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Félix Perrin
A
travers les Alpes du Dauphiné.
Lecture faite le 10 mars 1883, à
l'assemblée
extraordinaire des membres de la section de Lyon du Club Alpin
Français.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Lyon,
Imprimerie Mougin-Rusand, 1884 In-8° (230 x 140 mm), [4]-64 pp. |
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Pour agrandir, cliquez sur les photos |
Notes sur l'exemplaire
Broché
De la bibliothèque d'Henry Duhamel avec son ex-libris
collé sur le premier contre-plat (voir ex-libris
dauphinois).
Notes sur l'ouvrage
Publication d'une conférence
faite par Félix Perrin afin de mieux faire
connaître les Alpes dauphinoises.
Sa présentation des Alpes
dauphinoises part, comme il se doit, de Grenoble. Il débute
par la Chartreuse, occasion de rappeler un de ses premiers souvenirs
d'enfance, la découverte de la Chartreuse, un jour de
promenade, lui l'enfant "né au milieu de mon vieux Grenoble,
au pied du clocher immense de Saint-André". Ensuite, il
évoque le Vercors (la Moucherotte), le
Mont-Aiguille, Belledonne et enfin l'Oisans et le massif des Ecrins (de
la page 35 à la fin). Sa description du massif se fonde
essentiellement sur son séjour de quelques jours
à la Bérarde durant l'été
1882, qui s'est terminé par une ascension de la barre des
Ecrins par la face sud, ascension avec le guide Pierre Gaspard le 2
août 1882 (ce récit occupe les pages 49
à 62). Un autre récit de cette ascension
a été donné dans l'Annuaire du Club Alpin
Français, année 1882.
Cette conférence était accompagnée d'une projection photographique. Elle a duré 2 heures et demi. On peut imaginer qu'il était l'auteur des photos projetées, puisque ses articles dans l'Annuaire du Cluub Alpin Français, étaient aussi illustrés de ses photos.
Comme souvent pour ce type d'exercice, le ton est personnel, mélange de souvenirs de l'auteur, de digressions variées (la montagne et le Bouddhisme) et de quelques notations pratiques (Félix Perrin s'attache souvent à citer les meilleures auberges qu'il a pu rencontrer). Malgré l'âge de l'auteur (il avait 29 ans), le style paraît souvent ancien et ampoulé. Pour preuve, ce petit passage : "Nous sommes à la porte du massif du Pelvoux, le plus grand de toutes les Alpes françaises, le plus magnifique, le plus fier, le plus indompté. Une seule route venant de l'Italie par le Mont-Genèvre, traverse ses déserts de glaces et de neiges éternelles, de rochers à pics, de torrents impétueux, où depuis longtemps tous les arbres sont morts, où une herbe maigre pousse à peine, où la désolation la plus sublime, où l'horreur la plus belle, où le caractère le plus poignant règnent seuls et invincibles." (p. 35). Notre auteur a trop lu les écrivains du XVIIIe siècle ou les romantiques !
Il évoque quelques uns de
ses amis, lors d'un séjour à la Bérarde en juillet 1882 (pp. 41-42) :
"Nous avions le papa Gaspard comme guide-chef; ses fils Pierre et
Maximin et Rodier J. B. pour nos sacs, puis nos propres jambes pour
nous porter nous-mêmes. C'est là d'ailleurs tout ce que
peuvent porter mes amis C. V... et A. R..... avec lesquels
j'étais. Car si jamais à la montagne vous les avez
rencontrés chargés d'un duvet ou d'un fétu de
paille, c'est qu'ils avaient pris sans intention, je vous le jure,
ce lourd fardeau à leur lit de la veille. Au fait les
connaissez-vous l'un et l'autre ? Puisque je n'ai rien à vous
dire sur la grande route de la Bérarde, pas plus que sur la
vallée de la Lavey, qui s'ouvre à notre droite,
laissez-moi, chemin faisant, avoir l'honneur de vous les
présenter.
Au physique l'un est blond, l'autre est brun; l'un est plus grand que
moi, c'est-à-dire que c'est un homme grand, l'autre est plus
petit, c'est-à-dire que c'est un bien petit homme !
Cette esquisse doit vous suffire, car si un jour vous voyez passer
devant vous deux touristes ainsi faits, vites comme le vent, ou
laborieusement arrêtés sous un sapin, regardant les
étoiles à travers une gourde, vous direz : Les
voilà! Quant au moral, je dois me dispenser de vous les
dépeindre, non pas que je veuille laisser soupçonner
qu'ils en sont absolument dépourvus, mais parce que j'aurai tout
dit, quand j'aurai déclaré que ce sont de bons et
sincères camarades, à tel point, et c'est là le
mauvais côté de la chose, que pour ne pas vous faire de la
peine, à vous leur ami, en les voyant trop travailler, ils se
coucheront invariablement en arrivant dans un refuge, et, la pipe aux
dents, vous regarderont faire leur soupe et vaquer aux occupations
diverses d'un ménage alpin, uniquement pour ne pas vous priver
du plaisir de leur être agréable ! Ah ! par exemple, si
vous me parliez de mon ami H. D..... ce serait autre chose ! Je ne
serais pas étonné qu'on lui élevât un jour
une statue, à celui-là, sur la grande place des Etages,
en face de la Barre des Écrins, sa plus belle conquête
peut-être. En tout cas, la première fois que vous viendrez
en Oisans, que vous rencontrerez sur un sommet une barbe immense, sous
un chapeau en écumoire, un gros sac fixé sur un habit de
bure, criez hardiment : « Bonjour D.. ... ! » et
quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, vous aurez salué
juste ! Pour moi ces trois amis font partie intégrante des
Alpes; sans eux il manque quelque chose à mon Dauphiné,
et c'est à ce titre que j'ai prononcé leur nom, comme
celui de ceux à la porte desquels vous pourrez toujours frapper
pour avoir un dernier bon avis à vos départs pour la
montagne"
On reconnaît Auguste
Reynier (A. R...), Claude Verne (C. V...) et Henry Duhamel
(H. D....).
L'ouvrage a été
tiré à 100 exemplaires (celui est le n°
19)
Justification
du tirage |
Commentaire personnel
Plaquette rare, intéressante comme étant un des nombreux témoignages de l'amour des Alpes du Dauphiné par cette petite phalange de Dauphinois qui ont entrepris, dans les années 1870-1880, de faire connaître "leurs" montagnes. En plus de Félix Perrin, on y retrouve Henri Ferrand, Paul Guillemin, Armand Chabrand et, enfin, Henry Duhamel. L'origine de cet exemplaire est donc doublement précieuse. C'est d'abord l'exemplaire d'un autre des pionniers des Alpes dauphinoises et puis, surtout, c'est celui d'un ami de Félix Perrin avec lequel il a collaboré pour la rédaction du premier guide consacré à ces montagnes : Guide du Haut-Dauphiné, paru en 1887, avec la collaboration du W.-A.-B. Coolidge.
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique de Félix Perrin
BNF : 8-LK2-3430 et BMG :
T.127 (n° 40). Les deux seuls exemplaires au CCFr.