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PAGE THÉMATIQUE : Exploration du Haut-Dauphiné (Oisans/Ecrins) |
P. Fissont et Auguste Vitu
Guide pittoresque et historique du voyageur dans le département de l'Isère et les localités circonvoisines.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Notes sur l'exemplaire
Demi basane bleu nuit, dos lisse orné de filets dorés.
Notes sur l'ouvrage
Le premier guide touristique de
l'Isère par deux journalistes, paru en 1856. Auparavant, il
avait déjà existé des guides
descriptifs de tout ou partie du département, mais, pour la
première fois, il s'organise selon une logique
d'itinéraires à destination des voyageurs.
Le contenu de l'ouvrage est :
- Notice historique sur
le Dauphiné (pp. 1-10). Notons que la
Réforme est
présentée comme un
événement malheureux, ce qui s'explique par les
croyances de Pierre Fissont, et le
passage de Napoléon en 1815 comme un
événement
important, ce qui se comprend en ces années 1850.
- Notice
géographique et statistique sur le département
de l'Isère (pp. 11-35). Cette notice aborde les
différents aspects du département : montagnes,
cours
d'eau, minéralogie, botanique, agriculture, industrie, etc.
Dans
le paragraphe consacré aux montagnes, les auteurs donnent
une liste des altitudes :
c'est le « Pic pris pour le
Pelvoux » qui vient
en premier avec 4178 m., suivi du Grand-Pelvoux avec 3937 m. La Meije
est absente, mais on y trouve les Trois-Ellions (les Aiguilles d'Arve)
et le Goléon.
- Voies de communication
(pp. 36-68), description des
différentes routes du département, avec les
distances
associées, et des voies ferrées (encore peu
nombreuses
à l'époque).
- Diverses notices (pp. 69-88) :
Le guide est ensuite organisé selon les 4 arrondissements de l'Isère (Grenoble,Vienne, la Tour-du-Pin, Saint-Marcellin). Après un Coup d’œil général, la description est organisée selon des itinéraires entre villes avec une notice pour chaque commune de l'arrondissement (histoire, monuments, renseignements pratiques, etc.), avec les principales curiosités et aussi les principales caractéristiques géographiques (productions, industrie, etc.) Pour l'arrondissement de Grenoble, après une notice sur la ville (histoire, monument, renseignements pratiques, etc ), la description est organisée selon 12 courses à faire depuis Grenoble, qui permettent de connaître les environs (Grande-Chartreuse, Sassenage, Voiron, le Vercors, etc.). Exemple de description :
Pour agrandir, cliquez sur la photo |
On y trouve quelques échappées vers les
départements voisins : Chambéry
et Aix-les-Bains
(pp.
176-179), Excursion
dans les Hautes-Alpes (pp. 291-293).
Un chapitre particulier est consacré à l'Oisans
(pp.
313-342) avec un long texte introductif (pp. 313-325) avant la
description commune par commune.
Le guide couvre les pages 89 à 525.
L'ouvrage se termine par une Table (pp. 527-531)
et un feuillet non chiffré portant l'avis au relieur, pour
le
placement des planches.
Les docteurs Hervier et
Saint-Lager dans leur Guide
aux eaux minérales du département de
l'Isère
et aux Alpes dauphinoises, 1861, expliquent bien la filiation
de ce guide parmi les ouvrages à destination des voyageurs
en
Isère (
p. 138) :
« Plusieurs auteurs ont écrit sur le
Dauphiné
des livres forts intéressants. MM. Roussillon et A. Albert
ont
décrit l'Oisans; MM. J. Taulier et A. Bourne, la
Grande-Chartreuse, Vizille et les Sept-Laux; MM.
Michal-Ladichère et Gerdy, Uriage et ses environs;
Dupasquier,
Allevard; Dorgeval - Dubouchet, la Motte; M. A. Macé, les
montagnes d'Autrans, de Saint-Nizier et de la Chartreuse, le pic de
Belledonne, le parcours des chemins de fer du Dauphiné. MM.
Fissont et Vitu ont publié un Guide dans le
département
de l'Isère. M. A Joanne prépare un
Itinéraire du
Dauphiné auquel nous prédisons le
succès de ses
devanciers.
Nous avons entrepris de réunir en un seul livre à
l'usage
des personnes qui se rendent aux thermes du département de
l'Isère le fruit du travail des écrivains que
nous venons
de citer et celui de nos observations personnelles; car nous avons
nous-mêmes parcouru la plupart des itinéraires
décrits dans ce livre. »
L'Oisans
Seule parmi les régions qui
composent
l'Isère, l'Oisans fait l'objet d'une description globale
avant
de passer aux notices commune par commune. Faisant suite aux deux
premiers essais sur l'Oisans à destinations des voyageurs, l'Essai
descriptif sur
l'Oisans, d'Aristide Albert et le Guide
du voyageur
dans l'Oisans,
du docteur Joseph-Hyacinthe Roussillon, tous deux parus en 1854, il est
intéressant de voir l'image de la montagne qu'en donnent P.
Fissont et A. Vitu (pp. 313-315) :
" L'Oisans est une des contrées les plus remarquables et les
moins connues de l'Europe. Son parcours offre un tel
intérêt, que nous croyons devoir donner une
manière
détaillée les indications nécessaires
pour le bien
connaître. [...] Placé au sein des Alpes,
dans une
région où elles présentent les plus
gigantesques
accidents de terrain, unis à une
variété
complète de climats et de températures, l'Oisans,
qui fut
jadis bouleversé par des cataclysmes naturels et des
tourmentes
métamorphiques, s'étend en plateaux, versants et
coteaux,
que séparent de nombreux vallons et des gorges profondes,
sur un
espace de 660 kilomètres carrés. Ces vallons et
ces
gorges, saisissants par leur aspect grandiose, aboutissent tous
à la grande vallée centrale dont nous venons de
parler et
qui suit le cours de la Romanche.
On ne peut, sans les avoir vues, se faire une idée de la
beauté des montagnes de l'Oisans. Arides ici, elles
étonnent le regard par la majesté de leurs pics
orgueilleux et l'imposante sévérité
des glaciers
qui couronnent leurs cimes abruptes. Là, parées
de
végétation, elles se déploient en
plateaux
verdoyants ou descendent en collines boisées. Les paysages
les
plus gracieux et les plus pittoresques s'y marient le souvent aux sites
les plus sombres, et plus d'une fois un rayon de soleil fait
découvrir des points de vue enchanteurs dans les endroits
qui
semblent empreints d'une morne tristesse. Les vallées de
l'Oisans l'emportent sur celles de la Suisse par des contrastes plus
grandioses, plus rapprochés, plus subits, ainsi que par des
horizons peut-être uniques. Partout la nature sauvage y
côtoie la nature cultivée; partout on est
frappé de
la variété des perspectives, des climats et des
productions. Sur les sommets, la vue des rocs
décharnés
et couverts de glaces impressionne fortement; dans la région
immédiatement inférieure, le regard se repose sur
des
tapis de verdure, des forêts, des terres
fécondées
à des hauteurs considérables; ça et
là, on
aperçoit des hameaux perchés sur d'immenses
falaises ou
plongés au fond des ravins. L'aspect des montagnes, avec
leurs
pâturages émaillés de fleurs pendant la
belle
saison, le fracas majestueux des torrents, le bruit des ruisseaux et de
leurs cascades rebondissantes, l'effet de la plaine, semblable
à
un bassin de riche culture: tout concourt à faire de ce pays
un
panorama magnifique et sans égal.
[...] Les principaux glaciers sont ceux du Mont de Lans, de la
Bérarde et des Grandes-Rousses. Le glacier du Mont de Lans a
plus de dix kilomètres de longueur. La Bérarde en
compte
trois, dont le plus considérable, celui du Chardon, a plus
d'une
lieue d'étendue. La chaîne des Grandes-Rousses est
presque
entièrement couverte de glaces. Tous ces glaciers,
dont
l'inclinaison diffère, présentent à
leur surface
des enfoncements sillonnés par de profondes crevasses d'un
aspect effrayant, et quelquefois dominés par des pyramides
de
glace. Ceux de la Bérarde déversent leurs eaux
dans le
Briançonnais, la Vallouise, le Valgodemar et l'Oisans.
Les eaux qui découlent des Grandes-Rousses se
répandent dans la Savoie et dans l'Oisans."
Plus loin, dans le notice
consacrée à Saint-Christophe-en-Oisans :
" Cette contrée est triplement remarquable, sous le rapport
de
la géologie, de la minéralogie et de la
botanique; on
trouve dans le hameau de la Bérarde, au S.-E. de
Saint-Christophe, un ancien cratère de
soulèvement qui a
été l'objet d'une étude approfondie de
la part de
l'illustre géologue Elie de Beaumont. En parcourant ces
lieux
solitaires, plongés au fond des Alpes et dans des
régions
où le monde semble finir, on ne peut se lasser d'admirer les
formes étranges de ces montagnes abruptes, dont l'aspect est
sauvage et sinistre."
On constate que l'image de la montagne reste conventionnelle, même si un louable effort est fait pour en décrire les beautés. Ce qui reste surprenant est que, dans un guide qui est par ailleurs précis et circonstancié, les sommets eux-mêmes sont oubliés, preuve s'il en est que le regard des contemporains était encore à changer. Ils pourront enfin voir les sommets.
Les
illustrations
Le titre annonce :
« Orné d'une carte et de huit
lithographies ».
En réalité, l'ouvrage contient 10 lithographies,
comme le
confirme l'avis au relieur en fin de volume. Une est placée
en
frontispice.
Les gravures représentent :
- Grenoble (frontispice)
- Allevard-les-Bains
- Uriage-les-Bains
- La Grande-Chartreuse
- Voiron
- La Motte-les-Bains
- Château de Valbonnais
- Vienne
- Eglise de Saint-Antoine
- Le Pont en Royans
Pour huit d'entre elles, elles sont basées sur un dessin de
G.
Margain et lithographiées par P. Philisdor, à
Grenoble, ce qui doit expliquer l'annonce du titre. Celles
représentant Grenoble et la Grande-Chartreuse sont
simplement signées d'un
« G » et
proviennent de Lyon (adresse en bas à droite).
Sélection de 5 de ces
illustrations :
Grenoble
(frontispice) |
|
La
Grande-Chartreuse |
Voiron |
Château
de Valbonnais |
Pont-en-Royans |
Pour agrandir, cliquez sur les photos |
En fin d'ouvrage, se trouve une grande carte du département de l'Isère, avec les limites territoriales et les voies de communication. Celles-ci sont relevées par un trait coloré rose, vert, bleu ou rouge selon les cas.
Les auteurs
Pierre Fissont (1814-1872) est un
journaliste installé à Grenoble, membre de
l'Académie delphinale.
Auguste Vitu (1823-1891) est un
écrivain et journaliste parisien. Il a passé
quelques années à Grenoble. Dans une de ses
biographies, on en trouve la raison, plus politique que personnelle :
« En
février 1850, M. Vitu, pour contre-balancer l'influence du Patriote des
Alpes, journal socialiste, créa à
Grenoble l'Ami de l'ordre,
qu'il
abandonna au mois de juin pour s'attacher à M. Granier de
Cassagnac,
rédacteur en chef du Pouvoir,
et prit la place de directeur de cette
feuille lorsque, le journal ayant été
condamné à 5,000 francs d'amende
par l'Assemblée législative, M. Granier de
Cassagnac passa au
Constitutionnel.
Le Pouvoir
cessa de paraître en janvier 1851. C'était
le moment où l'on agitait la question de la
révision de la
constitution. M. Vitu réclama le rétablissement
du suffrage universel
dans une brochure intitulée : Révision ou
révolution ; puis il accepta
la direction du Mémorial
d'Amiens. De concert avec M.
Lepoitevin-Saint-Alme, il guerroyait contre le journal du
général
Changarnier, le Courrier
d'Amiens, lorsqu'eut lieu le coup d'Etat du 2
décembre. Le préfet d'Amiens,
démissionnaire, fut remplacé par M.
Bérard, ancien secrétaire de
l'Assemblée législative, qui prit M. Vitu
pour chef de cabinet. Il suivit M. Bérard à la
préfecture de l'Isère,
où il resta trois années, jusqu'au moment
où, en qualité de rédacteur
du Pays,
journal de l'Empire, il rentra dans la presse. Le 1er
février
1860, il fut attaché au Constitutionnel »
Il a donc été
présent à Grenoble au début de 1850.
Jean Bérard ayant été
préfet de l'Isère d'avril 1852
à novembre 1856, on peut penser qu'Auguste Vitu a
séjourné à Grenoble de 1852
à 1855, période pendant laquelle il a fait la
connaissance de Pierre Fissont, alors rédacteur au Courrier de l'Isère,
et qu'ils ont rédigé ensemble cet ouvrage.
Pendant cette même période, il a aussi
publié :
L'empereur à
Grenoble, 1815-1852
Grenoble, impr. de F. Allier père et fils, 1852, 22 p.
Il existe :
Guide pittoresque du voyageur dans le
département de l'Isère, arrondissement de Grenoble.
Cantons de La Mure et de Vizille, Grenoble, Prudhomme, 1854, in-16. 32 pp.
Guide pittoresque du voyageur dans le
département de l'Isère, arrondissement de Grenoble.
Canton de Domène, notice historique, Grenoble, Prudhomme, 1854, in-16, 32 pp.
Ces 2 fascicules sont attribués à Félix Crozet, par E. Maignien (Maignien (anonyme) : 1082 et 1083)
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique de Pierre Fissont.
Notice biographique d'Auguste Vitu : Wikipedia
et sur le site patrimoine du livre.
Perrin : 419, qui ajoute :
« orné de la carte
routière du département et de dix lithographies
[dont
huit de G. Margain, lith. de R.Philisdor] »
Perret : 1675 : « Un guide descriptif de
l'Isère. Il
intéressera plus l'historien que le montagnard. Peu
courant. »
BNF : 8-LK4-459