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PAGE THÉMATIQUE : Exploration du Haut-Dauphiné (Oisans/Ecrins) |
J.-H.
Roussillon
Docteur-Médecin, et membre de la
Société de statistique de l'Isère.
L'Oisans,
essai historique et statistique.
Mémoire
présenté à la
Société de statistique de l'Isère le 4
avril 1846.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Grenoble,
Imprimerie de Prudhomme, 1847 In-8° (222 x 144 mm), [2]-65 pp. Vignette gravée au titre. |
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Notes sur l'exemplaire
Broché sous couvertures muettes d'attente.
Notes sur l'ouvrage
Première publication du docteur Roussillon sur l'Oisans, région dont il sera tout au long de sa vie le promoteur infatigable. Ce premier travail s'apparente plus à une monographie régionale. Ce n'est que dans son ouvrage suivant, Le Guide du voyageur dans l'Oisans, paru en 1854 qu'il abordera la région d'un point de vue touristique avec la volonté afficher de la faire connaître.
Cet ouvrage est la première étude uniquement consacrée à l'Oisans. L'ouvrage se présente sous la forme d'un exposé, sans séparation, ni chapitre. Sur les parties historiques et scientifiques, c'est essentiellement un travail de compilation, parfois sans beaucoup d'esprit critique sur l'histoire. La partie descriptive, incluant la description des mœurs et usages de habitants, se nourrit des observations personnelles de l'auteur qui était en même temps originaire de cette région et médecin à Bourg d'Oisans. Le thème de la voie romaine dans l'Oisans, sur lequel il travaillera beaucoup dans les années suivantes, n'est que rapidement abordé.
Le contenu de l'ouvrage est le suivant :
Faux titre (p. non chiffrée)
Titre (p. 1). Notons que la vignette du titre n'a pas de lien avec le
contenu de l'ouvrage.
Après quelques lignes d'introduction (p. 3) : « Sous ces divers rapports, l'observation de l'Oisans excite le plus grand intérêt. », il débute par l'histoire de l'Oisans depuis les Romains jusqu'à l'Empire (pp.3-18).
Il poursuit par un coup d’œil général sur la topographie de l'Oisans (pp. 18-19), qui est l'occasion pour lui d'évoquer le monde particulier de la montagne : « Considéré dans son ensemble, c'est un vaste groupe de montagnes de hauteur différente, coupées par des intersections profondes, des gorges, des vallons venant aboutir à une vallée principale. Tantôt arides et décharnées, ces montagnes attristent le regard par leurs rochers abruptes, par les déchirures de leurs flancs ou leurs anfractuosités profondes, et l'étonnent par leurs pics orgueilleux ou par les glaces qui revêtent leurs cimes ; tantôt parées de végétation, elles s'élargissent en plateaux verdoyants ou descendent en collines couvertes de bois ou de culture, et forment ainsi les sites les plus pittoresques à côté des plus sombres aspects, l'image de la fécondité à côté de la désolation et de la stérilité complète. Les paysages de cette contrée, sinon aussi gracieux que ceux de la Suisse, l'emportent sur ces derniers par de plus étonnants contrastes et par des horizons qu'on chercherait vainement ailleurs. Partout un singulier mélange de la nature sauvage et de la nature cultivée montre la main de l'homme et les bornes de son activité. Telle est dans ce pays la variété des perspectives, des climats et des productions, que la nature, en quelque sorte opposée à elle-même, semble réunir toutes les saisons dans le même temps, tous les climats dans le même lieu, et former un accord mystérieux entre les productions de la plaine et celles de la montagne. En haut, des rocs arides ou couverts de glaces; au-dessous, des pelouses de verdure ; à des hauteurs inégales, des forêts, dont le sombre feuillage tranche sur la verdure qui les domine, ou sur la teinte variée des roches qui les entourent; puis les terres cultivées qu'un pénible labour a pu féconder jusqu'à des élévations considérables; çà et là, des hameaux étages sur les versants ou assis dans les vallons. L'aspect imposant des montagnes, leurs pâturages émaillés de fleurs en été, les torrents et les ruisseaux qui roulent avec un majestueux fracas, ou se précipitent des hauteurs en cascades rebondissantes; enfin, le bassin de la plaine, la riche culture qui le décore, les nombreux cours d'eau qui l'arrosent, tout cela forme un tableau dont les beautés inconnues aux pays de plaine ne peuvent être appréciées qu'en les voyant. Le spectacle de magnifiques horreurs, les scènes lamentables de la nature en désolation,dont on retrouve aussi là les plus sombres tableaux, font éprouver à l'âme des émotions incomparables, et nulle part aussi saisissantes dans les régions alpines. » (pp. 18-19). Comme on le constate, il développe une vision de la montagne, où la haute montagne proprement dite est encore perçue comme "les Monts affreux". Il développera beaucoup dans son ouvrage suivant le contraste entre les paysages et la comparaison avec la Suisse.
Il poursuit par une description plus
précise du climat, en particulier de la plaine de Bourg
d'Oisans, qu'il oppose aux montagnes (pp. 19-24), suivi d'un
exposé sur l'agriculture (pp. 24-28), avec un
développement sur les pâturages qui
« sont pour l'alpicole de l'Oisans une ressource
plus précieuse que les productions de ses
terres » (p. 25) et sur les ressources en bois. A
propos de la difficulté de se chauffer, il donne cette
description du mode de vie (pp. 27-28) :
« Quoi qu'il en soit, la rareté et la
cherté du combustible obligent la plupart des familles, dans
les communes élevées, à se tenir
pendant l'hiver dans les étables, pour se garantir du froid,
au contact de la chaleur des bestiaux. Les étables les plus
commodes et les plus chaudes sont des lieux de réunion pour
le voisinage, pendant les longues veillées de l'hiver. Bien
de pauvres ménages n'ont pas d'autre demeure habituelle pour
toute saison, que l'écurie de leurs bestiaux ; dans un des
coins de l'étable, un étroit foyer, auquel une
ouverture pratiquée latéralement dans le mur sert
de cheminée, et qu'alimente la fiente de vache
desséchée; un misérable grabat et
quelques grossiers objets, ustensiles et autres, composent tout le
système de chauffage et tout l'ameublement de ce
réduit ; et là, bêtes et gens habitent
pêle-mêle dans une atmosphère humide,
malsaine, et infectée des plus
dégoûtantes
émanations. »
Il attribue d'ailleurs la cuisson annuelle du
pain au manque de combustible.
Le passage le plus intéressant, parce que venant d'un témoin intégré à la population qu'il décrit, est consacré aux habitants, leurs mœurs et usages, leur caractère (pp. 28-33) : « la vie de l'alpicole d'Oisans est en quelque sorte une lutte incessante contre les éléments et les privations. Ces conditions, qui seraient destructrices pour un habitant des plaines, ne font que développer chez lui une plus grande vigueur de corps et d'esprit ; né sous un ciel rigoureux, il devient propre à son climat et y résiste par la force de sa constitution. » (p. 28). Il donne une première synthèse des différentes formes d'émigration hivernale, en particulier celle des colporteurs (pp. 30-31). Dans son appréciation des habitants, en arrière plan, on retrouve le mythe rousseauiste d'une simplicité primitive. Il constate en effet : « l'habitude des émigrations hivernales, en développant l'esprit naturel des montagnards, a introduit parmi eux certains germes de civilisation, mais en même temps elle a altéré la droiture et la simplicité primitives. » (p. 31).
Dans ce chapitre sur les usages, il en
profite pour rappeler la vérité sur le mythe du
« mort sous le toit » (p.
33) :
« Et à propos des derniers devoirs
à rendre aux morts, quelques amis du merveilleux ont
parlé, au sujet de l'Oisans, d'inhumations
retardées pendant plusieurs mois de l'hiver, à
cause de l'impossibilité de porter en terre la
dépouille mortelle de quelqu'un
décédé dans cette saison, et qu'on
expose alors sur un toit jusqu'au printemps.
C'est là une pure création de l'imagination.
La vérité est que de mémoire d'homme,
rien de semblable n'a jamais eu lieu dans ce canton. Un seul hameau,
celui de la Berarde, pourrait, par son éloignement de la
paroisse, faire admettre ce récit; et là, le
retard dans les sépultures n'a pas plus de durée
qu'ailleurs. Le lendemain du décès, le mort est
porté à l'église de la paroisse par
autant de bras qu'il en faut, selon la distance et la
difficulté des chemins. »
Malgré cela, cette légende perdure !
Ensuite vient la partie sur l'histoire
naturelle, la moins documentée, rapide sur la
géologie, plus développée sur
l'hydrographie, sujet qui visiblement le passionne en tant que
médecin :
- Géologie (pp. 33-35) avec surtout un
développement sur les glaciers.
- Hydrographie (pp. 35-37)
- Sources d'eaux minérales (pp. 37-38)
- Flore (pp. 38- 42) avec une longue liste des plantes de l'Oisans avec
le lieu où on les trouve.
- Faune (pp. 42- 45, avec surtout une liste des oiseaux,
fondée sur l'Ornithologie du
Dauphiné d'Hippolyte Bouteille et une
liste d'insectes.
A partir de la page 45, débute une description commune par commune, en s'en tenant à celles qui appartiennent au canton, excluant de ce fait les deux communes des Hautes-Alpes, soit 21 communes. Pour chaque commune, quelques particularités sont rapportées : histoire, histoire naturelle, anecdotes, etc.
Ce travail a d'abord paru dans le Bulletin de la Société de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du département de l'Isère, tome IV, 1846, pp. 82-144, dans la section "Séance du 4 avril 1846" (voir ici). Il en a été fait un tiré à part en 1847. Dans le catalogue Perrin (n° 742), il est précisé : « Brochure rarissime qui a ouvert la voie de nos Alpes aux publications similaires et commencé la révélation du Dauphiné aux Dauphinois eux-mêmes. »
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique de Joseph-Hyacinthe Roussillon
Perrin : 742
Maignien (Catalogue) : 302
CA : 13
Oisans, Allix, 100 : ouvrage marqué parmi ceux «
dont l'usage exige des précautions ».
Ouvrages au CCFR :
BMG : O.14269, pour un ouvrage constitué des
pages extraites du Bulletin,
décrit s.l.n.d, commençant à la page
82.
BMG : T.578, pour le tiré à part.
PARIS-Bib. de la Sorbonne-BIS : HFM 8= 278-2-1/8
BNF : 8-LK2-1300