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[Jacques-Joseph Champollion-Figeac]

Dissertation sur un monument souterrain existant à Grenoble.

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

Grenoble, J. H. Peyronard, Imprimeur, Brumaire An XII (novembre 1803), in-8° (210 x 128 mm), [2]-25-[1] pp., un plan dépliant in fine. Dissertation sur un monument souterrain existant à Grenoble : titre
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Notes sur l'exemplaire

Broché, sous couvertures muettes d'attente.
Long commentaire manuscrit au verso de la première couverture.

Notes sur l'ouvrage

Etude archéologique sur le monument souterrain qui se trouve sous l'église Saint-Laurent à Grenoble. Après une étude minutieuse du monument, des restes archéologiques et des textes historiques, Jacques-Joseph Champollin-Figeac en conclut qu'il s'agit d'une église et non d'un temple païen comme on le pensait. Il la date du début du VIIIe siècle. Son analyse a été confortée par les découvertes ultérieures, même si la date retenue est un peu antérieure. Sur ce monument, on peut se reporter à une notice pdf très instructive : Musée archéologique-Église Saint-Laurent. A la fin de l'ouvrage, il traite rapidement un thème qu'il reprendra dans ses autres ouvrages d'archéologie grenobloise : où se trouvait la ville antique Cularo : sur la rive droite ou la rive gauche ? Il ne conclut pas mais il précise que l'emplacement de l'église ancienne de Saint-Laurent ne préjuge pas de l'emplacement de Cularo, car "les chrétiens eurent coutume de bâtir des églises hors de l'enceinte des villes) (voir Antiquités de Grenoble ou Histoire ancienne de cette ville d'après ses monumens, 1807 et Nouveaux éclaircissemens sur la ville de Cularo, aujourd'hui Grenoble,1814).

Dissertation sur un monument souterrain existant à Grenoble : plan
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Ce texte est le premier ouvrage publié de Jacques-Joseph Champollion-Figeac. Il est donc important pour la suite de sa carrière et donc de celle de son célèbre frère Jean-François Champollion.

Dans sa biographie L'autre Champollion. Jacques-Joseph Champollion, Charles-Olivier Carbonell rapporte :
"Le 22 frimaire An XII (14 décembre 1803), Chalvet et Berriat lurent à une séance ordinaire de la Société des sciences et des arts de Grenoble une "Dissertation sur un monument souterrain existant à Grenoble" adressée par "M. Jacques-Joseph Champollion, demeurant à Grenoble, Grande-Rue". Le jeune archéologue y démontrait que la crypte de l'église Saint-Laurent était une église paléo-chrétienne et non point, comme la rumeur le prétendait, un temple païen. Il utilisait pour ce faire des arguments logiques (orientations du monument, plan en forme de croix) mais aussi des preuves archéologiques".  En note, P.-O. Carbonell ajoute : "Il est assez remarquable de constater que plus d'un siècle et demi d'études et de fouilles n'ont en rien modifié le diagnostic ni la datation faits par Champollion-Figeac". Cette publication rencontra du succès et fut appréciée par les savants et érudits locaux. Quelques jours après cette lecture, le 2 nivôse an XII (24 décembre 1803), il fut admis dans la Société des sciences et des arts de Grenoble. Il n'avait que 25 ans. Rappelons que cette Société, créée en 1797 d'abord sous le nom de Lycée de Grenoble, tentait de faire revivre l'ancienne Académie Delphinale, disparue au moment de la Révolution. Active sous l'Empire, elle végéta jusqu'à ce qu'une nouvelle impulsion lui fut donnée en 1836. Elle reprit le nom d'Académie Delphinale en 1844. Pour revenir à Champolllion-Figeac, il fut ensuite secrétaire de cette Société en 1806, poste qu'il tint jusqu'en 1815, au moment de son départ de Grenoble.

J.-J. Champollion-Figeac publia à ses frais sa dissertation. Selon P.-O. Carbonell, elle eut du mal à se vendre. Il conclut philosophiquement : "Champollion connut ainsi dans le même temps les satisfactions du débutant qui voit naître son premier ouvrage et l'amertume d'une vanité blessée !"

J.-J. Champollion s'intéressait à l'archéologie et aux antiquités depuis 1802. Il s'était mis en contact avec l'archéologue Aubin-Louis Milin, qui, à travers des échanges épistolaires, guida ses premiers pas dans le "métier" d'archéologue et d'"antiquaire". En parallèle, il se rapprocha du nouveau préfet de l'Isère, arrivée en 1802, le célèbre Joseph Fourier, qui avait participé à la campagne d'Egypte et écrira la préface historique de la Descriptions de l'Egypte. C'est sous ce double patronage qu'il fit ses premiers armes dans le métier d'historien-archéologue et cette première dissertation, seulement précédée de la publication sous forme de tableau d'inscriptions grenobloises antiques, est véritablement son entrée dans le cercle des savants archéologues et historiens, ce qui le conduira plus tard à des responsabilités à la Bibliothèque nationale et au Palais de Fontainebleau. Rappelons que les liens noués depuis Grenoble et la notoriété peu à peu acquise dans le mondes des "antiquaires" français seront indispensables à son frère Jean-François Champollion lors de ses recherches sur les hiéroglyphes. Il lui apporteront les contacts indispensables pour avancer dans son travail et pour lui donner toute l'ampleur et la publicité qu'il méritait.


Selon Barbier, il en a été imprimé 20 exemplaires de format in-4°. La BMG possède un exemplaire in-4° donné par l'auteur (BMG : V.919).

A strictement parler, cet exemplaire est un in-4°. En effet, les cahiers sont de 8 pages. En revanche, par la taille (hauteur : 210 mm), il s'apparente plutôt à un in-8°. Cependant, je ne pense pas qu'il fasse partie des 20 exemplaires cités par Barbier. Dans ce dernier cas, il doit s'agir d'exemplaires qui ont été imprimés sur un papier de plus grande taille qui, après pliage, donne un ouvrage dépassant les 25 cm, voire les 30 cm. Autrement dit, il s'agit d'une réimposition en format in-4° de l'impression courante au format in-8°. Ce ne sont que des conjectures de ma part, mais l'ouvrage n'est pas suffisamment rare pour penser que ces exemplaires font partie d'un tirage aussi restreint que 20.

Commentaire personnel

Petit texte brillant pour un jeune homme de 25 ans sans vraiment de bagage scolaire. Je ne peut m'empêcher d'imaginer que par sa publication, il a un impact sur la découverte des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, comme par un effet papillon, en contribuant à créer les conditions favorables à cette découverte.

Références  (Voir : Liste des sources et références)

Notice biographique de Jacques-Joseph Champollion-Figeac
Site du MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE-ÉGLISE SAINT-LAURENT, où l'on trouve la notice ci-dessus.

L'autre Champollion. Jacques-Joseph Champollion, de Charles-Olivier Carbonell : qui en donne une analyse pp. 35-36 et n° 1 de la bibliographie (p. 297).
Champollion, le savant déchiffré, par Alain Faure, p.60.
Barbier : 4408
Rochas : I, p. 218, I
Carbonell :
BNF : RES 4-LJ9-235, avec le commentaire : Tiré à 20 exemplaires, d'après M. Quérard .