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Aristide Albert
Essais
d'Antoine
Froment, avocat au Parlement du Dauphiné.
Préface et notes.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Grenoble,
Imprimerie Édouard Allier, 1868 In-5° (242r x 185 mm), XV-349 pp. |
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Notes sur l'exemplaire
Demi maroquin citron à coins, dos à 5 nerfs, pièces de
titre rouge et bleu, monogramme doré poussé en queue, tranche de tête
dorée.
Exemplaire de la bibliothèque de Joseph Roman avec son ex-libris
collé sur le premier contre-plat et son monogramme doré poussé en queue
(voir ex-libris
dauphinois).
Long commentaire manuscrit sur une des pages de garde (voir
ci-dessous). Notes et corrections au crayon dans le texte.
Notes sur l'ouvrage
Cet ouvrage est la réédition par Aristide Albert du
premier livre spécifiquement consacré à Briançon et au Briançonnais, paru
en 1639. Il est l'œuvre de l'avocat Antoine Froment qui
l'a publié suite à l'incendie qui ravagea Briançon en 1624.
Dans le cadre de son travail de mise en valeur du
patrimoine historique du Briançonnais, sa «
petite patrie »,
Aristide Albert a souhaité rééditer cet ouvrage, qui est, en soi, un
monument littéraire de l'histoire écrite du Briançonnais. Rappelons que
l'ouvrage suivant sur Briançon ne paraîtra qu'en 1754. Cette réédition
était d'autant plus nécessaire que les exemplaires de l'édition originale
sont, pour ainsi dire, introuvables.
Aristide Albert a complété sa publication avec quelques
notes et explications, ainsi qu'avec une préface. L'ouvrage d'Antoine
Froment avait généralement été critiqué par tous ceux qui l'ont lu et
qui en ont parlé. Malgré ses défauts, Aristide Albert veut lui reconnaître
des mérites, d'abord comme témoignage historique et aussi par patriotisme
briançonnais :
«
Les Essais de Froment
constituent, à mon sens, un document historique précieux et sans
équivalent dans l'histoire du Briançonnais. C'est une chronique toute
briançonnaise, pleine de révélations curieuses sur les anciennes mœurs du
pays, sur l'état matériel et moral, sur les pratiques religieuses de ses
habitants au commencement du XVIIe siècle; l'auteur sait
rendre, d'un sentiment sincère, les tendances de l'esprit, les idées
reçues, les préjugés, les terreurs nées de la superstition, tout un monde
de croyances dont un abîme nous sépare quoiqu'on remontant à moins de deux
siècles, on constate encore leur influence dans les faits historiques; il
raconte dans un style un peu fruste, mais non dépourvu de charme, les
traditions, la légende, les affections du cœur, la vie du foyer. Metteur
en scène naïf et d'habileté inconsciente, il dépeint d'un trait, parfois
saisissant, ce qui est l'attrait sérieux du livre de M. Fauché-Prunelle,
les agitations, les luttes, les énergies de volonté de cette tribu de
montagnards que des institutions libres et la mise en jeu de la
souveraineté populaire avaient, dès le commencement même du moyen-âge,
initiée à la vie communale et politique, à la gestion, en plein soleil,
par le concours de tous, des intérêts communs.
»
(p. VII).
Il poursuit par cette déclaration d'amour à l'œuvre
d'Antoine Froment, qui fait écho de façon discrète à son propre
patriotisme briançonnais :
«
Pour moi, et j'exprime ici un sentiment tout personnel, j'aime ces
pages qui disent le passé de mon pays natal. J'aime Froment parce que, à
côté de cette érudition qui s'affiche dans son livre avec une candide
ostentation, s'affirment les sentiments les plus purs de civisme et de
famille; parce que sa narration a l'exquise saveur de la vérité; que le
monde de son livre, vit, respire, agit, se passionne suivant la réalité;
parce qu'on trouve là la description des lieux connus et aimés, la vieille
légende, la pensée des dieux ; qu'on y sent la palpitation de la vie
puissante que donne à la petite cité le libre jeu d'institutions largement
démocratiques; j'aime Froment parce qu'il ne se désintéresse de rien de ce
qui touche à sa ville natale; parce qu'il est Briançonnais de la tête aux
pieds ; je l'aime surtout, peut-être, parce que la lecture de son œuvre
fait vivre au loin de la vie briançonnaise tous les absents de la patrie. »
(pp. IX-X)
L'ouvrage
se compose de :
- Page de titre de l'édition de 1868 (p. I). Il n'y a pas de faux-titre.
- Reproduction de la page de titre de l'édition originale (p. III). Cette
reproduction est globalement fidèle à la page de titre originale du point
de vue de la typographie et de la composition. Il y a une seule erreur,
car « Ravages des loups » est au pluriel alors que l'original
est au singulier.
- Préface (pp. V-XV) dans
laquelle Aristide Albert rapporte quelques opinions sur l'ouvrage
d'Antoine Froment. Comme dit précédemment, il s'en fait le défenseur. (pp.
V-X). Il donne ensuite quelques éléments sur la biographie d'Antoine
Froment, fondée sur les documents et les informations qu'il avait alors en
sa possession (pp. X-XIV).
- Réimpression de l'ouvrage original (pp. 1-330).
- Notes, par Aristide Albert
(pp. 331-348). Ces notes s'appuient souvent sur des souvenirs personnels
(des «
cancans »,
comme dirait Joseph Roman), qui leur donne un ton plus vivant, à défaut
d'une érudition plus précise. On y retrouve l'esprit de ses notices
biographiques.
- Note de l'éditeur (p. 349) : «
Une particularité doit être notée ici. Tous les exemplaires connus du
livre de Froment, première et jusqu'ici seule édition, portent la trace
d'une mutilation : c'est la suppression de quatre feuillets au moins, qui
devaient constituer la suite et la fin du chapitre intitulé : « Sur
le passage du Roy par le Briançonnois. » Cette suppression,
évidemment opérée après le brochage du livre, fut-elle l'œuvre de l'auteur
? Lui fut-elle commandée ? Il est difficile d'émettre aucune conjecture à
cet égard. MM. H. Gariel et E. Chaper ont constaté le fait de cette
mutilation dans les sept ou huit exemplaires connus des Essais de
Froment. »
Le prospectus d'avril 1867 (il porte la mention 4.67) annonce : « Publication d'un document aussi rare que curieux sur l'histoire ancienne du Briançonnais et des Alpes cottiennes ». Il précise : « C'est pour nous rendre aux vœux si souvent exprimés par un grand nombre d'amateurs dauphinois, que nous donnons une seconde édition d’un livre devenu si rare, que cinq exemplaires seulement de l'édition originale sont connus aux plus intrépides bibliophiles de notre province. » et il ajoute en note : « La bibliothèque impériale de Paris et celle de Carpentras en possèdent chacune un exemplaire. On trouve les trois autres dans les collections de MM. de Crozet, à Marseille ; le marquis de Bérenger, à Sassenage, et H. Gariel, à Grenoble. »
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Le prospectus annonce aussi le tirage, information qui n'est pas reprise dans l'ouvrage (au moins dans les exemplaires sur papier ordinaire) : « Sur les deux cents exemplaires annoncés, trente seulement seront imprimés sur papier Hollande, premier choix, au prix de 20 fr. Les cent soixante-dix autres seront tirés sur. papier surfin à la machine et ne coûteront que 5 fr. l’exemplaire. »
Ce tirage est aussi celui qui est annoncé en quatrième de couverture de la Biographie-Bibliographie de Briançonnais. Cantons de la Grave et du Monêtier-de-Briançon d'Aristide Albert.
Un nouveau prospectus a été diffusé en 1904 par l’éditeur Allier, accompagné d’une lettre datée du 10 novembre 1904, précisant : « un ouvrage, autrefois édité par nous, et dont il nous reste quelques exemplaires ». Le prospectus contient la description de cette édition qui est une reprise du contenu du bulletin de souscription de 1867.
Selon l'Abbé Allemand, il y aurait eu deux éditions des Essais
: « Deux éditions successives en ont été données de nos jours par
Arist. Albert et Allier (l'une en 1868. Grenoble, Allier, in-8° de xv-349
pp.). » Il s'agit d'une confusion due à l'existence de ce deuxième
prospectus de 1904, diffusé pour écouler les exemplaires invendus.
Sur une page de garde de cet exemplaire, Joseph Roman a
inscrit un commentaire non seulement sur l'ouvrage mais surtout sur le
travail de publication d'Aristide Albert. Comme ce commentaire est
à usage privé, il fait part de son opinion sans fard.
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Transcription :
« L'ouvrage de Froment est de médiocre importance; avec un petit nombre de
curieux renseignements (très petit nombre) sur les vieux usages du
Briançonnais, il a amalgamé un tas d'inepties, de contes et le résultat
insipide d'une érudition indigeste. Cependant, comme l'ouvrage est fort
rare et qu'on aurait pu y joindre des notes intéressantes, on a bien fait
de le réimprimer, mais il aurait fallu le réimprimer proprement, c'est à
dire avec un certain nombre de notes courtes, claires et intéressantes. Or
nul n'était moins propre que M. Albert à faire ce travail, car il demande
de l'érudition et de l'instruction ; l'éditeur ne possédait ni l'une ni
l'autre. Ses notes ne sont que des cancans encore plus absurdes que ceux
de Froment ; il nous raconte des histoires qui lui sont arrivées sans se
donner la peine d'éclaircir les brouillards de son auteur. A la p. 262 par
exemple on lit une inscription mystérieuse que Froment considère comme un
des signes qui ont précédé l'embrasement de sa patrie ; Albert la laisse
sans commentaire. Ce n'est qu'une citation des saintes écritures, voici le
texte complet : Anima [...] erunt ? Il en est ainsi pour
toutes les inscriptions, pour toutes les citations de Froment. La préface
ne vaut pas mieux que les notes, c'est le néant. JR »
Joseph Roman est plus modéré dans la notice nécrologique qu'il consacre à Aristide Albert (BSEHA, 1904, pp. 59-61), même si le reproche de fond reste le même : « Si on pouvait considérer cela comme un travers, on lui reprocherait d'avoir trop aimé le Briançonnais ; il poussait cette idolâtrie exclusive au point de ne pas admettre qu'on discutât la valeur des écrivains originaires de cette contrée, pas même celle de Barthélémy Chaix et d'Antoine Froment. Presque toutes les publications de M. Albert sont relatives au Briançonnais. [...] Son seul travail de longue haleine est la réimpression des Essais d'Antoine Froment, ouvrage aussi rare que burlesque (Grenoble, Allier, 1868 in-8° XV et 349 pages). Malheureusement cette édition aurait eu besoin de notes et de commentaires qui ne s'y trouvent point. »
Les corrections et les notes manuscrites au crayon sont
probablement de la main de Joseph Roman. Les corrections ne concernent pas
une mauvaise transcription du texte original, mais plutôt des erreurs qui
existaient déjà dans le texte original et qui ont été fidèlement
reproduites. Pour illustrer cela, deux exemples :
p. 276 : le mot du texte original, « chaise », transcrit correctement, a
été corrigé en « chaire », ce qui est logique par rapport au texte : « on
preschoit en pleine chaise ».
p. 288 : « … et René par le baptême … » est corrigé, en « rené », ce qui
est typographiquement juste. Dans l’original, le mot porte effectivement
une majuscule.
Beaucoup des corrections concernent les citations en latin.
Cela veut dire que ces corrections ne font pas référence à l'édition
originale que Joseph Roman ne possédait probablement pas, mais sont
fondées sur la logique ou sur le retour au texte original pour les
citations.
Édition originale
Description de l'édition originale :
Essais d'Antoine Froment advocat au Parlement du Dauphiné sur
l'incendie de sa patrie, les singularitez des Alpes en la principauté du
Briançonois ; Avec plusieurs autres curieuses remarques sur le passage
du Roy aux Italies, ravage des loups, pestes, famines, Avalanches, &
embrasemens de plusieurs Villages, y survenus de suite.
Grenoble, Pierre Verdier, Imprimeur du Roy, M. DC. XXXIX [1639], petit
in-4°, [2] - 130 pp. - 1f. blanc non chiffré - [65] ff. non chiffrés.
Un exemplaire de cette édition originale est décrit sur ce site : Essais d'Antoine Froment
La page de titre est reproduite dans la réédition de 1868
(p. III) :
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Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographie d'Antoine
Froment
Notice biographique d'Aristide Albert
et de Joseph Roman
Perrin : 433, exemplaire n° 29 sur papier de Hollande
CA : 95
BSEHA(Not-PG)
SdB : 1093 (4,5 f.), exemplaire n° 20 sur papier de Hollande.
Exemplaires au CCFr :
BNF : 4-LK7-1406 (A)
BMG : V.4573 et U.1248 (don de l'auteur)
Exemplaires aux ADHA :
4° 110, 4° 79 et Fonds Guillemin 5045