Blason Dauphiné Bibliothèque Dauphinoise Armoiries Hautes-Alpes
Accueil Liste des Personnes Liste des Ouvrages Contact

Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Pezay

Alexandre-Frédéric-Jacques Masson est né à Versailles le 27 avril 1741, fils de Jacques Masson et Marie Boesnier. Son père, genevois protestant, est venu à Versailles où il fut contrôleur général des Finances. Il y est mort en 1741. Sa mère était la fille d'un riche commissionnaire en vins de Blois. Après avoir fait ses études au collège d'Harcourt, où il fait la connaissance de Dorat et de La Harpe, il entame une carrière militaire dans les dragons sous la haute protection de sa demi-soeur, la marquise de Cassiny, femme d'officier et maîtresse du prince de Condé. Néanmoins, il s'illustre dans la carrière des lettres, plus que dans celle des armes. Il est l'auteur de Zélis au Bain, paru en 1763, passé à la postérité pour être un des beaux livres illustrés du XVIIIe siècle, avec les vignettes d'Eisen. Il se donne alors le titre de marquis de Pezay, du nom d'une terre que possède sa mère près de Blois. C'est sous ce nom  qui est passé à la postérité, alors que rien ne l'autorisait à porter ce titre de noblesse. Tout le personnage est déjà là !

Il poursuit sa carrière militaire en rejoignant le corps en formation de l'Etat-Major des Logis. Il devient, en 1771, aide maréchal des Logis (équivalent à colonel d'Etat-Major). A ce titre, il est amené à parcourir les frontières en Franche-Comte et en Alsace. Fruit de ses "observations", il fait paraître : Soirées helvétiennes, alsaciennes et fran-comtoises  (sic), Amsterdam et Paris, Delalain, 1771, in-8°. Ainsi, il s'inscrit dans le mouvement de littérature alpine, en plein essor en cette fin de siècle, après l'ouvrage fondateur de J.-J. Rousseau : La Nouvelle Héloïse, paru en 1760. Cependant, sa connaissance des Alpes et de la montagne reste encore très sommaire. Il n'a pas pénétré, ni même approché, les massifs suisses et français et les sentiments exprimés restent fort convenus. Pezay appartenait au cercle de J.-J. Rousseau. C'est dans l'hôtel particulier de Pezay à Paris, que J.-J. Rousseau a lu pour la première fois Les Confessions, en décembre 1770.

En 1771, il publie Les Tableaux, suivis de l'histoire de Mademoisselle de Syane et du comte de Marcy et une traduction de Catulle, Tibulle et Properce, bien qu'il ne sache pas le latin. En 1774, il fait jouer son opéra-comique La Rosière de Salency, sur une musique de Grétry. Mais c'est la politique et les intrigues qui occupent son esprit. Il réussit à se faire admettre près du jeune roi Louis XVI. Par ses intrigues, il arrive à faire nommer Necker à la place de Turgot.

Pour couronner sa carrière littéraire et militaire, il donne son nom et quelques pages à Histoire des campagnes du Maréchal de Maillebois en Italie en 1745 et 1746,  Paris, Imprimerie royale, 1775, 3 volumes in-4° et un atlas de 48 plans, gravés par Delahaye. Cet ouvrage est un recueil des ordres du maréchal, suivi d'un récit de cette guerre par Buonamici en latin, avec sa traduction. L'ouvrage est complété d'une description, sous forme de dictionnaire géographique, des vallées des Alpes du Dauphiné et de la Provence, et de celles qui descendent sur l'Italie, de la Savoie jusqu'à Nice. Selon  H. Béraldi, ce dictionnaire est l'œuvre de Jean Villaret (1703 - ap. 1778), du corps des ingénieurs géographes militaires et auteur de la Carte du Haut-Dauphiné de Bourcet. Dans tout cela, que reste-t-il pour la marquis de Pezay ? Toujours selon Henri Beraldi, à la demande de Maillebois, fils du maréchal et amant de sa sœur, il a accepté de donner son nom comme auteur et de rédiger quelques textes préliminaires : préface, dédicace, etc. Le dictionnaire a été réédité en 1793 sous le titre : Noms, situation et détails des vallées de la France le long des grandes Alpes dans le Dauphiné et la Provence et de celles qui descendent des Alpes en Italie depuis la Savoye jusqu'à celle de Saint-Etienne au comté de Nice. Extrait des campagnes du maréchal de Maillebois par le marquis de Pesay. Il a ainsi laissé son nom à la postérité sur un des premiers ouvrages de topographie du Haut-Dauphiné. Pour Henri Berladi, la coupe est pleine. Dans l'article cité, il conclut (p. 27) : "Que faire donc désormais pour Pezay, par rapport aux Alpes du Dauphiné où il n'a jamais mis les pieds ? - Prendre la plume, le biffer. Et n'en plus parler."

En novembre 1776, il se marie avec Caroline de Murat. Nommé inspecteur des côtes, il mène une tournée. A son retour, il décède dans sa terre de Pezay le 6 décembre 1777.

On trouve aussi les orthographes Pesay et Pezai. Il est aussi appelé le marquis Masson de Pezay.

Son ouvrage Les soirées helvétiennes reste connu pour être une des premières relations de voyage en Suisse, avant les ouvrages célèbres de Deluc, Bourrit ou Saussure. Il a néanmoins fait l'objet de jugements toujours sévères :

Henri Beraldi, dans l'article cité :  "petit caprice sans valeur pour nous, même extra-mauvais" (p. 4) Le chapitre qu'il consacre à cet ouvrage s'intitule : "La fausse littérature de montagne".  Il lui reproche de n'avoir rien vu des montagnes qu'il décrit. Néanmoins, comme il s'agit d'un livre qui a eu du succès et de l'influence en son temps, il se doit de lui consacrer une analyse.
Perret (3420, p. 402) : "Un des tout premiers récits de voyage en Suisse, en style ampoulé".
Claire-Eliane Engel, dans La littérature alpestre en France et en Angleterre aux XVIIIe et XIXe siècles, n'y trouve que "Emotion de commande, descriptions toutes faites dont quelques contemporains blâmaient déjà la fadeur laborieuse." (p. 29). Dans "Ces Monts affreux..", elle est encore plus sévère : "un discours aux assurances prétentieuses et bouffonnes, imprégné de fausse sensibilité, encombré d'apostrophes ou bien d'images qui sont autant d'atteintes choquantes à la réalité" (pp. 56-57).

Marquis de Pezay Frontispice de Le Pot-Pourri, épître à qui l'on voudra, de Dorat, suivi de l'Epître à mon ami, de Pezay, Genève et Paris, S. Jorry, 1764. Gravure de Eisen.

Pezay, en uniforme de dragon, se trouve au centre, avec Dorat à gauche.
Pour agrandir, cliquez sur la photo


Ouvrages de cet auteur sur ce site

- Noms, situation et détails des vallées de la France le long des grandes Alpes dans le Dauphiné et la Provence... (édition de Turin, 1793)
- Noms, situation et détails des vallées de la France le long des grandes Alpes dans le Dauphiné et la Provence... (seconde édition de Turin, 1794)
- Noms, situations et détails des vallées de la France..., édition de 1894, publiée par Henry Duhamel

Sources  (Voir : Liste des sources et références)

Nous avons essentiellement utilisé un article d'Henri Beraldi : Pezay et Villaret, 1775, paru dans La Montagne, 8e année, n° 1, janvier 1912, pp. 1-33. L'article est défavorable au personnage, peu sympathique au demeurant. Probablement que certains jugements ou certaines hypothèses sur la rédaction des ouvrages consacrés à la montagne devraient être revus.

Un site (en anglais) bien complet sur l'histoire de la famille et de l'entourage du marquis de Pezay, en particulier sur ses liens avec les Cassini (avec un arbre généalogique) : http://www.catnaps.org/cassini/babaud.html
Sur la lecture des Confessions chez le marquis de Pezay : http://www.rousseau-chronologie.com/retouraparis70-71.html

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à m'écrire : bibliotheque.dauphinoise@noos.fr

Accueil