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E. de Barthélemy [signé]
Note
historique sur la maison de La Tour du Pin
d'après des documents
inédits.
Appendice à la Biographie
du Dauphiné, de M. Rochas.
Description de l'exemplaire (Voir : notes sur la description des ouvrages)
Paris,
Charavay, Libraire-Editeur, 1861 In-8° (236 x 154 mm), 7 pp. |
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Notes sur l'exemplaire
Broché
Notes sur l'ouvrage
L'objet de cette plaquette est de
démontrer que les familles
du nom de La Tour du Pin encore existantes à la fin du XIXe
siècle descendent de Pierre de La Tour du Pin I,
châtelain d'Oulx. Il s'agit ensuite de démontrer
que celui-ci appartient à la branche des seigneurs de la
Tour-Vinay, cadette de la famille de La Tour du Pin, qui constitue la
3e race
des Dauphins qui se termina par Humbert II, dernier Dauphin du
Dauphiné. L'enjeu est bien évidemment de relier
les La Tour du Pin à la famille delphinale, en s'appuyant sur
des documents authentiques. C'est l'historien Edouard de
Barthélemy qui est l'auteur du mémoire repris dans cette
plaquette,
signé en fin et daté du 21 avril 1861. Il
est précédé d'une courte note
signée d'Adolphe
Rochas et datée du 23 avril 1861 : "Cet ouvrage [la Biographie du Dauphiné]
était déjà en vente, lorsque la
famille de la Tour du Pin, émue des difficultés
que nous soulevons sur divers points de sa
généalogie, nous a fait remettre un
mémoire destiné à établir
son origine et sa filiation. Notre impartialité et notre
désir de ne rien négliger de ce qui peut
contribuer à la découverte de la
vérité historique, nous ont engagé
à reproduire ici ce document".
Pour comprendre l'histoire de la
publication de cette plaquette, revenons à ce que dit
Adolphe Rochas, dans la Biographie du Dauphiné,
sur les La Tour du Pin. Celui-ci consacre
plusieurs notes à cette famille, mettant en
doute la filiation de la famille subsistante avec la
dernière famille souveraine du Dauphiné. (Tome
II, pp. 30-32). Afin que nul ne soit induit en erreur, A. Rochas
commence ainsi : "Deux
grandes et illustres familles de ce nom sont originaires de notre
province." Pour ceux qui pensent qu'il n'y a qu'une seule famille, ils
sont prévenus.
Après avoir décrit la famille de la Tour du Pin,
qui constitue la 3e race des Dauphins se
terminant par Humbert II, il
conclut : " L'entière extinction de cette famille a
été contestée par quelques
généalogistes, comme on va le voir
ci-après."
Il poursuit : "La seconde famille, du nom de La Tour-du-Pin, a
jeté, dans
tous les temps, le plus vif éclat à raison de ses
grandes alliances et des nombreuses illustrations qu'elle a produites.
D'après les titres qu'elle fournit elle-même en
1666, par-devant Dugué, commissaire chargé de la
recherche des usurpateurs de noblesse en Dauphiné, son
origine prouvée
ne remonte pas au delà des
premières années du XIVe
siècle." Pour
ceux qui n'auraient pas compris que l'ancienneté et la
filiation de la famille ne sont pas établies, il ajoute en
note : "Son vrai nom est simplement La Tour. Elle n'a
commencé
à porter celui de La Tour-du-Pin que dans le
siècle dernier."
Après cette entrée en matière, voici
l'estocade :
"Des généalogistes modernes ont
attaqué cette filiation; comme si la famille de La
Tour-du-Pin n'était pas assez illustre par
elle-même, ils ont voulu rehausser son origine, et,
trompés sans doute par la conformité des noms,
ont prétendu qu'elle était une branche cadette de
celle des dauphins. L'ancien archiviste de la préfecture de
la Drôme, Moulinet, est le premier, croyons- nous, qui, dans
un long mémoire généalogique,
rédigé vers 1787, ait soutenu cette opinion.
[...] Mais où sont ces titres? quelle est leur
authenticité, quelle portée ont-ils
réellement? Cette filiation n'est pas d'un
intérêt purement
généalogique; elle en offre un tout particulier
pour l'histoire du Dauphiné, celui de savoir si la famille
de ses anciens souverains subsiste encore; aussi regrettons-nous qu'ils
n'aient pas été livrés à
l'impression. Il en existe, dit-on, une copie aux manuscrits de la
Bibliothèque impériale : nous avons fait de vains
efforts pour en obtenir communication, nous l'aurions
insérée ici en entier."
Ces différentes assertions n'ont pas eu l'heur de plaire a
un des représentants de cette famille. Il demanda une
rectification. Cette plaquette est la rectification
demandée, établie par le
généalogiste
Edouard de Barthélemy. La note publiée en
tête de
la plaquette par A. Rochas en appelle au simple devoir
d'impartialité. La vérité est
peut-être
différente. Si l'on en croit Joseph Roman, qui se cache sous
le pseudonyme de Philolèthe (Adolphe Rochas. Sa vie et ses
œuvres.), les choses ne se sont pas
passées
exactement comme cela. Voici l'anecdote (pp. 12-14) :
"La publication de la Biographie
du Dauphiné manqua
d'attirer à son auteur plus d'une fâcheuse
affaire. Il avait traité, il faut le reconnaître,
d'honorables familles avec une désinvolture outrepassant les
droits de la critique.
Il en advint ce qu'il advient toujours dans ces sortes d'affaires. Les
familles vraiment historiques, sûres de leur
généalogie, se turent et n'attachèrent
aucune importance aux attaques de Rochas; les familles les plus
ambitieuses qui cherchaient à se greffer sur des races
éteintes par des rattachements ingénieux, les
gentilshommes douteux, ornés d'un titre de comte ou de
marquis par la bienveillance du Saint-Père
poussèrent des cris d'aigle.
On se souvient encore de tout le bruit que fit à cette
occasion un ancien notaire, fils lui-même d'un porte-balle,
qui prétendait faire remonter sa
généalogie jusqu'à l'une des maisons
les plus chevaleresques du Dauphiné. Il en fut de
même d'un juge dont Rochas accusait sans preuve
l'aïeul de s'être habilement approprié
les recherches historiques d'autrui. Mais cela était peu de
chose au prix de l'affaire que voici :
Un beau matin, Rochas vit deux grands messieurs sanglés dans
des redingotes d'une coupe irréprochable et porteurs de
cannes d'une nature suspecte, se présenter avec une
extrême politesse, dans son petit bureau du
ministère : "Voici, Monsieur, ce qui nous amène,
dit le marquis de la Tour du Pin, car c'était lui,
après avoir présenté son compagnon, M.
Edouard de Barthélemy. Vous avez écrit dans votre
Biographie du
Dauphiné, ouvrage du reste fort
intéressant, que la famille de la Tour du Pin
n'était point de la même race que les derniers
Dauphins de Viennois; c'était votre droit, des historiens
éminents, entre autres Valbonnais, ont
été de cet avis, mais vous avez
exprimé cette opinion en termes blessants, incorrects, qui
ne sauraient nous convenir. Vous voudrez bien les rétracter.
– Mais, Monsieur le Marquis... – Pardon,
laissez-moi achever, je vous prie. Vous ferez donc imprimer un carton
que vous insérerez dans chacun des exemplaires de votre
remarquable ouvrage; je vous apporte les termes de cette
rectification auxquels vous voudrez bien ne rien changer, et moyennant
cela il ne sera plus question de cette fâcheuse affaire.
– Mais si je refuse. – Libre à vous,
mais alors vous voudrez bien vous couper la gorge avec moi sur l'heure.
– Permettez, je ne suis pas un spadassin, je suis
un père de famille. – Monsieur, il ne faut rien
écrire qu'on ne veuille soutenir les armes à la
main. – Non, décidément,
rétractation et duel, je refuse l'un et l'autre. –
Fort bien; alors je vais me voir obligé, à mon
grand regret, de vous administrer, en présence de M. de
Barthélemy, une légère correction avec
la canne que vous examinez depuis un moment avec tant d'attention.
– Au secours ! Je vais sonner ! – N'en faites rien,
si vous m'en croyez." La discussion ne se prolongea pas longtemps;
Rochas mollit et accorda la rétractation
demandée. Imprimée dans le même format
que la Biographie, elle est devenue assez rare ; elle a huit pages et
est datée du 23 avril.
Cette aventure, dont je tiens le récit de M. de
Barthélemy, laissa beaucoup d'amertume dans le coeur de
Rochas; il évitait d'en parler et jusqu'à la fin
de sa vie il chercha un bailleur de fonds pour faire imprimer quelque
chose, n'importe quoi (ce sont ses expressions), contre la famille de
la Tour du Pin.
Etrange coïncidence ! Rochas obtint une place lucrative pour
avoir inventé et propagé une fausse
généalogie; il fut sur le point de recevoir une
verte correction pour avoir dit, trop crument, peut-être, la
vérité."
Dans cette dernière phrase, Joseph
Roman fait allusion
à une généalogie inventée
par A. Rochas sur l'origine noble de Victor de Persigny, ministre de
l'intérieur du Second Empire, dont il attendit et
reçut des faveurs.
Cette rectification publiée sous la contrainte par A. Rochas ne semble pas avoir conclu le sujet.
Par exemple, dans l'Armorial de Dauphiné,
G. Rivoire de La
Bâtie reste prudent. Il consacre des notes
séparées aux deux famille de La Tour du Pin. Dans
la 2e note, il précise, faisant entre
autres allusion aux "difficultés" de A. Rochas avec
cette famille (p. 738) :
"De graves contestations généalogiques se sont
élevées au sujet de l'origine de cette famille.
Est-elle un rejeton de la maison souveraine de la Tour-du-Pin ?
N'est-elle, et cela serait encore fort beau, qu'une noble et ancienne
famille, sortie du Trièves et de la Val-Chevalreuse, comme
l'ont expressément écrit Chorier et Guy Allard
dans leurs Nobiliaires Dauphinoise, et originaire de la Cluse ?
Nous n'entreprendrons point de trancher ici une question aussi
délicate, et nous nous bornerons à dire que MM.
de la Tour-du-Pin, à tort ou à droit, sont
aujourd'hui en pleine possession de ce nom illustre, qu'ils n'ont
commencé à prendre que vers la fin du XVIIe
siècle."
Pas de faux titre.
L'exemplaire de la BMG provient de la bibliothèque de
Hyacinthe Gariel,
avec une lettre d'envoi autographe et
signée le Cte de la Tour du Pin Chambly et
l'enveloppe de
cette lettre, pour conserver le sceau ou cachet de famille (BMG :
O.2829)
Références (Voir : Liste des sources et références)
Notice biographique
(Wikipédia) de Edouard de Barthélemy.
BNF : 8-LM3-552