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PAGE THÉMATIQUE : Exploration du Haut-Dauphiné(Oisans/Ecrins) |
J.
Guérin
Docteur en médecine; Professeur de
Physique au Collége Royal d'Avignon; Conservateur et
Bibliothécaire du Muséum CALVET;
Médecin de la Maison Royale de Santé;
Médecin honoraire de l'Hôpital Sainte-Marthe;
Membres des Académies de Vaucluse, Gottingue, Turin, et de
plusieurs autres Sociétés savantes nationales et
étrangères.
Panorama d'Avignon, de Vaucluse, du Mont-Ventoux et du Col-Longet, suivi de quelques vues des Alpes françaises.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Avignon,
Imprimerie de Guichard aîné, 1829 In-12 (130r x 83r mm), XI-317-[7] pp., 8 lithographies hors-texte. La pagination arabe continue la pagination romaine. |
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Notes sur l'exemplaire
Pleine toile brune, dos lisse
orné de filets dorés.
Ex-libris non identifié sur le premier contre-plat (voir
reproduction ci-dessous).
Notes sur l'ouvrage
Livre un peu fourre-tout où
les pages 164 à 215 concernent spécifiquement les
Hautes-Alpes : évocation du panorama depuis le Col du
Longet, suivie de 9 descriptions de paysages (vues) : Chalets des
Arcines, Glacier d'Ailefroide, Col de la Traversette, etc. Il
décrit les "belles horreurs d'une nature inorganique et
sauvage".
Le contenu
détaillé de l'ouvrage est :
A Monsieur le baron de
Montfaucon. (pp. V-VI) : Dédicace au maire
d'Avignon.
Avertissement.
(pp. VII-XI) : L'auteur décrit succinctement l'objet de son
livre et sa composition jusqu'au vues. Il se défend de
l'aspect disparate de l'ouvrage : "Ces Panoramas renfermeront
une Notice des objets les plus intéressants compris dans l'horizon sensible.
Les lacunes, les omissions, le désordre doivent
caractériser de pareils tableaux. Le reproche de passer tout
à coup d'un sujet à un autre, de mêler
le sacré au profane, la géologie à
l'histoire, et de citer des faits isolés qui se
succèdent d'après un ordre topographique et non
d'après celui des temps, ne serait point ici un reproche
fondé." (p. VII). Comme dans son ouvrage Mesures
barométriques, il se fait le
défenseur des Alpes dauphinoises, en face des Alpes
Suisses ou Savoyardes : "Les beautés naturelles de la
Suisses et de la Savoie ont exercé la plume d'un grand
nombre d'écrivains; mais on n'a presque rien dit encore sous
ce rapport du Dauphiné et de la haute Provence. J'extrais de
mon journal les descriptions des sites qui m'ont le plus
frappé. Rien n'y est feint; rien n'y est
exagéré, l'imagination n'y entre pour rien : ils
sont inanimés quand je les ai vus sans vie. Il
m'eût été facile d'imaginer des
retraites solitaires, des asiles mystérieux, des aventures,
des catastrophes, d'inventer mille épisodes, etc. etc., mais
j'ai cru que le vrai seul était
préférable aux plus ingénieuses
fictions." (p. X). Par ces dernières lignes, il se
démarque de la vision romantique et dramatique de la
montagne, comme on peut la trouver chez Rousseau, Marmontel, Florian,
etc. et leurs continuateurs. Il se place dans le sillage des
premières descriptions scientifiques des montagnes, dont
l'initiateur a été H.-B. de Saussure. Il le cite
dans le cours de l'ouvrage.
Panorama d'Avignon
(pp. 13-66) : Il s'agit d'une description du panorama depuis le Rocher
compris dans l'enceinte d'Avignon. Ce tour d'horizon est l'occasion
d'évocations historiques ou anecdotiques sur Avignon et sa
région. Il est précédé
d'une courte notice sur la géologie de ce Rocher (p. 12).
Notice sur Avignon.
(pp. 67-78) : Courte notice historique sur Avignon.
Principaux monumens
d'Avignon; Curiosités qu'ils renferment. (pp.
79-132) : Description de nombreux monuments (Palais des Papes, Eglise
Saint-Pierre, etc) et d'institutions (Hôpital Sainte-Marthe,
Collège, Musée Calvet, etc) d'Avignon.
Antiquités
d'Avignon. (pp.133-143) : Rapide description des
antiquités trouvées à Avignon.
Observation relative
à la page 21. (p. 144) : Complément
au texte de la page 21.
Panorama de Vaucluse.
(pp. 145-151) : Très rapide évocation du panorama
depuis la montagne de Vaucluse.
Panorama du Mont-Ventoux.
(pp. 152-163) : Une autre rapide évocation du panorama
depuis le Mont-Ventoux. Ces deux panoramas, à la
différence du premier, ne donnent pas une description
précise des paysages que l'on voit depuis le sommet.
Panorama du Col-Longet.
(pp. 164-172) : Le Col du Longet se trouve au fond de la
vallée de Saint-Véran. Il est sur une
crête qui sépare l'Ubaye de l'Italie,
très proche de la ligne de crête qui bouche la
vallée de Saint-Véran. Il se trouve à
2 646 m d'altitude. Ce col est sur la carte de Cassini au
même emplacement qu'aujourd'hui. Ce chapitre commence par une
description géologique et se poursuit par un
relevé des altitudes depuis Avignon jusqu'au Col
du Longet par
la vallée du Queyras.
Ensuite, l'auteur décrit les pensées que lui
suggèrent la vue depuis ce col. Pour reprendre les termes de
Claire-Eliane Engel, ce sont d'abord Ces monts
affreux : "Je ne vois que des fentes profondes, des
éboulemens, des rochers qui glissent, roulent, bondissent et
disparaissent…", suivi de Ces monts sublimes
:
"Où trouver, sous un désordre apparent, tant de
grandeur, tant de majesté, tant d'harmonie", en finissant
par une invocation à "l'immensité de Dieu, sa
sublime intelligence, les merveilles de la création". Il n'y
a malheureusement pas de description précise du panorama.
Vues des Alpes.
(pp. 173-215) : Il s'agit de 9 descriptions de paysages des
Hautes-Alpes où l'auteur se propose, par la
"poésie descriptive", d'en donner une meilleure
évocation que ne le ferait une peinture. Chaque vue
débute par une courte notice descriptive : localisation,
altitude, géologie, etc. Les paysages
décrits sont :
- Environs de
Chateauroux (p. 176)
- Gorges de la Chapelue.
(p. 180) : Il s'agit de la partie la plus étroite des gorges
du Guil, après le Veyer. Il finit la description par "Telles
sont les belles horreurs
qui se succèdent pendant demi-heure".
- Col de la Traversette.
(p. 183) : Prétexte à une évocation
historique (et lyrique) du monde romain.
- Col d'Isoard. (p.
187). Le début de la vue
décrit la Casse Déserte. Ensuite, c'est une
marche nocturne entre Servières (sic) et
Briançon : "nous flottions sans cesse entre la
réalité et l'illusion; tel est le sentier de la
vie."
- Environs de Suze,
d'Exiles et de Briançon. (p. 190) : La part la
plus important est consacrée à Annibal. Suivant
les conclusions de son compatriote M. de Fortia d'Urban, il le fait
passer par le Mont-Genèvre.
- Glacier d'Allefroide.
(p. 200) : Description de la vallée depuis Vallouise juqu'au
pied du glacier. Au passage, il signale la présence de la
vigne à 643 toises (1 253 m). Après avoir
remonté "un vallon uniforme et déboisé
où coule le Gy", il décrit le glacier tombant
"à pic" au fond d'un cirque ovale de 7 ou
800 toises de diamètre (1 400/1 500 m.). Ce cirque est le
Pré de Madame Carle et le glacier est le Glacier Blanc dont
l'extrémité, confondue avec celle du Glacier
Noir, empiétait alors sur le Pré de Madame Carle.
Le
torrent de Saint-Pierre, qu'il appelle le Gy, sort d'une
"voûte profonde" du glacier, dont
l'extrémité basse se trouve
à 965 Toises, soit 1 881 m. En cette fin de Petite
Age Glaciaire, l'extension des glaciers était
à son maximum.
- Glacier du Monetier.
(p. 205) : Ce glacier, que l'on peut identifier avec avec le glacier
qui porte toujours ce nom au dessus de Monétier-les-Bains,
est décrit comme "une immense et longue forteresse de
glace", qui couronne la chaîne de montagne. Il lui donne pour
hauteur : 1 160 toises, soit 2 260 m., ce qui doit correspondre au pied
du glacier.
- Chalets des Arcines.
(p. 207) : Ce sont les chalets de l'Alpe de Villar d'Arène :
"On croit toucher aux limites du globe". Il donne une description de la
vallée de la Romanche telle qu'on la voit depuis ces chalets
: "Un vallon grisâtre, nu, uniforme, nivelé dans
le fond, sillonné par un ruisseau qui promène ses
eaux glaciales, s'enfonce profondément au sud. Un autre
vallon, qui le coupe à angles droits, surmontés
ca et là d'un rempart de glace, termine cette
aride perspective".
- Bergerie du Viso.
(p. 211) : Description d'une nuit en montagne dans une bergerie
près du col de la Traversette, au pied du Mont-Viso.
Il termine par
une longue citation de Saussure. Ce texte avait
déjà été
publié, sans la
citation, dans l'ouvrage Mesures
barométriques paru la
même année.
(Sans titre) (pp. 216-218) : Ces quelques pages paraissent
être une
conclusion de l'ouvrage, qui se termine par une profession de foi
chrétienne de l'auteur.
Observation relative
à la page 21. (p. 219) : C'est un commentaire
sur la lithographie correspondante.
Notice du
Muséum Calvet. (pp. 220-301) : Description
très complète des collections de ce
musée : médailles, livres, peintures,
antiquités, etc. Selon une note de la page 106, cette notice
a été écrite par M. Binon.
Eglise d'Avignon.
(pp. 302-308) : Courte notice sur l'histoire de l'Eglise d'Avignon.
Laure. (pp.
309-314) : Sur la Laure de Pétrarque.
Table des
matières. (pp. 315-317)
Ouvrages
publiés par l'auteur du Panorama d'Avignon. (4
pages non chiffrées) : La plus grande partie est
consacrée à l'ouvrage Mesures baromètriques.
Errata.
(une page non chiffrée)
Avis au relieur
(une page non chiffrée)
(Sans titre) (une page non chiffrée) : Sur la
propriété de ce livre et où on le
trouve.
Toutes les lithographies sont signées : "Lith. de Guichard
aîné à Avignon". Elles
représentent toutes des lieux ou des monuments d'Avignon.
Deux des huit lithographies de l'ouvrage | |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Ce livre est annoncé comme devant paraître, en fin
de l'ouvrage Mesures
baromètriques du même
auteur, paru la même année à Avignon.
La provenance de l'exemplaire n'a pas
été identifiée. On reconnaît
une couronne royale :
Ex-libris (64 x 50 mm) : taille réelle et détail du motif central. | |
Commentaire personnel
Avec Mesures
baromètriques,
ce livre est une des premières descriptions de
l'intérieur du massif de Ecrins, Joseph Guérin
n'hésitant pas à entrer au
cœur du massif en s'approchant des
glaciers et dormant même à 2 500 m. d'altitude,
comme les futurs alpinistes. L'influence de Saussure, plusieurs fois
cité, est sensible. Appliquée au
Dauphiné, la démarche de Joseph
Guérin en fait un précurseur des grands
explorateurs du Haut-Dauphiné.
Cet ouvrage est très rare.
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique de Joseph Guérin
Exemplaire numérisé sur
Google Books
Guillemin : 1382
BNF : 8-LK7-662