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Carte géométrique du Haut-Dauphiné et de la frontière ultérieure

levée par ordre du Roi
sous la direction de Mr. de Bourcet, Maréchal de Camp, par Mrs. les Ingénieurs ordinaires et par les Ingénieurs Géographes de Sa Majesté, pendant les Années 1749 jusqu'en 1754.
Dressée par le Sr. Villaret, Capitaine Ingénieur Géographe du Roi.

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

[Paris, 1758], Recueil de 9 planches gravées, de format 550 x 850/860 mm, formant un ouvrage in-folio (550 x 430 mm), les planches sont montées sur onglet.
Demi-chagrin bleu


Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : reliure
Les planches ont été gravées par Guillaume De la Haye :
Carte du Haut-Dauphiné, Bourcet : graveur
Elles portent toutes la marque d'un tampon sec : "Dépôt de la Guerre" :
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : tampon sec
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Notes sur l'ouvrage

Recueil de 9 planches, composé d'une planche de titre, de 5 cartes gravées du Haut-Dauphiné et de 3 cartes gravées de l'Ubaye et des Alpes-Maritimes.

Le détail du recueil est le suivant (chaque planche porte en haut à gauche un numéro) :


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Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche I
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Planche n° 1 : Planche de titre, dessinée par H[ubert]. Gravelot et gravée par Noël Le Mire, en 1758 (signatures en bas à droite). Cette belle gravure contient les représentations allégoriques de plusieurs fleuves des Alpes, au sein d'un paysage imaginaire de montagne. En bas à gauche, des angelots jouent avec des outils de cartographes.
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : graveurs du titre
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche II
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Planche n° 2 : Grésivaudan (orthographié Graisivaudan), Chartreuse. Les limites sont au nord la frontière avec la Savoie et au sud la rive gauche de l'Isère.
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche III
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Planche n° 3 : Grenoble, Belledonne, Oisans jusqu'au Lautaret, Matheysine, rive gauche du Drac, partie ouest du massif des Ecrins. Cette carte représente et identifie quelques uns des sommets du massif des Ecrins : Aiguille du Midy (Meije), Montagne d'Oursine (Barre des Ecrins), Grand Pelvoux. C'est la première fois qu'ils apparaissent sur une carte. Voir détail ci-contre : cartographie de la haute vallée de la Romanche jusqu'au Lautaret, avec le massif de la Meije.
Carte du Haut-Dauphiné, Bourcet : La Meije
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche IV
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Planche n° 4 : Briançonnais, y compris les vallées cédées par le traité d'Utrechet (1713), partie est du massif des Ecrins. Les limites sont au nord la frontière avec le Piémont et à l'est l'ancienne frontière avec le Piémont (avant 1713).
Voir détail ci-contre : cartographie de Briançon et des vallées convergentes.
Carte du Haut-Dauphiné, Bourcet : Briançon
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche V
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Planche n° 5 : Valgaudemar, Champsaur, Gapençais. Les limites sont au sud la rive gauche de la Luye et à l'ouest, la ligne de crêtes qui sépare le Champsaur du Dévoluy.
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche VI
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Planche n° 6 : Vallouise, Embrunnais, Queyras. La limite Est est la frontière avec le Piémont.
Cette planche porte les échelles : Echelle de deux lieues communes de France, Echelle de sept mille deux cent Toises, soit 1:86 400e.
Voir détail ci-contre : cartographie de la vallée de la Durance avec Mont-Dauphin et Guillestre.
Carte du Haut-Dauphiné, Bourcet : Mont-Dauphin et la Durance
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche VII
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Planche n° 7 : Ubaye, partie nord du Mercantour. Les limites sont au sud la rive gauche de l'Ubaye et la frontière avec la Provence et à l'est la frontière avec le Piémont.
La partie haute de cette carte recouvre partiellement la partie correspondante de la planche 6.
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche VIII
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Planche n° 8 : Partie sud du Mercantour, Haute-vallée du Var.
Le sens d'impression est sud-nord.
Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet : planche IX
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Planche n° 9 : IX : Vallée du Var jusqu'à la mer, Comté de Nice, jusqu'au Royaume de Gênes. Cette planche porte l'échelle : "Echelle de Six Mille toises", soit 1:86 400e, et un cartouche de légendes : "Explication des signes qui expriment les differents lieux de cette carte".
Le sens d'impression est sud-nord.

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Les 5 cartes du Haut-Dauphiné peuvent être assemblées pour former une seule carte.

Historique

C'est la guerre dans les Alpes entre 1742 et 1748 qui est à l'origine du levé de cette carte. Le Comté de Nice, appartenant à la France de 1744 à 1748 et restitué au traité d'Aix-la-Chapelle, a d'abord été relevé. Les minutes du comté de Nice et de Beuil furent terminées en 1748 et furent accompagnées de mémoires descriptifs rédigés par Bourcet. A la demande du ministère, on poursuivit le relevé sur la frontière du Dauphiné. Toujours sous la direction de Bourcet, on procéda au levé de la carte de la frontière du Dauphiné de 1749 à 1752, travail qui fut poursuivi jusqu'en 1754, malgré le départ de Bourcet qui avait quitté le Dauphiné pour des missions dans le Nord de la France. Montannel , qui travaillait sous les ordres de Jean Villaret, rédigea les mémoires qui devaient accompagner la carte.
Ensuite, Jean Villaret réduisit à l'échelle d'une ligne pour cent toises (1:86 400e) les minutes levées entre 1749 et 1754. Cette première partie fut publiée en 1758. Elle ne comprenait que les 6 premières cartes, sans le comté de Nice, ni la vallée de Barcelonnette. En 1763, Villaret publia la suite de son travail en trois feuilles sous le titre : Carte du comté de Nice et de la vallée de Barcelonnette levée pendant la campagne de 1748 sur laquelle on a marqué la limite entre la France et le Piémont suivant le traité de 1760. On réunit ensuite le tout en neuf feuilles numérotées, mais on conserva le premier titre dont on ne modifia pas les dates. Cette publication en deux étapes explique le chevauchement entre les planches 6 et 7. Le style des gravures des cartes est légèrement différent entre les deux séries, même si elles sont toutes l'œuvre de Guillaume De La Haye.

L'étude de base sur l'exploration et la description de la frontière du sud-est est la Notice historique sur les travaux de topographie relatifs aux Alpes franco-italiennes (pp. V-LII), en introduction à la publication des mémoires de Montannel : La topographie militaire de la frontière des Alpes. Edité par les soins de M. A. de Rochas d'Aiglun, capitaine du génie, membre de l'Académie delphinale, Grenoble, 1875. Les informations ci-dessus sont un résumé de cette notice.

Henri Beraldi a consacré un article aux rôles respectifs de Villaret et Pezay dans la description des Alpes dauphinoise : Pezay et Villaret, 1775, paru dans La Montagne, 8e année, n° 1, janvier 1912, pp. 1-33. L'article est très défavorable à Pezay et réhabilite le rôle de Villaret dans la rédaction du mémoire attribué à Pezay : Noms, situation et détails des vallées de la France le long des grandes Alpes dans le Dauphiné et la Provence...., paru en 1793, extrait de l'Histoire des campagnes du Maréchal de Maillebois en Italie en 1745 et 1746,  par le marquis de Pezay, Paris, 1775. Ce mémoire est le complément indispensable de la carte de Bourcet. Il donne une description littérale des vallées, routes, rivières, etc. de la région. La toponymie est la même que celle de la carte (par exemple, Grenou, pour le col du Granon). Un utile Index alphabétique des cols et passages (pp. 95-104), qui donne les appellations modernes des cols et passages avec, en regard, les appellations utilisées par Pezay, a été inclus dans le publication du travail de Pezay par H. Duhamel  en 1894 (voir Noms, situation et détails des vallées de la France..., édition de 1894). Ce glossaire s'avère très utile pour la carte du Haut-Dauphiné de Bourcet, en permettant d'identifier quelques cols ou passages dont les noms ont changé ou ont été fortement altérés par les ingénieurs-géographes. Dans son introduction, H. Duhamel recommande au lecteur "de suivre les descriptions de Pezay sur la carte de Bourcet, dont elle est en réalité un véritable commentaire" (p.3).

Le levé de cette carte est contemporain de celui conduit par Cassini. Pour certaines parties de la carte, on se servit des signaux et des mesures que Cassini venait de déterminer entre Grenoble et Embrun, pour une carte commencée en 1750. On s'appuya sur la triangulation mise en place par Cassini. A ce sujet, on peut se reporter à l'étude de Paul Helbronner sur l'historique de la cartographie du massif dans le premier chapitre de Description géométrique détaillée des Alpes françaises. Tome VIII : Chaîne méridienne de Dauphiné-Provence, Paris, 1925 (voir pp. 15-17). Comme tous ceux qui ont commenté la carte de Bourcet, Paul Helbronner relève qu'elle est supérieure à celle de Cassini par la précision, la clarté et la richesse de la toponymie.

James Forbes, dans le chapitre consacré au Dauphiné dans Norway and its glaciers, Edinburgh, 1853, fait l'éloge de cette carte qu'il utilise pour la connaissance de la topographie du pays : "a most admirable and faithful map of Dauphiné" et "extremly clear, and its fidelity makes it invaluable to the traveller" (p. 258). Cela lui fait commettre quelques erreurs ou confusions. Par exemple, il ne fait pas le lien entre le montagne d'Oursine (Les Ecrins – 4 102 m), qu'il voit depuis les Etages et la pointe des Arcines ou des Ecrins, dont il connaît l'existence par les ingénieurs français, mais qu'il n'a pas vue lors de son passage à Vallouise. 

Cette carte est étudiée et citée plusieurs fois dans l'ouvrage de référence : Les grandes Alpes dans la cartographie. 1482-1885, 2 tomes, L. et G. Aliprandi, 2005. Ils situent ce travail dans le contexte d'une meilleure description et connaissance des frontières suite aux différents conflits et changements de limites qui ont affecté cette région entre la fin du XVIIe et la première moitié du XVIIIe siècle. A la base, il y avait les préoccupations stratégiques de la connaissance des passages et cols vers le Piémont, dans le cadre des conflits entre la France et le Piémont (Tome I : p. 165-168, la planche de titre est reproduite p. 174 (n° [96])). Dans la notice qu'ils consacrent à Pierre-Joseph de Bourcet (Tome I : pp.  214-216), ils relèvent : "Cette carte fut considérée comme la meilleure représentation topographique du territoire alpin. [...] Le dessin des montagnes est particulièrement suggestif : il est réalisé en perspective cavalière, avec des hachures qui donnent une très bonne idée du relief de l'arc alpin". Ils considèrent que "pour les feuilles relatives au Dauphiné et au comté de Nice, le dessin des montagnes est meilleur que celui de la carte de France de Cassini (1776-1779)". Ce tome I inclut la reproduction de la carte montrant le Mont-Viso (n° [129]) et d'une carte restée manuscrite de Bourcet : Carte des Alpes depuis Nice jusqu'au Lac de Genève, postérieure à 1760. Dans le tome II , la carte est citée dans la partie consacrée à la cartographie du Mont-Viso, avec une reproduction d'un détail de la carte Queyras (n° [129.1], p. 40).

Pour finir, elle a été présentée dans l'exposition de 1984, Images de la Montagne, de la BNF et de l'IGN. Dans le chapitre "Technique de représentation de la montagne sur les cartes topographiques" du catalogue, l'auteur situe cette carte dans l'évolution de la représentation du relief, depuis la perspective cavalière jusqu'aux courbes de niveaux, en passant par les hachures. Dans la notice consacrée à cette carte (n° 118, p. 63), l'auteur situe celle-ci : "L'œuvre de Bourcet, antérieure pour cette région de quelques années à celle de Cassini, apparaît comme un travail de transition. Les reliefs moyens sont représentés  en projection verticale, mais les reliefs les plus élevés (à l'Est de la feuille n° 6 et au Nord de la feuille n° 9) sont encore traités en perspectives cavalières." Pour nuancer le propos, la perspectives cavalière ne concerne que la marge de ces deux cartes. C'est plutôt un artifice de transition sur les marge de la représentation. Les reliefs élevés du massif sont représentés avec la même convention que les reliefs moyens; ils sont seulement moins précis (voir la représentation de la Meije).

Cette carte a été réduite au 1:207 360e, gravée par Baltard : Carte des Alpes françaises, réduite d'après celle du général Bourcet, comprenant le ci-devant Haut-Dauphiné et le comté de Nice, 2 feuilles 81 x 57 cm (BNF : Richelieu : GE C- 2650). Elle n'est pas datée, mais doit avoir été publiée au début du XIXe siècle.

Elle a ensuite été reproduite en 1884, puis, plus récemment, par l'IGN.

Le Haut-Dauphiné a ensuite été exploré par les ingénieurs qui procédaient au levé de la carte d'Etat-Major. C'est le capitaine Adrien Durand qui a eu la lourde et épuisante tâche de lever le massif des Ecrins. C'est ainsi qu'il fit la première ascension du Pelvoux en 1828. Pour la connaissance précise de la géographie interne du massif et la fixation de la toponymie, il faut attendre les travaux de Paul Guillemin, qui publia une carte du massif du Pelvoux en 1879, et de Henry Duhamel, avec la carte qui illustre le Guide du Haut-Dauphiné, en 1887.

Commentaire personnel

Un seul mot : indispensable !

Références  (Voir : Liste des sources et références)

Notice biographique de Pierre-Joseph de Bourcet.
Notices wikipedia de Hubert-François Gravelot et de Noël Le Mire.

Jean Villaret. Ingénieur géographe né à Montpellier en 1703. Il débuta en travaillant à la carte des Pyrénées avec La Blottière. A partir de 1733, il fit les campagnes d'Italie et d'Allemagne. Il fut chargé de lever la carte du Haut-Dauphiné (1748-1754). En 1772, il est nommé chef des ingénieurs géographes militaires, en remplacement de Berthier, père du maréchal. Il quitte ce poste en 1778. Il serait mort en 1784. (Henri Beraldi, Pezay et Villaret, 1775, paru dans La Montagne, 8e année, n° 1, janvier 1912, pp. 23-24 et BNF).

Guillaume-Nicolas Delahaye (1727-1802). Graveur qui se spécialisa dans la gravure de cartes (il en aurait gravé 1200) et devint l'un des graveurs les plus recherchés dans ce domaine. Il travailla avec son père, Jean-Baptiste, et son frère, Jean-Baptiste-Henri (Delahaye filius, Delahaye l'aîné). (Notice et BNF)

Perret : 635 : "Carte précieuse pour son exactitude; on y lit les moindres accidents de terrain, ce qui est remarquable pour l'époque. C'est l'une des premières à mentionner le Pelvoux. Très rare et recherché en édition originale; la réédition est peu courante".
Rochas : I, p. 169 (I)
Perrin : 1126, pour la réédition : Paris, Dépôt de la Guerre, tirage de 1884, qui se présente sous forme de neuf ff. entoilées à plat.
Maignien (Catalogue) : 44 : 10 cartes in-folio, y compris le titre et une carte générale.
Guillemin : 34 : 10 feuilles réunis en 3 et Guillemin : 35 : 9 feuilles et 2 tableaux d'assemblage
SdB : 720 (46 f.) : 7 ff. collées sur toile et renfermées dans un étui.
BNF : Richelieu GE CC- 2061, avec des dimensions un peu supérieures : 590 x 870.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à m'écrire : bibliotheque.dauphinoise@noos.fr

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