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Blanc la Goutte

Blanc la Goutte est un poète, auteur de 4 poèmes en patois de Grenoble dont les publications vont de 1729 à 1741. Il est l'un des plus anciens et sûrement le plus connu des représentants de la littérature patoise dauphinoise.

L'identification du poète Blanc la Goutte a donné lieu à des débats érudits. François Blanc et son gendre André Blanc ont été tour à tour identifiés comme étant le poète.

Blanc la Goutte est resté longtemps inconnu. P.-V. Chalvet n'en parle pas dans sa Bibliothèque de Dauphiné. J.-J. Champollion-Figeac, P. Colomb de Bâtines et A. Rochas connaissent ses ouvrages mais ne peuvent donner aucun renseignement biographique, hormis ceux qu'il donne lui-même dans son poème. Jusqu'à Rochas, le poème Dialoguo de le quatro comare ne lui était pas attribué, voire était attribué à Jean Millet. Champollion-Figeac dit tout de même de lui : "mort depuis plusieurs années, [il] a laissé parmi ceux qui l'on connu une réputation que ses saillies, ses bons mots, son humeur joviale et sa gaité constante au milieu de ses infirmités lui conserveront long-temps encore." (p. 98).

Le premier auteur a proposé une identification du poète est J.-J.-A. Pilot de Thorey dans la notice qu'il lui consacre dans Grenoble inondé, paru en 1859. Cette évocation de l'inondation de 1859 est l'occasion de rappeler les catastrophes précédentes et de donner une nouvelle édition du poème Grenoblo malhérou, qui avait été composé après l'innondation de 1733. Pour lui, il s'agit de François Blanc dont voici la biographie en quelques mots :

François Blanc est né entre 1665 et 1670. Marchand épicier place Claveyson à Grenoble, il s'est illustré par les quelques poésies et textes en patois de Grenoble qu'il a publiés entre 1729 et 1741. De son mariage avec Dimanche Pélissier, il a eu deux garçons, Simon et Charles, qui tenaient avec lui le commerce d'épicerie, et quatre filles, Sébastienne, Catherine, Marguerite et Dimanche. Ses fils sont respectivement morts à Grenoble le 27 décembre 1733 et le 22 juillet 1740. Auparavant, il avait perdu sa femme, décédée à Grenoble en 1727. Ses quatre filles ont toutes épousé des commerçants ou des artisans de la ville. Marguerite s'est marié avec Pierre Hache, marchand ébéniste, de la célèbre dynastie des ébénistes grenoblois. Leur fils, Jean-François Hache dit l'aîné, est le plus célèbre membre de cette famille. Perclus par la goutte, François Blanc est mort à Grenoble le 22 mars 1742, laissant un maigre héritage. Selon des témoignages qu'a pu recueillir Jean-Joseph-Antoine Pilot de Thorey, Blanc la Goutte était "un homme badin, gai, plaisant, d'une humeur enjouée".

Cette identification a été remise en cause par Albert Ravanat dans une petite plaquette parue en 1890 :
Blanc-la-Goutte. Grenôblo hérou, .... Notes et recherches sur l'âge et les œuvres de l'auteur, par Albert Ravanat, Grenoble, 1890, qui conteste l'exactitude des informations données par Pilot de Thorey. Se basant sur la lettre trouvée dans l'exemplaire du Grenoblo Malhérou qu'il avait acquis à la vente Genard, Albert Ravanat affirme que J.-J.A. Pilot s'est trompé en identifiant Blanc la Goutte avec François Blanc. Il faut plutôt l'identifier avec son fils ou son gendre André Blanc, plus jeune.

Dans son article, Le poète François Blanc dit Blanc-la-Goutte, paru dans la Petite Revue des Bibliophiles dauphinois, n° 5, 1907, pp. 256-273.G. Vellein s'en tient à l'hypothèse de J.-J.-A. Pilot, après avoir cité et réfuté la position de A. Ravanat, sans pour autant apporter plus d'informations. 

Enfin, récemment, le professeur Gaston Tuaillon, dans plusieurs communications, est revenu sur l'identification du poète Blanc la Goutte. Il défend et étaye l'hypothèse avancée par Albert Ravanat : Blanc la Goutte est André Blanc, né à Sinard le 9 février 1690 et mort à Grenoble le 27 octobre 1745, époux de Dominique Blanc, fille de François Blanc. Appuyée sur des recherches dans les archives, cette identification s'appuie beaucoup sur la dédicace galante de l'Epitre sur les Réjouissances..., qui semble incompatible avec l'âge de François Blanc lors de la rédaction de cette pièce. On peut retrouver l'argumentation convaincante de G. Tuaillon dans la publication des œuvres complètes de Blanc la Goutte : Blanc la Goutte, Poète de Grenoble. Oeuvres complètes. Grenoble, Le Monde Alpin et Rhodanien, 4/2002.

Blanc la Goutte a fait paraître quatre ouvrages de son vivant :
- Épître en vers, au langage vulgaire de Grenoble, sur les réjouissances qu'on y a faites pour la naissance de Monseigneur le dauphin, à Mademoiselle***, Grenoble, Pierre Faure, 1729
- Grenoblo malhérou. A Monsieur ***, Grenoble, André Faure, 1733
- Recueil de poésie en langage vulgaire de Grenoble, contenant l'Epitre à Mademoiselle ***. sur les réjouissances à l'occasion de la naissance de Monseigneur le Dauphin, Grenoblo malhérou et le Jacquety de le Comare, Grenoble, André Faure, s.d. [ca 1740], qui est une nouvelle publication des deux œuvres précédentes et la première édition du Dialoguo de le quatro comare ou Jacquety de le Comare.
- Coupi de la lettra ecrita per Blanc dit la Goutta a un de sos amis u sujet de l'inondation arriva à Garnoblo la veille de St Thomas. 20 Xbre 1740, Grenoble, Pierre Faure, 1741.

Le Grenoblo Malhérou et le Jacquety de le Comare ont fait l'objet de très nombreuses éditions depuis leur parution. Pour une liste et une analyse de ces différentes publications, voir la notice consacrée sur ce site à l'édition du Grenoblo malhérou, chez Courreng.

Pour Adolphe Rochas, qui n'a aucun renseignement sur sa vie : "[La] vulgarité [de ses poésies en patois] ne se rachète que par une assez grande variété de détails et beaucoup d'expressions heureuses". Le jugement d'Auguste Prudhomme n'est guère différent (Histoire de Grenoble, p. 550) : "Blanc la Goutte, auquel on doit le Grenoblo Malherou, le Dialoguo de le quatro Comare, et plusieurs autres pièces, dont la médiocrité est à peine rachetée par quelques expressions heureuses, par quelques ingénieuses images".

Nous préférons rapporter les quelques mots plus bienveillants de George Sand dans la préface à l'édition des poèmes parue en 1864 et illustrée par D. Rahoult : « un de ses morts illustres, ignoré pourtant au delà de ses horizons, et digne d'être entendu et goûté de toute la France ». « Il y a du Balzac dans ce bonhomme ».


Il n'existe aucun portrait de Blanc la Goutte. On ne peut que s'en remettre au portrait imaginé par Diodore Rahoult pour illustrer l'édition de 1864 des œuvres du poète :

Blanc la Goutte: portrait par Diodore Rahoult
Pour agrandir, cliquez sur l'image

Ouvrages de cet auteur sur ce site

Épître en vers, au langage vulgaire de Grenoble, sur les réjouissances qu'on y a faites pour la naissance de Monseigneur le dauphin, à Mademoiselle ***
Recueil de poésie, en langage vulgaire de Grenoble, contenant l'Epitre à Mademoiselle *** sur les réjouissances à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, Grenoblo malherou & le Jacquety de le Comare
Grenoblo malhérou, édition de Courreng
Grenoblo malhérou, édition de Giroud
Poésie en patois du Dauphiné, édition de 1864, illustrée par D. Rahoult.

Sources  (Voir : Liste des sources et références)

Notice sur Blanc la Goutte. (pp. 54-59), dans Grenoble inondé par J.-J.-A. Pilot de Thorey

La meilleure étude récente, qui contient tous les poèmes avec la traduction en français, est :
Blanc la Goutte, poète de Grenoble, œuvres complètes, présentées et traduites par Gunhild Hoyer & Gaston Tuaillon, Grenoble, "Le Monde Alpin et Rhodanien", année 2002, 4e trimestre.

En plus des sources citées, d'autres érudits se sont attachés à mieux connaître cet auteur :
Bibliographie. Grenoblo malhérou. [Signé : Gerbaud.], Grenoble, impr. de Maisonville et fils : (s. d.), in-8° , 7 p., (Extrait de l'Impartial dauphinois. 16 février 1873).
Conférence de M. E. Févelat sur Le Grenoblo malhérou, La Coupi de la lettra, Le Jacquety de le quatro comare de Blanc la Goutte..., Lille, impr. de Lefebvre-Ducrocq, 1912, in-8° , 13 p., fig. (Société archéologique, historique et artistique Le Vieux Papier. 82e réunion. 26 mars 1912)

Sur son domicile : http://www.isere-annuaire.com/monument/porte-hache.htm
Sur la famille Hache : http://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Hache