BIBLIOTHÈQUE DAUPHINOISE |
ACCUEIL | LISTE DES OUVRAGES | LISTE DES PERSONNES | CONTACT |
[Antoine Rambaud]
Plaidoyez
pour le Tiers Estat du Dauphiné.
Au Procez qu'il a pardevant le Roy, &
Nosseigneurs de son Conseil privé.
Contre les deux premiers Ordres dudit Pays.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Paris,
Jean le Blanc, 1600, in-12 (169r x 108r
mm) Un volume en 3 parties (la 3e partie a son propre titre) 36 ff.-24 pp.-112 ff. |
|||
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Notes sur l'exemplaire
Vélin doré, dos
orné de filets
dorés et fleurons dorés, plats orné
d'un
encadrement doré et d'un grand motif doré, toutes
tranches dorées.
Exemplaire entièrement réglé.
Notes sur l'ouvrage
Le procès des Tailles agita
le
Dauphiné pendant presqu'un siècle. L'enjeu de ce
procès était l'assiette de la taille, le
principal
impôt royal. Elle pouvait
dépendre du
statut de la terre sur laquelle elle était assise.
C'était la taille réelle, dont
étaient exemptées
les terres nobles. Elle pouvait dépendre du statut de la
personne. C'était alors la taille personnelle, dont
étaient exemptés les nobles. Le
Dauphiné
était sous le statut de la taille personnelle. On comprend
donc
qu'à partir du moment où un noble achetait une
terre
assujettie à la taille, elle s'en trouvée
exemptée
et le poids de l'impôt portait sur les autres terres. A ces
époques
où les nobles consolidaient leur fortune par
la rente
foncière en achetant des terres roturières, le
poids de
la taille devenait progressivement intolérable pour les
roturiers (le
Tiers-Etat). Tout l'enjeu du procès est de passer de la
taille
personnelle à la taille réelle. On voit l'enjeu
financier, mais aussi l'enjeu de pouvoir d'un tel procès.
Le conflit entre le Tiers-Etat et les
ordres
privilégiés était latent depuis la
moitié
du siècle. Les révoltes populaires de
l'année 1580
marquèrent encore plus l'urgence de la situation. Le
véritable point de départ du procès
des Tailles
fut l'audience accordée par Henri IV le 19 septembre 1595
aux
représentants du Tiers-Etat du Dauphiné. Ils
obtinrent de
faire trancher le procès par le Conseil privé du
Roi et
non par les Etats de la Province. A partir de ce moment-là,
le Tiers-Etat s'organisa et, lors de l'Assemblée de
Saint-Marcellin, en octobre 1597, il se choisit trois
représentants : Claude de Lagrange,
de Saint-Marcellin, Jean Vincent, de Crest, et Antoine Rambaud, de Die,
tous trois hommes de loi. Chacun publia des plaidoyers en faveur de la
cause du Tiers-Etat :
- Claude de Lagrange : La
juste
Plainte et remonstrance faite au roi et à nosseigneurs de
son
Conseil d'estat par le pauvre peuple de Dauphiné,
Lyon, 1597.
- Jean Vincent : Discours
en forme de plaidoyé pour le tiers estat de
Dauphiné, Paris, 1598.
- Antoine Rambaud :
Plaidoyé pour le tiers estat du Dauphiné,
Paris, 1598 (pour la première édition).
Ils obtinrent un premier arrêt du Conseil d'Etat le 15 avril 1602 qui révoquait les anoblissements antérieurs à 1598 et restreignait les exemptions fiscales, mais maintenait l'exemption de la taille pour les deux premiers ordres. Demi-victoire, qui amena le Tiers-Etat à maintenir sa pression, sous la direction de Claude Brosse. Véritable meneur du combat qui conduisit enfin à obtenir gain de cause, Claude Brosse fut même incarcéré quelques mois en 1631. La victoire finale fut obtenue par deux arrêts des 31 mai 1634 et 24 octobre 1639, qui déclarèrent la taille réelle en Dauphiné et prescrivirent l'établissement d'un cadastre.
Ce procès, que seul le
pouvoir royal a su
dénouer, marque une étape fondamentale dans le
renforcement de l'emprise du pouvoir royal et
centralisé sur le Dauphiné. C'est une des deux
ruptures
majeures dans le lent processus d'intégration du
Dauphiné
au royaume de France. D'un statut préservé et
garanti par
le Statut Delphinal lors du transport du Dauphiné
à la
France en 1349, le premier empiètement fut l'ordonnance
d'Abbeville, en
1540, qui étendait au Dauphiné l'application des
ordonnances émises par le pouvoir royal (voir
l'ouvrage Ordonnances
d'Abeville).
Ce
procès des Tailles fut le deuxième
empiètement. Le
coup de grâce du Statut delphinal fut la
Révolution
française qui fit disparaître totalement les
quelques
libertés provinciales difficilement
préservées.
Dans ce contexte de menaces pesant sur le Satut Delphinal, une
nouvelle
édition largement diffusée en a
été
publiée à Grenoble en 1619, en plein
procès des
tailles (voir l'ouvrage Statuta
Delphinalia, édition de 1619).
La première édition du plaidoyer d'Antoine
Rambaud a paru à Paris en 1598 :
Plaidoyé pour
le tiers estat du Dauphiné au
procès
qu'il a par devant le Roy et Nosseigneurs de son conseil
privé
contre les deux premiers ordres dudict Païs [par
Antoine Rambaud].
[Suivi de : Lettre
servant d'apologie ou deffense pour l'autheur du
plaidoyé du Tiers estat du Dauphiné
écrite par
iceluy à Monsieur Vincent, provost de l'église St
Sauveur
de Crest]
Paris : J. Mettayer, 1598, 2 ff. non ch. + 25 ff. + 16 p. ,
in-4° (BMG : V.18010)
D. Hickey apporte quelques
éléments
sur les lettres et le second plaidoyer (pp. 110-110) : "Selon ses
biographes, Rambaud avait acquis une réputation de
polémiste toujours prompt à croiser le fer,
opinion que
confirment aisément ses écrits sur la question de
la
taille. Dans son Plaidoyé
pour le tiers estat du Dauphiné
rédigé en 1599 (sic),
il dénonçait les autorités judiciaires
dauphinoises comme des "hypocrites", "comme des enfleures en un corps
malade vivant comme des demis-dieux, comme des Lucullus : bastissant
comme des Crassus et parlant comme des Catons"; n'ayant "autre objet
que leur utilité particulière, ni d'autre but que
de
s'enrichir, le plus souvent au préjudice du public", ils
avaient
selon lui "des gages excessifs" et " ne sont équitables en
leurs
jugements"; il ajoute encore que, "sans eux le monde serait plus
heureux...". Les ordres privilégiés
exploitèrent
rapidement ces débordements verbaux et accusèrent
Rambaud
d'agir comme "un boutefeu", attaquant l'intégrité
de la
justice royale et tentant de fomenter une révolte afin
d'établir un "état populaire" dans la province.
Dans une
série de lettres ouvertes et dans son Second plaidoyé,
Rambaud fut forcé de se rétracter sur ce point
ainsi que sur d'autres accusations.
La deuxième
édition est complétée de ces lettres :
Plaidoyé pour
le Tiers Estat du Dauphiné, au
procès qu'il a pardevant le Roy et Nosseigneurs de Son
Conseil
privé : Contre les deux premiers Ordres dudit pays. Avec une
lettre servant d'apologie pour l'autheur
Lyon : par B. Vincent, 1599, in-8°, 127 pp. (BMG : O.2988
Bibliothèque H. Gariel)
Cette troisième
édition, ici décrite, est
complétée du second plaidoyer, avec son
titre propre.
Elle contient aussi trois des lettres publiées
précédemment. Le contenu de cet ouvrage, en 3
parties, est donc :
- Titre (f. 1)
- Premier
plaidoyé pour le Tiers Estat de Dauphiné.
(ff.
2-36). Le dernier feuillet est numéroté par
erreur 26.
- Lettre servant
d'Apologie ou deffense pour le premier pladoyé
(sic) du
Tiers Estat de Dauphiné, escrite par l'Autheur a
Monsieur Vincent, Prevost de l'Eglise Sainct Sauveur de Crest
(pp.
1-17). Signée en fin : De Paris le 18
d'Aoust 1598. Rambaud.
- A monsieur de
Villeneuve,
médecin du Roy, en luy envoyant une coppiedu
Plaidoyé. (p. 18). Signée
en fin : De
Paris le I Mars 1598. Rambaud.
- A
monsieur
Alian,
docteur ès Droicts, & Advocat consistorial au
Parlement de
Dauphiné
(pp.
18-24). Signée en fin : A Paris le I Mars 1598. Rambaud.
- Titre de la deuxième
partie : Second
Plaidoyé
pour le Tiers Estat du Daulphiné, Paris, Jean
Le Blanc, 1600 (f.
1).
- Second
plaidoyé pour le tiers Estat du Daulphiné.
(ff.
2-122).Se termine par : Fautes
survenues en l'impression (f. 122
v°).
L'adresse du libraire Jean Le Blanc est : Ruë du Paon, au Soleil d'Or, pres la porte S. Victor.
Notice Rochas (II, 326, I) des 3
éditions, en commençant par la 2e :
I. Plaidoyé
povr le tiers-estat dv Davphiné au
procès qu'il a pardeuant le Roy & nosseigneurs de
son
conseil priué. Contre les deux premiers ordres dudict pays.
Anee
vue lettre semant d'apologie pour l''autheur. A Lyon, par
Berthélemy Vincent, M. D. XCIX, in-8°. de 127 pp. Ce
plaidoyer est précédé d'une
dédicace
à messieurs
les consuls et communautez des dix principales
villes de Dauphiné, datée de Paris, ce 16 d'aoust
1598,
et signée Rambaud. A la page 99 commence la Lettre servant
d'apologie on déffense pour l'autheur du plaidoyé
du
tiers-estat de Dauphiné, escrite par iceluy à
monsieur
Vincent Prévost de l'église Sainct-Sauueur de
Crest, et
datée de Paris
le 18 aoust 1598; elle se termine
à la
pag. 120. Viennent ensuite: une lettre à monsieur de
Villeneuve,
médecin du Roy, beau-père de
Rambaud,
datée de
Paris, le 1 mars 1598,
et deux autres lettres à
monsieur
Allian,
docteur ès-droicts, & aduocat consistorial au
parlement de
Dauphiné, datées de Paris, l'une du 1er mars
1598,
l'autre du xxiij
septembre 1598. = La première
édition de
ce plaidoyer a été imprimée
à Paris, 1598,
in-4°. sans nom d'auteur. Il a été
imprimé une
troisième fois avec un autre plaidoyer de Rambaud, sous le
titre
suivant :
= * Plaidoyer pour le
tiers estat dv Davphiné au
procès
qu'il a pardeuant le Roy, & nosseigneurs de son conseil
priué, contre les deux premiers ordres dudit pays.
A Paris,
chez
Jean le Blanc, M. DC., 2 part. in-8°. — La
première a
deux paginations : l'une de 26 ff. contient le plaidoyer dont la
dédicace a été supprimée;
l'autre de 23
ff., contient les lettres indiquées ci-dessus,
excepté
celle adressée à Allian sous la date du xxiij
septembre
1598. La 2e partie a aussi une
pagination
séparée, et un
titre que voici : * Second
plaidoyé pour le tiers-estat du
Dauphiné. A Paris, chez Jean le Blanc, M.D.C.,
in-8°
de 112
ff. Cette 2e part. est d'une impression
différente de la 1re.
Opinion de Jean Brun-Durand : "Car, tandis que d'autres se contentaient alors, en semblable circonstance , d'assaisonner quelques phrases sonores, avec l'érudition pédante de l'époque, l'avocat diois discute, lui, avec une logique serrée, d'heureuses expressions et de la hauteur dans les vues" (p. 292)
Opinion d'A. Rochas : "Ses deux plaidoyers, les plus remarquables de
tous ceux qui parurent en cette circonstance, sont
éloquents,
d'une logique serrée, surtout d'une grande vigueur de
pensées et d'expressions. " Il cite de larges extraits. "Ces
citations prises au hasard suffiront pour donner une idée de
la
manière de Rambaud : il fallait un grand courage pour oser,
au
XVIe siècle, parler ainsi au roi. Il
semble voir là
quelque peu de levain huguenot, mais l'auteur était
catholique
très-zélé. " Ce "levain huguenot" est
nié
par J. Brun-Durand.
Références (Voir : Liste des sources et références)
La meilleure synthèse
récente sur
l'histoire du Dauphiné avant le Transport jusqu'à
la Révolution est l'ouvrage collectif suivant, sous la
direction de Vital Chomel :
Le chapitre De la principauté à la province. La perte des libertés dauphinoises (XVIe-XVIIe siècles), rédigé par René Favier, donne un bon aperçu du lent empiétement des libertés provinciales par le pouvoir royal, dans sa montée vers l'absolutisme. Le procès des tailles y figure en bonne place, mis en perspective dans la longue durée.
L'ouvrage de
référence sur le procès des Tailles
est
cette étude de l'historien canadien David Hickey,
d'abord parue en
anglais :
Voir en particulier les pp. 110-111 sur
Antoine
Rambaud et le chapitre IV sur l'épisode du Procès
des
Taille auquel participa Antoine Ramabaud.
Autres références :
Bonne synthèse dans l'Histoire
du Dauphiné, sous la direction de Bernard
Bligny, 1973, pp. 242-248.
Dictionnaire
biographique et biblio-iconographique de la Drôme,
J. Brun-Durand, Tome II, pp. 292-294.
Rochas, II, pp. 324-328.
Notice biographique d'Antoine Rambaud.
Lindsay et Neu, 2155 (1e p.) (French political pamphlets
1547-1648 . A
catalog of major collections in American libraries compiled by
Robert
O. Lindsay and John Neu, Madison (Wis.) ; Milwaukee (Wis.) ; London :
University of Wisconsin press , 1969)
SdB : 207 (en vélin blanc) (85 frcs)
Lantelme : 791, qui ne donne que 2 parties. Joint : le Second
Plaidoyé, aussi chez Jean Le Blanc, Paris, 1600 (8 frcs).
Perrin : absent
BMG : O.2994 (Bibliothèque H. Gariel)
BNF : 8-LK2-664