de Guisane dans le temps des grosses pluies, ou de la fonte des neiges, ne leur ait pas paru insurmontable, puisque par le moyen d'un pont on peut la traverser en tout temps.
Suivant la répartition qui fut faite en 1751, pour l'emphytéose perpétuelle des dîmes du Briançonnais, la communauté de la Salle doit payer annuellement au prévôt et chapitre d'Oulx, la somme de cent dix-huit livres, à M. l'archevêque et au chapitre de l'église métropolitaine d'Embrun, la quantité de seize septiers un quart et trois civayers moitié seigle et moitié avoine ou orge, déduction faite de la portion des dîmes que cette communauté paye au prieur du Monêtier.
Le châtelain du Briançonnais fait ordinairement sa demeure sur la paroisse de la Salle. Je ne crois pas qu'il y ait d'autre juridiction attachée à sa charge que celle d'assister et d'autoriser l'élection des consuls de quelques communautés de la campagne comme de celles de S. Chaffrey, de la Salle, du Monêtier, du Mont-Genèvre, des Villards, S. Pancrasse, des Puys-Saint-Pierre et S. André, et de Cervière. A Briançon c'est le vibalif avec le procureur du Roi et le greffier qui assistent à l'assemblée pour l'élection des consuls, c'est pourquoi il y avait anciennement trois mandemens ou châtenies, celles de Briançon, de Vallouise et de S.Martin.
A la Salle il y avait un seigneur qui possédaitc ce petit canton de terre qu'on appelle encore le Plan du Duc, parce que ce seigneur était Dux Castellanus. Sous les Dauphins ce seigneur était baron dont le titre a resté à une roche qu'on appelle encore la roche de Baron , et à un moulin qui s'appelle le moulin de Baron. Les ancêtres de M. de Tholozan, aujourd'hui Intendant du Commerce, avaient vers l'an 1400 un fief à la Salle, à S. Chaffrey, et à Chantemerle qui fut aliéné à un nommé Berard, et ensuite vendu aux communautés par un certain Borel, c'est ce qu'on appelle encore les mas de Borel.
Si l'on voulait flatter les habitans de la Salle, à qui on donne dans ce vallon l'épithète de glorieux, il n'y aurait qu'à transcrire ce que l'on trouve dans un manuscrit du P. Berard, jésuite, directeur du séminaire d'Embrun , vers l'an 1730, qui était de cette paroisse ; la Salle, dit- il, tire son nom de Aulà, qui signifie Salle, et qui n'était autre que le lieu où la noblesse s'assemblait pour faire la cour au Prince. Deux raisons, ajoute t-il, semblent autoriser cette conjecture ; la première c'est qu'il y a au-dessous de la Salle, un village appelé Ville-Neuve, dominé anciennement par un château à l'exemple de Briançon, où le sieur du Paix avoit choisi sa demeure, et y avait attiré la noblesse du pays, parce que l'air y est beaucoup plus doux que dans le reste de la vallée, et que la situation de l'endroit est beaucoup plus agréable, étant dans une petite plaine sur le bord de la rivière. La seconde raison, c'est qu'il y a plusieurs familles dans cette paroisse dont les noms étaient autrefois nobles, comme ceux des Salles, des Berards, des Graviers, des Jomars, des Bompards, des Arduins, des Moniers, des Borels, des Rabis et beaucoup d'autres.
Suivant le même manuscrit, Bernard Chabert, archevêque d'Embrun vers l'an 1213, était natif de la Salle, son nom était Bernard Berard; mais il dût prendre celui de Bernard Chabert, à cause d'une maison qui appartenait à sa mère, et qu'on appelle encore la maison de la Chaberte.
On lit encore dans le même manuscrit que la montagne de Frejus qui est au-dessus du Bez, et qui est une des plus belles montagnes du Briançonnais tire son nom du latin Forum Julii, qui signifie le camp de Jules-César, parce que cet Empereur, venant la première fois dans les Gaules, passa par cette montagne pour se rendre à Vallouise, et son armée y campa pendant quelques jours. La route la plus connue dans ce temps-là pour venir de l'Italie dans les Gaules, c'était de passer par Bardonnêche et le col de l'Échelle pour se rendre à Névache, de Névache on passait la montagne du grand Areas qu'Amien Marcellin appelle Mons Matrona, à cause d'une chute qu'une noble dame dut y faire, ou à cause de l'élévation de cette montagne qui la distingue des autres, (comme une dame est distinguée par ses parures des autres femmes,) et de là on se rendait à la Ville-Neuve, de la Ville-Neuve à Vallouise, et de Vallouise à Orcière.
Récapitulation des familles et des personnes de la Salle. Au chef-lieu il y a 50 habitans 250 personnes, au Bez 60, 300, à la Ville-Neuve 50, 250, aux Pananches ... et à la Chirouse 20, 180. Total 200 familles, 980 personnes. »
Additions. (pp. 526-545). Ce sont des sortes de notes qui complètent les chapitres précédent. Elles se terminent par une description des routes d'Embrun aux villes voisines du diocèse (pp. 537-545).
Observation. (pp.545-546). Il précise que les dénombrements de population datent de 1763, époque à laquelle il a interrogé les curés des paroisses.
Table des matières. (pp. 547-561)
Errata. (p. 562)

Contenu du second volume.

Titre (p. I)
Avertissement. (pp. III-VI). Il débute par « On a imprimé en 1783 le premier volume de l'Histoire géographique, naturelle et civile du diocèse d'Embrun. Il reste encore à donner au public l'histoire ecclésiastique de ce diocèse, qui formera un second volume. » Il décrit ensuite simplement le contenu de l'ouvrage.
Première partie. Des archevêques d'Embrun. (pp. 1-302). Cette partie contient une notice pour les 88 archevêques d'Embrun depuis Saint-Marcellin, au IVe siècle,  jusqu'à Monseigneur de Leyssin, l'archevêque en place lors de la rédaction de l'ouvrage. Dans la notice sur Pierre Guérin de Tencin, il relate le concile d'Embrun qui, en 1717, condamna l'évêque de Senez, Jean Soanen, pour jansénisme. Alors qu'il fait toujours preuve d'une très grande discipline ecclésiastique, en ne se permettant jamais de critiques, voire même simplement d'avis personnels, il rapporte tout de même les avis critiques sur ce concile : « Cependant ce concile confirmé du Pape, et approuvé du Roi, fut bien critiqué dans le royaume, et surtout par les partisans de l'évêque de Senez », en rapportant le contenu de ces critiques. (p. 280). Il ajoute même : « l'archevêque d'Embrun avait moins agi contre l'évêque de Senez par zèle pour la pureté de la doctrine que par le désir de se faire un nom et d'obtenir le chapeau de cardinal. » (p. 281). Le curé Albert avait-il un fond de sympathie pour le jansénisme ?
Seconde partie. Du clergé séculier & régulier du diocèse d'Embrun. (pp. 303-482). Cette partie contient 16 chapitres :
Chapitre Ier. Du chapitre de la métropole d'Embrun. (pp. 304-350)
Chapitre II. Du chapitre de l'église paroissiale et collégiale de Briançon. (pp. 350-355)
Chapitre III. Du collège et du séminaire d'Embrun. (pp. 355-364)
Chapitre IV. De l'abbaye royale de Notre-Dame de Boscodon. (pp. 365-380)
Chapitre V. Des couvents des Pères Dominicains qui sont dans le diocèse d'Embrun. (pp. 380-386)
Chapitre VI. Des couvents des PP. Cordeliers qui sont dans le diocèse d'Embrun. (pp. 387-390)
Chapitre VII. Du couvent des PP. Recollets de Briançon. (pp. 391-392)
Chapitre VIII. Du couvent des PP. Capucins d'Embrun. (pp. 392-393)
Chapitre IX. Des couvents des PP. Trinitaires qui sont dans le diocèse d'Embrun. (pp. 394-397)
Chapitre X. De la maison des prêtres de la doctrine chrétienne de Barcelonnette et du collège de cette ville. (pp. 397-400)
Chapitre XI. De l'église de Notre-Dame du Laus. (pp. 401-407)
Chapitre XII. Des couvents de religieuses qui sont dans le diocèse d'Embrun. (pp. 407-410)
Chapitre XIII. Des hôpitaux qui sont dans le diocèse d'Embrun. (pp. 411-415)
Chapitre XIV. Des bénéfices qui sont dans le diocèse d'Embrun. (pp. 416-438)
Chapitre XV. Des Saints qu'on honore particulièrement dans le diocèse d'Embrun, et dont les légendes ne sont pas dans le Bréviaire romain. (pp. 438-454)
Chapitre XVI. Du gouvernement ecclésiastique du diocèse d'Embrun. (pp. 454-482).
Table des matières. (pp. 483-500)
Errata. (p. 501)

Lieux et dates d'impression

Bien que non localisés, les deux volumes ont été imprimés par Pierre-François Moyse à Embrun. Né à Paris, ouvrier-imprimeur à Grenoble vers 1760, chez André Giroud, celui-ci s'installe à Embrun en 1776. Il y fut actif  jusqu'à son décès en 1794. Son fils Jean-Louis lui succéda quelques temps, jusqu'en 1797 où il dut quitter la ville par manque de travail. En effet, à ce moment-là, l'archevêché avait été supprimé et le chef-lieu de département avait été situé à Gap. L'érudit Edmond Maignien a publié une étude sur cet imprimeur dans la Petite Revue des Bibliophiles dauphinois, n° 20, janvier 1915 : L'imprimerie à Embrun, pp. 308-324. Il recense 63 ouvrages imprimés par Pierre-François Moyse et son fils, dont cet ouvrage sous le n° 18. Sous le n° 19, il signale un exemplaire avec une variante qui ne porte pas la tomaison au titre. Il signale : « Moyse n'avait pas de marque d'imprimeur, mais il plaçait très souvent sur le titre des ouvrages sortis de ses presses un fleuron triangulaire formé de six lignes de petites rondelles,la première accompagnée de fleur de lis. » (p. 310) On le retrouve, avec sept lignes, sur la page de titre du second volume :

Les deux volumes portent la date d'impression 1783. Comme l'a justement fait remarquer Paul Guillemin dans un article paru dans le Bulletin de la Société d'Études de Hautes-Alpes, 1891, pp. 211-212 : Date de l'histoire du diocèse d'Embrun, le deuxième volume contient deux allusions à des faits qui ont eu lieu en 1785 : 
- Parlant de Bernardin-François Fouquet, archevêque d'Embrun, Albert dit : « Il a vécu ensuite à Paris pendant dix-huit ans, où il s'étoit logé dans une maison attenante au séminaire des Missions étrangères. Il y est mort le 20 avril 1785, le jour de la fête de St Marcellin. » (p. 290).
- « Il y a peu de Séminaires en France où les jeunes Ecclésiastiques puissent se former aussi bien que dans celui d'Embrun. La lecture des Règlements de ce Séminaire qu'on a imprimés en 1785, in-12, chez Pierre-François Moyse, imprimeur et libraire à Embrun, peut en convaincre. » ( p. 459).
Il remarque aussi : « Les deux volumes sont imprimés sur le même papier, mais ils présentent des différences typographiques frappantes, notamment dans la composition des titres et des tables des matières. La marque d'imprimerie n'est pas non plus la même. » Enfin, comme on l'a noté ci-dessus, l'Avertissement du deuxième volume précise : « On a imprimé en 1783, le premier volume de l'Histoire géographique, naturelle et civile du diocèse d'Embrun. Il reste encore à donner au Public l'histoire Ecclésiastique de ce Diocèse, qui formera un second volume».

Pour toutes ces raisons, Paul Guillemin date donc le deuxième volume de 1786, en se fondant aussi sur la date corrigée à la main sur son exemplaire, qu'il attribue au curé Albert lui-même (l'exemplaire numérisé sur Googlebooks porte aussi la date corrigée en 1786). C'est maintenant la date qui est généralement retenue pour ce second volume.

La reliure de notre exemplaire est aussi une preuve que les deux volumes n'ont pas paru au même moment. Il y a des différences dans les reliures : ornements du dos, taille, texture du veau sur les plats, qui montrent que deux mains différentes ont travaillé dans le temps à la reliure.

Dans sa notice consacrée à Antoine Albert, A. Rochas fait référence à une prospectus de cette histoire paru en 1781. Je n'en ai trouvé aucune trace.

L'Histoire du diocèse d'Embrun et les Vaudois

Les pages consacrées par le curé Albert aux Vaudois (Tome I, p. 57 et suivantes) ont amené une réponse :
Cinq lettres par un Vaudois des Gaules cisalpines, sur quelques pages d'un livre intitulé : Histoire géographique, naturelle, ecclésiastique & civile du diocèse d'Embrun, par M.***, Bachelier en droit canonique & civil de la faculté de Paris, & docteur en théologie. Tome I, sans nom d'impression 1783.
S.l.n.n., 1784, in-8°, [2]-74 pp. (BMG : U.1490)
L'auteur de ces lettres (colonel Marande ? Paul Appia ? les érudits ne sont pas d'accord) reprend point par point les assertions de l'abbé pour y répondre, sous forme d'un plaidoyer en faveur des Vaudois.

Le curé Albert n'a pas laissé ces lettres sans réponse. En 1788, il fait paraître :
Avis au public sur l'histoire géographique, naturelle, ecclésiastique et civile du diocèse d'Embrun, par M***
S l.n.n. (Embrun, Moyse), 1788, in-8°, 56 pp.
Cet imprimé est signé : A. C. D. S. Il est considéré, encore plus que les autres ouvrages, de toute rareté.

Réédition

En 1959, devant la rareté et l'intérêt de l'ouvrage, l'Association des Hauts-Alpins de Toulon et du Var décide d'en donner une nouvelle édition, sous forme ronéotypée :

S.l.n.n.n.d. (Toulon, Association des Hauts-Alpins de Toulon et du Var, 1959) In-4° (266 x 206 mm), 2 volumes : [16]-316 pp. et [6]-265-[1] pp.
Couvertures illustrées de photographies en couleurs et d'armoiries en couleurs.
Histoire du diocèse d'Embrun, édition de 1959, Antoine Albert : titre Histoire du diocèse d'Embrun, édition de 1959, Antoine Albert : titre
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Le premier volume contient une notice biographique de l'abbé Antoine Albert, extraite des Silhouettes et glanes briançonnaises, du chanoine Benjamin Sylvestre (pp. [3-5]), suivie d'un texte de présentation de cette édition (p. [6]) : « cette œuvre de l'abbé Albert, si pleine d'intérêt et si riche en enseignements était pratiquement introuvable, l'Association des Hauts-Alpins de Toulon et du Var s'est donnée pour tâche de la diffuser et de la faire connaître. » Par manque de moyens et pour mettre à portée de tous cette réimpression, ils ont fait le choix de cette forme de réédition, par copie stencils. Le travail de transcription est entièrement de M. Rappelin, président de l'Association. Ils demandent l'indulgence pour d'éventuelles fautes de transcription. En revanche, l'orthographe de l'époque a été respectée. Un peu plus loin, intercalé dans le texte original, il précise que ce texte est transcrit depuis les exemplaires originaux du curé Durand de Saint-André d'Embrun et de Maître Emile Escallier, de Grenoble (p. [15]).

L'achevé d'imprimer annonce le 25 janvier 1959 (4ème de couverture). En revanche, à la fin de la transcription, au tome second, p. 265, la date est le 23 avril 1958. C'est probablement la date à laquelle la transcription a été terminée.

Tirage : 350 exemplaires numérotés non mis dans le commerce. La justification du tirage se trouve en 4ème de couverture :

Histoire du diocèse d'Embrun, édition de 1959, Antoine Albert
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Cet exemplaire est le n° 321.

Cette réédition est presque aussi rare que la première. Il n'en existe aucun exemplaire à la BNF et au CCFr.

Plus récemment, en 2006, les Éditions Transhumances ont donné une réédition partielle, contenant les notices des communes des Hautes-Alpes, extraites de la deuxième partie du premier volume : Des villes, des paroisses & communautés du diocèse d'Embrun. C'est la partie la plus intéressante de l'ouvrage.

Histoire du diocèse d'Embrun,Antoine Albert, édition 2006
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Références  (Voir : Liste des sources et références)

Notice biographique Antoine Albert

Rochas : I, p. 9 (II) : « Quoique tirée à 600 exemplaires, cette histoire est fort rare et peu connue. Elle apprend beaucoup de choses intéressantes, et a été d'un grand secours à M. Ladoucette pour sa Topographie des Hautes-Alpes. On peut seulement reprocher à l'auteur des détails minutieux et pas assez de critique. » Dans la description de l'ouvrage, la pagination du premier volume est erronée.
Maignien (Anonyme) : 1464
Biographie-Bibliographie du Briançonnais. Cantons de la Grave et du Monêtier-de-Briançon, 1877 : « Ce livre est l'œuvre capitale du curé Albert. Il contient de précieux renseignements sur l'histoire du Haut-Dauphiné, les mœurs de ses habitants, les ressources du sol, etc. On peut adresser justement à l'auteur le reproche d'avoir, trop à la légère, donné créance à des faits évidemment controuvés. Mais cette absence de critique historique signalée, il faut encore inscrire au compte des mérites de cet ouvrage celui d'avoir été la première publication importante sur l'histoire de ces contrées. »
CA : 87.
BSEHA(Not-PG), p. 74, avec l'erreur de pagination de Rochas.
Guillemin : 1328
J. Roman, Tableau historique, p. 13 : « imprimé à cinq cents exemplaires et maintenant fort rare ».
Perrin : 566 : « Ouvrage des plus importants pour l'histoire de cette région des Alpes et devenu rare. »
SdB : 745 (32 f.) : deuxième volume seul, en demi chagrin rouge janséniste : « ouvrage très rare ».
Lantelme : 805 : Deuxième volume seul, en demi reliure : « Rare ». Non adjugé.
Catalogue des livres rares & curieux composant la bibliothèque d'un amateur dauphinois [Général de Moncla], 1867 : n° 1012 « Ouvrage important pour l'histoire de notre pays. C'est un LIVRE RARISSIME, qui manque à la plupart des collections dauphinoises ; notre exemp. est en très bon état, avec grandes marges, remplie de témoins. »
PRBD-II, n° 20, L'imprimerie à Embrun, E. Maignien, pp. 308-324, Bibliographie Moyse : n° 18 et 19 : « livre fort rare et recherché »

Au CCFr :
BNF :
RES P- Z- 357 (1,1) et RES P- Z- 357 (1,2)
8- LK3- 213 (1) et 8- LK3- 213 (2) < incomplet >
Exemplaires complets des 2 volumes dans les bibliothèques suivantes : Grenoble (O.2946), Besançon, Aix-en-Provence – Méjanes (3 ex.), Lyon, Lyon (Bibliothèque jésuite des Fontaines), Nice, Marseille, Dijon, Avignon
Tome I seul : Chambéry
Tome II seul : Grenoble (T.208), Arsenal (8- H- 14068)