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Comte Antoine Français de Nantes
Le
comte Antoine Français de
Nantes (Beaurepaire (Isère) 17/1/1756 - Paris 8/3/1836) a eu
de nombreuses responsabilités publiques : avocat, directeur
des douanes à Nantes, membre de l'Assemblée
législative, membre du directoire du département
de l'Isère, membre du conseil des Cinq-Cents,
préfet de Charente-Inférieure, directeur de
l'administration des droits réunis sous l'Empire,
député en 1818, pair de France en 1831. Il
consacra la
fin de sa vie à l'agriculture dans sa
propriété de
Seine-et-Marne.
Représentant de la Loire-Atlantique à
l'Assemblée Législative (1/10/1791
- 21/9/1792), il ne fut pas élu à la
Convention. Il revint alors dans son pays natal
"décidé, disait-il, à y
bêcher tranquillement son jardin". Néanmoins, les
événements politiques de cette période
agitée le rattrapèrent. Membre des
assemblées primaires de l'Isère
convoquées par l'administration départementale
après le coup de force de la Convention contre les Girondins
(31 mai et 2 juin 1793), il s'exprima le 25 juin 1793. Par son
éloquence et l'habileté de son
discours, il convainquit les assemblées de ne pas
entreprendre
d'actions contre la Convention et en faveur du
Fédéralisme.
Après ces
événements, Antoine Français de Nantes
entra au Directoire du Département le 7 nivôse An
II (27 décembre
1793). Il y resta jusqu'au 1erventôse
An III (19 février
1795), époque où il fut destitué comme
étant trop jacobin (pp.
202-203). Il réintégra la vie publique comme
représentant de l'Isère au
Conseil des Cinq-Cents lors de l'élection du 23 Germinal An
VI (12
avril 1798). Entre 1795 et
1798, il préféra s'éloigner de la vie politique et
se réfugia pendant un temps dans le Queyras. Les
différentes notices biographiques différent
néanmoins sur les causes de cet exil et, surtout, sur sa
position politique.
Selon la Nouvelle
biographie générale depuis les temps les plus
reculés jusqu'a
nos jours, publiée par MM. Firmin-Didot
frères, sous
la direction de
M.
le Dr Hoefer, Paris, 1857, qui est la source la plus précise
que nous
ayons trouvée : "Après le 31 mai [1793], il
devint un instant membre du
directoire du département de l'Isère. Bien qu'il
se fût déclaré
partisan de la Montagne, dans une réunion de Dauphinois, et
qu'il eut
contribué à la chute du
fédéralisme, il vit avec effroi se
dérouler le
drame sanglant de la Terreur; et dans la réaction qui le
suivit,
voulant échapper aux poursuites que lui faisaient craindre
ses opinions
si hautement manifestées, il alla chercher sur les montagnes
voisines
de son pays une retraite temporaire et la
sécurité."
Les
autres notices biographiques consultées
présentent les choses
différemment. En général, elles le
disent proche des Girondins et
affirment que c'est pour échapper à la Terreur
qu'il se réfugia dans
les Alpes. Par exemple, le Dictionnaire
des députés (1789-1889)
: "Lié avec les Girondins, il quitta Paris pendant
le Terreur, et se
réfugia dans les Alpes, où il composa
à la manière de Sterne le Manuscrit de feu M.
Jérôme et le Recueil des fadaises de M.
Jérôme,
qu'il publia, plus tard, sous la Restauration". Autre exemple :
"Pendant les temps désastreux de l'exaspération
révolutionnaire, M.
Français ne prit plus aucune part aux affaires publiques."
J. De Séranon, dans son ouvrage : Une vallée des Alpes
pendant la Révolution. La Vallouise. Description - Histoire.
évoque longuement Français de Nantes (pp. 125
à 128). Après avoir
relevé qu'il a embrassé avec ferveur les
principes de la Révolution, il
constate avec ironie qu'il a subi le même sort que les
prêtres
proscrits dont il avait lui-même rapporté la loi
de proscription
(1791). Il rapporte que Français de Nantes
s'était alors réfugié dans
le Queyras "dans les jours les plus sombres de la Terreur". Il
précise
: "Dans un livre peu connu, mais qui ne manque pas
d'intérêt, M.
Français de Nantes a noté les détails
de son séjour dans cette vallée
de nos Alpes, alors presque fermée au monde et qui restait
à l'abri des
tourmentes et des fureurs révolutionnaires" (p.
127).
Les deux ouvrages en partie inspirés par ce "séjour" dans le Queyras sont :
- Le manuscrit de feu M.
Jérome, Paris, Bossange, 1825.
- Recueil de
fadaises, composé sur la montagne
à l'usage des habitans de la Plaine par M.
Jérome, Paris, Bossange, 1826.
Quelques années plus tard, il publia un ouvrage qui
ne s'avère qu'une reprise des différents chapitres de ces
deux ouvrages :
- Voyage
sur les Alpes cottiènes et maritimes ou second
manuscrit de feu M. Jérome, Paris, Dupont , 1833
Moins directement inspiré par son séjour dans le Queyras, cet ouvrage a tout de même les Alpes pour cadre :
- Voyage dans la
vallée des Originaux, par feu M. Du
Coudrier, Paris, Beaudoin, 1828
Il a été un auteur très prolifique,
usant de plusieurs pseudonymes : Jérome, Du Coudrier,
Désormeaux. En plus des quatre ouvrages de la
série
"alpine" – nous verrons qu'ils ne sont pas toujours en lien
direct avec les Alpes – il a écrit un Petit
manuel des bergers, porchers, vachères et filles de
basse-cour
(1831) et beaucoup
d'ouvrages politiques, discours prononcés lors de
séances
à la chambre des députés (1820), au
Corps législatif (An VII, An VIII, An IX), etc.
Malgré
cela, il reste dans l'histoire pour son rôle de protecteur
des
jeunes écrivains, qu'il n'hésitait pas
à
accueillir avec beaucoup d'indulgence dans son administration des
droits réunis. Comme le dit Rochas, "ses bureaux servirent
d'asile à une foule de gens de lettres, qui y
trouvèrent
une existence honorable. Napoléon, à ce qu'on
prétend, en avait de l'humeur ". Parmi eux, on peut citer
Casimir Delavigne.
Son portrait a été peint en 1811 par
Jacques-Louis David.
Il est présenté au Musée
Jacquemart-André
à Paris.
Ouvrages de cet auteur sur ce site (par ordre chronologique) :
1825 : Le manuscrit de feu M.
Jérome
1826 : Recueil de
fadaises, composé sur la montagne
à l'usage des habitans de la Plaine par M.
Jérome
1828 : Voyage dans la
vallée des Originaux, par feu M. Du
Coudrier.
1833 : Voyage
sur les Alpes cottiènes et maritimes ou second
manuscrit de feu M. Jérome
Sources (Voir : Liste des sources et références)
Rochas, I, pp. 398-
Wikipedia : Antoine
Français de Nantes
Sa notice biographique dans le dictionnaire des
députés (1789-1889) : FOURTOU_FRAYSSINOUS.pdf
Sur son attitude et son action lors de la réaction du
Dauphiné à la proscription des Girondins : Auguste
Prudhomme, Un nouveau chapitre de
l'histoire de la Révolution en Dauphiné. Le
Fédéralisme dans l'Isère et
Français de Nantes. Juin-Juillet 1793,
Grenoble, 1907.