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Faure,
aîné
Membre correspondant du conseil
général d'Agriculture et de la
Société Royale et Centrale de Paris.
Statistique rurale et industrielle de l'arrondissement de Briançon, département des Hautes-Alpes.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Gap,
J. Allier, Imprimeur de la Préfecture, 1823 In-8° (212 x 135 mm), 115-(1) pp., tableaux dans le texte, tableau sur une planche dépliante hors texte. |
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Notes sur l'exemplaire
Broché, sous couverture
muette d'attente.
Envoi manuscrit sur la page de titre : "à M Moynier
dubourg president du tribunal à Gap"
Notes sur l'ouvrage
Description très
complète de la situation agricole
du Briançonnais dans sa plus grande extension,
c'est
à dire avec le Queyras, la Vallouise et le
Haut-Oisans, complétée des moyens
d'améliorer la situation agricole de cette
région.
L'ouvrage débute par un ensemble de lettres sur ce livre
(pp. 3-12) :
- Lettre de Faure, aîné, au ministre de
l'Intérieur, datée de Briançon, le 25
septembre 1821, accompagnant l'envoi de ce mémoire au
ministre.
- Lettre de Faure, aîné, au préfet des
Hautes-Alpes, datée de Briançon, le 25 septembre
1821, accompagnant l'envoi de ce mémoire au ministre et
sollicitant l'impression au frais du gouvernement.
- Lettre du préfet des Hautes-Alpes, datée de Gap
29 octobre 1821, accusant réception de ce mémoire.
- Lettre du préfet, datée de Gap 6
février 1823, accompagnée d'une lettre du
ministre de l'Intérieur, autorisant la publication de ce
mémoire aux frais du département.
L'ouvrage commence par quelques
chapitres de généralités sur
l'arrondissement de Briançon. Ensuite, les chapitres
balayent l'ensemble des sujets
agricoles : animaux, prairies, semailles, etc. Contrairement
à ce que peut laisser penser le titre, l'industrie n'est pas
abordée.
Table
des matières |
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L'ouvrage contient de nombreux tableaux
statistiques, dont un tableau hors texte dépliant de
dénombrement des canaux d'arrosage.
Planche
dépliante (canaux d'arrosage du Briançonnais) |
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La description du pays respire l'amour du pays natal (p. 21) :
"Tout dans cet aspect sévère à la fois
et enchanteur, étonne, réjouit et attriste
l'observateur. D'un coté, la vue majestueuse des
hautes montagnes, une nature sauvage qui fuit, s'élevant
graduellement en amphithéâtres escarpés
jusques aux pieds des glaciers; de l'autre l'éclat d'un ciel
d'azur, des champs émaillés de fleurs,
chargés de fruits, se dessinant dans tous les sens, brillans
de végétation sur toute l'étendue des
coteaux, comme dans les vallons les plus reculés et sur la
plaine; ce qui donne au pays un aspect de féerie vraiment
pitoresque (sic)."
Il y a une notation amusante sur le climat : "Il est néanmoins constant, que depuis plus de 50 ans, il n'y a plus dans les saisons cette périodicité égale qui faisait règler uniformément les travaux des champs" (p. 22) Plus loin, il constate "qu'il tombe une moindre quantité de neige qu'autrefois" et que "les glaciers de nos Alpes ne se sont pas sensiblement étendus depuis 50 ans" (p. 23). Sur ce dernier point, cette notation est juste puisque ces premières décennies du XIXe siècle marquent le maximum des glaciers, suite à la dernière offensive du Petite Age Glaciaire.
Cet ouvrage se trouve à la conjonction de deux grandes
tendances du début du XIXe
siècle. La première est le mouvement
d'amélioration agricole promu par les notables, souvent par
l'exemple. Le terme de notable pourrait paraître
disproportionné par rapport au statut de Louis-Etienne
Faure.
Pourtant, dans un pays pauvre comme le Briançonnais, il doit
être considéré comme un
notable. Ce mouvement
date du XVIIIe siècle, mais il ne
s'est véritablement développé qu'au
début du XIXe dans
les Hautes-Alpes, sous l'impulsion forte du préfet
Ladoucette. Le support en a été le Journal d'agriculture et des
arts pour le département des Hautes-Alpes, paru
entre 1804 et 1814. Louis-Etienne Faure a d'ailleurs
collaboré
à ce journal. Dans le même mouvement, l'ouvrage
d'Antoine Farnaud, le secrétaire
général de
la préfecture : Exposé
des améliorations introduites depuis environ cinquante ans
dans
les diverses branches de l'économie rurale du
département
des Hautes-Alpes, paru à Gap en 1811, fait un
bilan des
efforts menés sur tout le département. C'est
un ouvrage qui fournit un bon panorama de l'agriculture des
Hautes-Alpes, malgré le style emphatique et grandiloquent de
l'époque. Pour revenir à Louis-Etienne Faure, il
a lui
aussi prêché par l'exemple, en
établissant en 1807
dans le Briançonnais un bergerie modèle pour
l'élevage de moutons Mérinos. Il a fait
paraître en
1807 un ouvrage sur le sujet Le Berger des Alpes.
L'autre tendance, elle-aussi générale en France,
est le
développement des statistiques départementales et
locales, nécessaires à une meilleure connaissance
du pays
et donc le support des politiques de développement et de
croissance. Là aussi, dans les Hautes-Alpes, c'est la
préfet Ladoucette qui a été un des
acteurs
majeurs. Certes, la première statistique du
département
est
celle du préfet Bonnaire, Mémoire
sur la statistique du département des Hautes-Alpes,
adressé au Ministre de l'Intérieur par le citoyen
Bonnaire, préfet du même département,
le cinq
pluviôse an neuf, paru à Gap en 1801,
mais c'est l'ouvrage de référence du baron
Ladoucette, Histoire,
antiquités, usages, dialectes des Hautes-Alpes,
précédés d'un essai sur la topographie
de ce
département, et suivis d'une notice sur M. Villars,
publié chez Fantin (un Briançonnais) à
Paris en
1820, qui représente la première contribution
majeure
pour une description exhaustive et raisonnée, pour ne pas
dire
scientifique, du département. En revanche,
à un
niveau plus local, l'ouvrage de Louis-Etienne Faure est pionnier.
Aucune autre région des Hautes-Alpes n'avait encore fait
l'objet
d'une description précise et statistique de ses richesses
agricoles comme l'a fait notre auteur pour sa région natale.
Il
existe certes l'ouvrage très
légèrement
antérieur de P. J Collin sur le Dévoluy, Notice
sur la décadence du canton de
Saint-Etienne-en-Dévolui,
arrondissement de Gap, département des Hautes-Alpes,
paru
à Paris en 1818, mais la volonté de dramatisation
éloigne l'auteur de la rigueur et de
l'objectivité
nécessaires pour cet type d'ouvrage.
Barthélémy Chaix, ancien sous préfet
de
Briançon entre 1800 et 1815, contemporain et
compatriote de
Louis-Etienne Faure, a fait paraître en 1845
des Préoccupations
statistiques, géographiques, pittoresques et synoptiques du
département des Hautes-Alpes. Dans la
bibliographie, qu'il appelle Précédents,
il cite l'ouvrage d'Etienne Faure, avec ce commentaire lapidaire sur
cette statistique : "Jugée bien écrite,
mais inexacte". On n'en saura pas plus.
Pas de faux titre.
Le dédicataire de cet
exemplaire est probablement
Jean-Baptiste Moynier du
Bourg, président du Tribunal civil de Gap, mort sans
postérité d'un accident, fils de
François Moynier du Bourg (1752-1819),
député aux Etats de Romans et procureur
général syndic du département des
Hautes-Alpes (voir Dictionnaire
biographique des Hautes-Alpes, de G. Dioque).
Commentaire personnel
Livre attachant, par son auteur et par son sujet : la première description précise et raisonnée du Briançonnais.
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique de Louis-Etienne Faure
Guillemin : 2509
CA : 11 : "Imprimé au frais du département".
BNF : LK5- 18