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PAGE THÉMATIQUE : Dialectes et patois du Dauphiné

[Jean Millet]

[Pastorale et tragi-comédie de Janin]

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

S.l.n.n.n.d.(Grenoble, 1700 ?)
In-12 (182r x 115r mm), 119 pp.
Pastorale de Janin : titre Pastorale de Janin : titre Recueil de poésie, en langage vulgaire de Grenoble : reliure
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Notes sur l'exemplaire

Cet exemplaire est relié avec : Recueil de poésie, en langage vulgaire de Grenoble, contenant l'Epitre à Mademoiselle *** sur les réjouissances à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, Grenoblo malherou & le Jacquety de le Comare, de Blanc la Goutte, publié à Grenoble vers 1740.

Notes sur l'ouvrage

Une des nombreuses éditions de la Pastorale de Janin, poème en langage de Grenoble, publié pour la première fois à Grenoble en 1633.

Cette Pastorale de Janin, qui est aussi connue sous le nom de la Pastorale de la Lhauda, raconte les amours contrariés du berger Janin pour la bergère Lhauda. J'emprunte à Champollion-Figeac le résumé de l'intrigue (Nouvelles recherches sur les patois ou idiomes vulgaires de la France et en particulier sur ceux du département de l'Isère, pp. 82-83) :
"L'indiscrétion de Janin le brouille avec Lhauda, sa bergère. Amidor est très à propos conduit auprès d'elle par le hasard et il en devient amoureux. Lhauda répond à son empressement et lui engage sa foi. De là, grande discussion entre la mère de Lhauda, qui est flattée des assiduités d'Amidor, et le père Piéro qui préfère Janin. De là aussi grande jalousie de Janin, qui ne néglige rien pour traverser les amours d'Amidor et de Lhauda, et qui, après avoir employé les menaces et fait usage contre eux de sa longue fronde, va implorer la puissance d'une sorcière du voisinage; il en emprunte un flageolet qui fait danser tous ceux qui l'entendent, et il obtient d'elle les moyens de nouer l'aiguillette des deux amants lorsque le prêtre leur donnera la bénédiction nuptiale. Mais le déguisement d'Amidor, l'entêtement de la mère Thievena, la persévérance de Lhauda , les clameurs des commères du voisinage et la prompte célébration des noces décident le consentement de Piéro, préviennent les effets du sortilège, font le bonheur des deux amants qui sont unis, et le malheur de Janin qui se précipite du haut d'un rocher."

Cette édition comporte :
- Pas de faux titre, ni de titre.
- A Monseigneur, monseigneur, messire Sébastien de Pourroy, Chevalier, Conseiller du Roi en ses Conseils d'Etat & Privé, & Président en sa Cour de Parlement de Dauphiné (p. 1). Cette dédicace se trouvait dès la première édition.
- Une pièce en vers de Jean Millet et 10 pièces en vers, certaines en français, d'autres en langage de Grenoble, dédiées à l'auteur, signées S.D.P, V.H., C.D.R., CL.L, B. F. B., F. M. (pp. 2-6). Ces pièces semblent avoir été reproduites dans toutes les éditions. Seule l'édition originale contenait aussi deux pièces en vers signées L. D. F. Selon P. Colomb de Batines : "Deux des pièces préliminaires qui précèdent ordinairement le texte de la comédie de Millet paraissent ne se trouver que dans cette première édition, savoir : Svr l'hevrevx mariage du gentil-homme Amidor, grand veneur, et de Lhauda, la bergère boccagère : six couplets de six vers chacun. — Au sieur Millet : huit vers. — Ces deux pièces sont signées des initiales L. D. F. "
- Argument. (pp. 7-9)
- Les acteurs. (p.10). On trouve le sous titre : La Faye de Sassenage.
- Prologue de la Faye de Sassenage (pp. 11-16).
- La pièce : pp. 17-119.


Les éditions

La première édition a été donnée en 1633 :
Pastorale et tragicomédie de Ianin, représentée dans la ville de Grenoble, dédiée à Monseignevr le président de Povrroy. A Grenoble, par Richard Cocson, demeurant à la place S. André, à l'enseigne du Poullet, 1633, petit in-4° de 122 pag., signé Biij-Piij.

Le premier à avoir donné une bibliographie de la Pastorale de Janin est Paul Colomb de Batines dans sa Bibliographie des patois du Dauphiné insérée dans les Mélanges biographiques et bibliographiques relatifs à l'histoire littéraire du Dauphiné, publié en collaboration avec Jules Ollivier (pp. 197-206). Il compte 15 éditions de ce texte depuis l'édition originale jusqu'à la dernière édition, qui est une édition de colportage :
A Grenoble, chez Lemaire, colporteur (vers 1800), in-8° de 119 pag.  : "Cette dernière édition, dont je [P. Colomb de Batines] possède un exemplaire, est une réimpression textuelle de celle de Grenoble 1700, et est intitulée : Pastorale de Janin, ou la Faye de Sassenage, comédie en vers en cinq actes. "

Cet exemplaire est une édition de 1700, mais rien ne permet de le déterminer dans l'ouvrage lui-même. Je m'appuie sur l'autorité du rédacteur du catalogue de la vente Salvaing de Boissieu. En effet, cet exemplaire provient de cette vente (n° 586). L'édition est ainsi identifiée : Pastorale et tragi-comédie de Janin, par J. Millet, s.n.d.l.n.d. (Grenoble, 1700), in-8° de 119 pp.

Cela correspond à cette édition référencée par Paul Colomb de Batines, qui, le premier, l'a décrite :
Grenoble, 1700 , in-8° de 119 pag., signé Ah-HZ : "Cette édition est citée par Champollion (Nouv. Rech., page 198). J'en possède un exemplaire, et un autre se trouve à la bibliothèque publique de Grenoble (Catal., N.° 16510). Ces deux exemplaires sont sans titre et faux-titre."

En effet, Champollion-Figeac, pour la première fois, donne la date de 1700, qui est aussi reprise par Colomb de Batines.  Je ne sais pas ce qui leur permet d'affirmer que cette édition date de 1700. Dans notre exemplaire ici décrit, il manque aussi le titre et le faux titre, comme les deux cités par Colomb de Batines. Nulle part il n'apparaît de mention de date d'impression, ni d'édition : pas d'achevé d'imprimer ni de permission. Cette date de 1700 est ensuite reprise par tous les bibliographes postérieurs : Rochas ne fait que recopier Colombe de Batines. E. Maignien, dans : L'Imprimerie, les Imprimeurs et les Libraires à Grenoble du XVe au XVIIIe siècle, Grenoble, 1884, référence cette édition sous le n° 872 et émet l'hypothèse d'une impression par Faure.

Dans le catalogue Perrin, il y a deux exemplaires : l'édition de 1800 (n° 609), avec un long commentaire, et une édition de de Lyon, 1666 (n° 608), qui est inconnue de Colomb de Batines. Cela lui permet d'affirmer que la pièce a eu 16 éditions au lieu des 15 citées par celui-ci.


Autres publications du texte

Ce texte a été peu repris. Le recueil Poésies en langage patois du Dauphiné, de 1829, contient un extrait : Monologue de Janin, Tiré de la Pastorale de Janin, ou la Faye de Sassenage, comédie en vers, en cinq actes. (pp. 27-30). C'est la première fois qu'un extrait est publié, depuis la dernière édition de 1800. Il est repris dans Poésies en patois du Dauphiné, deuxième édition revue et augmentée, Grenoble, A. Merle, 1859. En revanche, J. Lapaume, dans son Recueil de poésies en patois du Dauphiné, Grenoble, 1878, fait une place modeste à Jean Millet, en ne publiant qu'une chanson inédite (n° VI).


Commentaires

Comme souvent, les jugements sont très variés. Champollion-Figeac, qui est le premier à en parler dans son étude sur le patois de Grenoble, rappelle : "Elle fut le premier essai de Jean Millet, et elle a eu un succès constant, non pas au théâtre, quoiqu'elle y ait paru, mais parmi les littérateurs et les amateurs de nos hameaux, pour qui il a fallu en faire quatre éditions successives et quelques contrefaçons. Cette pièce mérite jusqu'à un certain point cet honneur que n'obtiennent pas tous les bons ouvrages; le sujet semble le justifier aux yeux de ses lecteurs ordinaires." (p. 81-82) et conclut :  "De semblables compositions ne peuvent être jugées que dans les détails, et la pastorale de Janin en offre d'intéressants sous le rapport des idées, des situations, et de la manière dont elles sont exprimées." (p. 83). Après voir donné quelques extraits, il termine : "Par l'aperçu que nous avons donné et du sujet et de la manière dont il a été traité, on peut pressentir les causes de l'espèce de célébrité dont jouit cette pièce connue vulgairement sous le nom de la Lhauda. Il n'y a point de doute que cette célébrité ne s'accroisse encore, surtout si ce que l'on raconte acquiert un certain degré de vraisemblance historique." (p. 87). Pour illustrer cela, il identifie la Lhauda avec la célèbre Claudine Mignot, dont il donne une biographie détaillée. Cette identification est rejetée, en particulier par Rochas, car les dates ne concordent pas.

Commentaire personnel

Une découverte inopinée. Lorsque j'ai acheté cet ouvrage sur catalogue dans une vente aux enchères, rien n'indiquait qu'il contenait aussi cette Pastorale. Seule la première pièce était citée.

Références  (Voir : Liste des sources et références)

Notice biographique de Jean Millet

Maignien (Imprimerie) : 872
Maignien (Catalogue) : 15942
Rochas : II, 147
BNF et CCFr : aucun exemplaire identifié avec la date de 1700.