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Louis Fantin
Libraire parisien du premier tiers du
XIXe siècle, originaire du
Briançonnais.
Les
origines et la famille
La famille Fantin est originaire
d'Arvieux, dans le
Queyras (Hautes-Alpes). Famille de notaires et d'hommes de loi, dont on
trouve la première mention avec Pancrace Fantin,
notaire à Arvieux en 1490, ils étaient
solidement implantés dans la vallée. Comme
beaucoup de familles notables du Haut-Dauphiné, ils ont
embrassé la religion réformée
dès son implantation dans la région. La
maison Fantin,
à Arvieux, pas sa taille, son architecture à
arcades et sa décoration, est le signe
tangible de la notabilité de la famille.
L'arrière-grand
père de Louis Fantin, Charles Fantin, était
notaire à Arvieux à la fin du XVIIe
siècle. Son fils André (1686-mort
après 1734) suivit une autre voie,
laissant l'office de notaire à son
frère aîné Jean.
Il devint docteur en médecine, mais resta à
Arvieux, dont il fut le consul. Son fils André, le
père de Louis Fantin, né vers 1721,
continua dans les traces paternelles. Il fut chirurgien-major
au
Château-Queyras. C'est là que le 8
décembre 1748, il épousa Jeanne
Audier, fille de Jean-Joseph Audier, notaire et
consul de Château-Queyras. De ce mariage sont
issus 11 enfants, tous nés au
château-Queyras. On ne suit la trace que de 3 d'entre
eux :
- Madeleine, née le 5 avril 1752
- Antoine André, né le 10
novembre 1753
- Louis Marie, né le 26
janvier 1764
Registres paroissiaux de Château-Ville-Vieille (Château-Queyras) | |
Acte
de mariage d'André Fantin et Jeanne Audier |
Acte
de baptême de Louis Marie Fantin |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Encore enfants, ils perdent leurs
parents.
André Fantin est mort le 28 septembre 1768 et
Jeanne Audier le 19 avril 1774. Louis Fantin n'a que 10 ans.
On ne sait rien de leur
enfance, de ce qu'ils devinrent après les
décès prématurés de leurs
parents, ni qui les prirent en charge. On ne retrouve Louis
Fantin qu'en 1796, alors qu'il est libraire à
Gênes.
Son
frère André fut chirurgien en
chef de l'hôpital de Briançon.
Il est mort à Bardonnèche le 9 novembre 1804. Il
avait épousé une fille Ferrus,
d'une famille notable briançonnaise. Sa
sœur Madeleine épousa Guillaume-Laurent
Ferrus, maire de Briançon et député
à l'Assemblée Législative. Leur fils
Guillaume Ferrus (1784-1861), donc le neveu de Louis Fantin, suivit la
tradition familiale du côté
maternel, sous l'égide de son oncle
André Fantin. Il fut d'abord chirugien-major dans les
armées impériales, puis médecin
aliéniste, élève de Pinel et
à l'origine de nombreux travaux précurseurs sur
les aliénés.
Louis Fantin est mort le 2 avril 1832,
peut-être à Paris. Nous ne savons pas s'il
était marié, ni s'il a eu une descendance.
Pour finir sur la famille Fantin,
signalons qu'elle s'est subdivisée en de très
nombreuses branches, qui se distinguèrent par des surnoms
accolés à leurs noms : Fantin Latour,
Fantin Lacombe, Fantin des Odoards, Fantin Lachalp, etc. Le
peintre Henri Fantin-Latour était donc un lointain cousin de
Louis Fantin, ainsi qu'Antoine Fantin des Odoards (1738-1820),
historien.
Château-Queyras lithographie de Victor Cassien dans l'Album du Dauphiné |
Maison Fantin à Arvieux |
Guillaume
Ferrus médecin aliéniste et neveu de Louis Fantin |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Louis
Fantin, le libraire
Dès le début du
XVIIIe siècle, de
nombreux Briançonnais ont quitté leurs
vallées pour s'établir comme libraires dans de
nombreux pays du monde. Souvent, ils passaient de
l'émigration temporaire, c'est à dire du
colportage de livres,
à l'installation définitive. On peut
donner
quelques-unes des destinations de ces libraires briançonnais
: en Italie, Gênes (Gravier), Rome (Merle, Gravier), Naples
(Borel, Bompard), Turin (Reycends, Gravier); en Espagne, Madrid (Faure,
Mounier), Barcelone (Giaud,Orcel,..); au Portugal, Lisbonne (Borel,
Rey, Orcel, ..); au Brésil, à Rio (Martin,
Bompard), etc. Ils venaient majoritairement de
Monêtier-les-Bains et de Villeneuve-La Salle.
Dans le deuxième
moitié du XVIIIe siècle,
Yves Gravier est installé comme libraire
à Gênes. Il est associé à
Louis Fantin. Celui quitte Gênes en 1796 pour s'installer
à Paris. Il est alors remplacé par Simon Gravier.
Celui-ci, originaire de Villeneuve-la-Salle, né en 1769,
était allé rejoindre son oncle Thomas Gravier,
libraire à Rome associé avec Bouchard. Ce Simon
Gravier avait publié à ses frais en 1794
l'ouvrage contre-révolutionnaire Mémoires pour servir
à l'histoire de la Persécution
française, de l'abbé Pierre Hesmivy
d'Auribeau, écrit à la demande du pape Pie VI.
Vers 1796, à l'arrivée des troupes
françaises, Simon Gravier dut fuir "car son arrestation
avait été décidée. Il
quitta Rome et se réfugia à Gênes
où l'un de ses parents, Yves Gravier, possédait
une importante librairie".
On ne sait quand Louis Fantin s'établit libraire à Paris. Il y était en 1800 et il publia son premier ouvrage en 1805. Il est d'abord installé 70 quai des Grands-Augustins, puis 55 quai des Grands-Augustins. Il est rejoint par Simon Gravier en juillet 1801, qui devient son commis puis son associé sous la raison "Fantin, Gravier et compagnie". Selon la notice de la BNF, Louis Fantin semble avoir dirigé, de 1802 à 1806 au moins, la "Librairie de la Société typographique", spécialisée dans le livre religieux. Jusqu'en 1807 au moins, il reste en association avec la maison Gravier de Gênes. En 1799, il accueille un apprenti libraire originaire du Briançonnais, Michel-Antoine Carilian, qui sera libraire sous le nom de Carilian-Gœury(voir notice sur ce site).
En 1815, Louis Fantin, pour
raisons de santé,
cède sa libraire à Simon Gravier qui s'associe
à Pierre-Joseph Rey, originaire de Villeneuve-La Salle,
libraire à Lisbonne pendant une quarantaine
d'années et revenu à Paris suite aux
événements politiques. Ils obtiennent un brevet
de libraires en mai 1815, sous la raison sociale Rey et Gravier et
garde
l'adresse de Louis Fantin : 55 quai des Grands-Augustins. Entre 1815 et
1840, ils publièrent de nombreux ouvrages. Simon Gravier est
mort à Paris le 6 mars 1839.
En définitive,
Louis Fantin ouvre une nouvelle libraire en 1817, au 9 rue de Seine. Il
sera actif jusqu'en 1829. Il est mort en 1832.
Tant dans sa
première librairie,
que dans la deuxième, il publia de nombreux ouvrages. Le
premier ouvrage publié semble être :
Carlo Denina
Tableau historique,
statistique et moral de la Haute-Italie et des Alpes qui l'entourent,
précédé d'un coup d'œil sur
le caractère des empereurs, des rois et autres princes qui
ont régné en Lombardie depuis
Bellovèse et César jusqu'à
Napoléon premier, Paris : L. Fantin, 1805.
Jusqu'en 1829, il publia une trentaine
de titres, dont quelques
ouvrages de ses compatriotes des Hautes-Alpes :
Faure (Louis-Etienne)
- Le berger des Alpes ou
Mémoire sur la manière d'élever, de
propager les Bêtes à laine d'Espagne
Mérinos, et la race indigène dans le
département des Hautes-Alpes.
Paris, Fantin, Libraire, 1807, in-12, VIII-104-8 pp.
- Mémoire sur
les prairies artificielles
Paris, Fantin, 1814, in-8°, 30 p.
Alexandre-Maurice Blanc de
La Nautte, comte d'Hauterive
-
Élémens d'économie politique, suivis
de quelques vues sur l'application des principes de cette science aux
règles administratives.
Paris : Fantin, 1817
[Ladoucette (Jean-Charles-François, Baron de)]
- Histoire,
antiquités, usages, dialectes des Hautes-Alpes,
précédés d'un essai sur la topographie
de ce département, et suivis d'une notice sur M. Villars,
par un ancien Préfet, membre de la
Société royale des Antiquaires de France.
Paris, Chez Fantin, libraire, Delaunay, libraire, Treuttel et
Würtz, libraires, Imprimerie de Mme Hérissant Le
Doux, septembre 1820, in-8° (211r x 130 mm), (4)-CXXXIX-(1)-208
pp., une carte dépliante et 7 gravures hors-texte.
- Nouvelles, contes,
apologues et mélanges.
Paris, Fantin, 1822, in-12
Bien que
décédé, son nom apparaît sur
la nouvelle édition de l'ouvrage du baron Ladoucette :
Histoire, topographie,
antiquités, usages, dialectes des Hautes-Alpes avec un atlas.
Paris, Fantin; Carilhian-Goeury; Delaunay; Rey et Gravier, 1834,
XVI-664 pp.
Adresses de Louis Fantin | |
En 1807 | En 1820 |
Il publia des catalogues :
En
1802 |
En
1807 |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Pour finir, deux jugements
contradictoires sur Louis Fantin :
Le premier est la courte notice
très favorable que lui a consacrée Aristide
Albert dans :
Biographie-bibliographie
du Briançonnais. Vallée du Queyras. Canton
d'Aiguilles, Gap, 1889, p. 20-21 :
"Louis-Marie Fantin, né le 26 janvier 1764, libraire
à Paris, mort le 2 avril 1832. Le nom de Louis Fantin a
été en honneur parmi les Hauts-Alpins du
commencement de ce siècle pour ses manières
courtoises, pour sa droiture comme éditeur, et aussi pour sa
généreuses hospitalité et ses
procédés de cicerone
obligeant envers ses compatriotes dauphinois tout à fait
dépaysés à Paris, lors des voyages
rares et peu en faveur à cette époque dans la
bourgeoisie de province.".
L'auteur anonyme de cette courte notice
rapporte une opinion nettement moins favorable sur Louis Fantin et,
plus généralement, sur sa famille :
Petite revue dauphinoise.
6ème année : mars 1891-
février 1892 : pp. 53-54
Un propos de libraire
(non signé) :
"En 1815, le libraire Fantin abandonna son commerce à MM.
Rey et Gravier, tous deux Briançonnais; puis, en 1817, il
rouvrit un autre magasin sous la raison sociale Fantin et Cie.
Il est probable qu'il n'entretenait pas d'excellentes relations avec
ses successeurs, car ceux-ci s'en plaignent avec une certaine aigreur
à son endroit dans une lettre adressée
à un de leurs correspondants de Grenoble. "La conduite
actuelle de M. Fantin à notre égard, nous
rappelle le proverbe briançonnais "ne fantinarebis.". Elle
est désapprouvée par tous les libraires de Paris
etc., etc." La famille Fantin, qui était nombreuse
à Briançon, n'était donc pas de
relations agréables, que l'on recourait à un
proverbe pour l'anémathiser (sic)."
Ouvrages de ce libraire-éditeur sur ce site
Le berger des Alpes,
1807
Mémoire sur les prairies
artificielles, 1814
Sources (Voir : Liste des sources et références)
Sur sa famille et son origine :
Armorial Haut-Alpin,
Jean Grosdidier de Matons : familles Fantin : pp. 299-304.
Biographie-bibliographie
du Briançonnais. Vallée du Queyras. Canton
d'Aiguilles, Aristide Albert, Gap, 1889 : notice famille
Fantin : pp. 17-24
Dictionnaire
biographique des Hautes-Alpes, Abbé Allemand
Dictionnaire
biographique des Hautes-Alpes, Georges Dioque.
Page Internet sur la maison Fantin, à
Arvieux.
Notice Wikipedia :
- Guillaume Ferrus, en anglais (!)
- Henri Fantin-Latour
- Antoine Fantin des Odoards
Sur François Fantin, de Briançon (autre branche
de cette famille) : cliquez-ici.
Sur Louis Fantin libraire :
Archives
nationales. Liste générale des
brevetés de l'Imprimerie et de la Librairie. 1er Empire et Restauration.
Consultable par Internet.
BNF : notice sur Louis Fantin et catalogue
général.
Les
Briançonnais Libraires, d'Aristide
Albert, 1874.
Histoire du colportage
en Europe. XVe - XIXe
siècle, Laurence Fontaine, Paris, 1993 : un
chapitre complet sur les libraires Briançonnais : III - Réseaux de
libraires et colporteurs de livres en Europe du Sud (XVIIIe
siècle), pp. 69-94 et plus
particulièrement pp. 84-85 sur Simon Gravier. Libraires
briançonnais en Europe au XVIIIe
siècle : pp. 263-272 : plus d'une centaine de
noms. Bibliographie.
Bulletin de la
Société d'Etudes des Hautes-Alpes,
1886, Les
Briançonnais libraires en Italie, M.
Demersuay, pp. 118-119 : sur Thomas Gravier et Simon Gravier
à Rome.
En Val Guisane,
Geneviève Julliard, 1993, en particulier : Chapitre III. Vicissitudes pour
l'obtention du brevet du bon libraire. (pp. 31- 41), sur
l'installation de Simon Gravier à Paris et son rachat de la
librairie Fantin. Reproduction de nombreux documents.
Notice sur le libraire Carilian-Goeury.