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PAGE THÉMATIQUE : Exploration du Haut-Dauphiné (Oisans/Ecrins) |
Aristide Albert
Essai
descriptif sur l'Oisans,
suivi de Notices particulières sur
la Faune, les Forêts, la Botanique et la
Minéralogie, par MM.
Bouteille, Viaud, Alb. Gras et J. Thevenet.
Description de l'exemplaire (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Grenoble,
Maisonville, Imprimeur-Editeur, 1854 In-8° (213r x 130r mm), [4]-204-XVIII pp. |
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Notes sur l'exemplaire
Demi-basane noire, dos à 5
nerfs orné d'un fleuron (Dauphin).
Reliés entre le faux titre et le titre, l'ouvrage
contient deux feuillets manuscrits portant le titre :
Juridictions
métropolitaines des Alpes maritimes et de la Narbonaise
relativement à l'évêché de
Gap ou Recherches historiques sur les
anciens ressorts ecclésiastiques et civils et les diverses
formations
des diocèses d'Embrun et de Gap.
Les deux feuillets comportent la préface, l'introduction et
le 1er chapitre.
Il
s'agit d'un ouvrage inachevé de Jules Chérias,
paru initialement dans
le Courrier des Alpes,
et publié, incomplet, chez Jouglard à Gap en
1860. S'agit-il du manuscrit de Jules Chérias
lui-même ?
Notes sur l'ouvrage
Avec l'ouvrage du docteur Roussillon,
le premier ouvrage descriptif sur l'Oisans.
L'ouvrage contient :
-
L'Oisans
(pp. 1-134), par Aristide Albert. L'auteur
décrit
l'Oisans sous forme d'un itinéraire de Vizille au col du
Lautaret. Les villages traversés sont l'occasion d'une
évocation des charmes et des richesses du pays,
complétée de quelques faits historiques, de notes
sur les mœurs, la géographie ou l'histoire
naturelle, le tout agrémenté de
considérations au ton très personnel sur la
méconnaissance du Dauphiné,
l'émigration ou le charme des jeunes filles.
Fidèle à son style, Aristide Albert s'attache
plus à faire une description spirituelle,
légère,
mais aussi parfois grave, de l'Oisans qu'une
œuvre d'érudition. Remarquons que la haute
montagne est particulièrement absente de cet ouvrage,
même
si le passage à la Grave est l'occasion d'évoquer
"les inabordables crêtes
qui couronnent les grande Alpes" (p. 91).
- Faune de l'Oisans.
(pp. 135-163), par Hippolyte
Bouteille. L'auteur
décrit par classe les animaux que l'on trouve en Oisans,
avec pour chacun, une courte description. L'auteur agrémente
son propos de considérations personnelles. Il se montre
défavorable à la chasse qui menace d'extinction
plusieurs espèces, dont les ours, les chamois, le
gypaète, etc. Comme il se doit, la part consacrée
aux oiseaux est particulièrement importante.
- Les forêts.
(pp. 164-171), par E. Viaud, sous inspecteur des
forêts. Après un
inventaire des forêts existantes et des espèces,
l'auteur déplore la déforestation des montagnes.
- Catalogue des plantes
remarquables qui croissent
spontanément dans le canton de Bourg-d'Oisans et dans
quelques communes environnantes. (p. 171-179), par A.
Gras, docteur en médecine. Simple liste des
espèces avec le lieu où on les trouve.
- Les Mines.
(pp. 179-202), par Jules Thevenet, ingénieur civil.
Intéressant
inventaire des richesses minéralogiques de l'Oisans, avec
une liste des mines de la région.
- Indications diverses.
Distances. – Excursions. –
Chasses. (pp. 203-204). Quelques renseignements pratiques.
- Appendice. Positions
géographiques et hauteurs au-dessus du
niveau de la mer des principaux points de la nouvelle carte de France
(Feuille de Vizille et de Briançon). (pp.
I-VIII). Se
présente sous forme de tableaux. Il s'agit d'un extrait du
Bulletin de la
Société de Statistique de
l'Isère, 2e
série, Tome II, 1854, pp. 328-349 (voir ici).
- Notes.
(pp. IX-XVI). La note n° 4 est un texte de Scipion Gras sur la
porte de Bons. C'est un extrait d'une Notice
sur les restes de la voie romaine de l'Oisans,
par Scipion Gras, paru dans le Bulletin de la
Société de Statistique de
l'Isère, 1ère
série, Tome I, 1838 (séance du 13 avril 1839 - pp.
104-109).
- Table.
(pp. XVII-XVIII)
L'ouvrage d'Aristide Albert est précurseur dans la découverte des Alpes dauphinoises et le Haut-Dauphiné. Il n'avait été précédé que par un court opuscule du docteur J.-H. Roussillon : L'Oisans. Essai historique et statistique, Grenoble, Prudhomme, 1847, in-8°, 65 pp. (Mémoire présenté à la Société de Statistique de l'Isère le 4 avril 1846) et par l'article d'Alexandre Michal-Ladichère, dans le tome III de l'Album du Dauphiné (pp. 149-166). Page 31, il rappelle un texte qu'il avait écrit quelques années auparavant où il regrettait le peu de cas que les touristes faisaient du Dauphiné, en regard de la Suisse. Il attribuait une partie de cette méconnaissance à l'absence de littérature sur la région. Plus loin (pp. 34-35), il reconnaît la qualité de l'ouvrage du docteur Roussillon, ainsi que de l'article de M. Michal-Ladichère dans l'Album du Dauphiné, mais appelle encore de ses vœux une "émouvante odyssée sur nos Alpes françaises" pour "éveiller fortement la curiosité et préparer les voies à la légitime admiration". Il ne le dit pas, mais on peut penser qu'il attribue ce rôle à l'ouvrage qu'il est en train d'écrire.
Quelques mois après la
parution de ce livre,
le docteur J.-H. Roussillon publiait un ouvrage semblable par
l'objectif, mais différent par le ton et couvrant plus
largement
l'Oisans (A. Albert ne décrit que la route de Grenoble
à
Briançon par le col du Lautaret) :
Guide du voyageur
dans l'Oisans, tableau topographique, historique et
statistique de cette contrée.
Grenoble, Maisonville, 1854, in-8°, VIII-159 pp., un carte
hors-texte et 9 lithographies hors-texte
Cette note en bas de page du Dr
Roussillon indique que l'ouvrage d'Aristide Albert
précède de quelques mois le sien :
"Il vient d'être publié, depuis peu, un Essai descriptif de l'Oisans,
par M. Albert, avocat. Dans cet ouvrage, l'auteur s'attache
à
décrire, d'une manière exclusive, la
vallée de la
Romanche et les lieux parcourus par la route de Briançon, et
il
le fait avec une richesse d'imagination bien propre à
solliciter
la curiosité. Le Guide
du voyageur en Oisans
s'applaudit d'avoir été
précédé dans
ce trajet par un indicateur aussi habile et aussi
particulièrement dévoué. Quoique
n'appartenant pas
à l'Oisans, M. Albert, qui a eu à le traverser
maintes
fois, l'a vu et étudié sous ses divers rapports,
et n'a
pu rester indifférent à ses beautés
comme à
ses besoins et à ses revers; aussi, il en parle avec un
enthousiasme et un intérêt presque filials. Ce
pays,
à son tour, gardera le souvenir des pensées
généreuses qui ont dicté à
M. Albert des
pages aussi remarquables." (p. 114)
Notons la petite
remarque sur le fait
qu'Aristide Albert n'appartienne pas à l'Oisans. Rappelons
qu'il
est originaire de Briançon, ce qui n'est pas si loin de
l'Oisans
!
Semblables par le peu de place qu'ils
consacrent
chacun à la haute montagne, les deux
auteurs diffèrent par la vision qu'ils en donnent.
Pour
reprendre les termes popularisés par Claire-Eliane Engel, on
peut dit qu'Aristide Albert, c'est "les monts sublimes" et le docteur
Roussillon "les monts affreux". De ce point de vue, la
sensibilité d'Aristide Albert est plus moderne que celle du
docteur Roussillon, alors même que les deux hommes sont
presque
contemporains.
Commentaires sur l'ouvrage d'Aristide
Albert :
Catalogue Perrin :
"Ouvrage devenu fort
rare. C'est
là, parti du fond de cœurs alors jeunes et
enthousiastes des beautés et des richesses de leur pays, un
des premiers appels à l'admiration et à
l'étude de nos Alpes Dauphinoises".
Paul
Guillemin en note de son article Les voies
anciennes des glaciers du Pelvoux, Annuaire du Club Alpin
Français, 1887, p. 17 : "Cet ouvrage
où débordent le
mouvement, la jeunesse et le sentiment profond de la poésie
alpestre semble être comme l'aube du Club
Alpin."
Adolphe Joanne, dans une critique commune des ouvrages de
Roussillon et Albert : "L'ouvrage de M. Aristide Albert n'est point un guide
proprement dit, c'est une relation de voyage exacte,
positive, utile aux voyageurs, mais entremêlée de
réflexions personnelles. M. Albert ne se contente pas de
décrire les pays qu'il visite, il peint les mœurs
de leurs habitants, il raconte les impressions que lui ont fait
éprouver leurs beautés naturelles, il rappelle
les principaux faits de leur histoire." Il finit : "L'Essai
descriptif de M. A. Albert est à certains
égards plus pratique que le Guide du voyageur de
M. Roussillon."
Tirage : 210 exemplaires.
Réimpression : Res Universis, 1993.
Commentaire personnel
Indispensable pour tous ceux qui s'intéressent aux texte fondateurs de la découverte de l'Oisans et du massif des Ecrins.
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique de Aristide Albert.
Critique d'Adophe Joanne dans L'Athenaeum
français, 1854, t. III, pp. 1077-1078 : cliquez-ici
Perret 32 : Peu courant et
recherché
Perrin : 8
Maignien (Catalogue) : 304
Guillemin : 2604
BNF : absent (2 exemplaires à la BMG : O.2823 et T.563).