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Nicolas Chorier
Histoire générale de Dauphiné
Description de l'ouvrage (Voir : Notes sur la description des ouvrages)
Ouvrage en 2 tomes :
- Grenoble, Philippes Charvys, Libraire & Imprimeur ordinaire du Roy,
1661, in-folio (344r x 224r mm), [34]-874-[65] pp.
- Lyon, Jean Thioly, 1672, in-folio (358r x 233r
mm), [12]-768-[14]-[10]-86 pp.
Notes sur l'ouvrage
Première histoire complète du Dauphiné, en 2 tomes qu'il
est difficile de trouver réunis.
Le premier tome contient :
- Titre en noir et rouge, avec une grande vignette de titre (p. [I]). Il
n'y a pas d'indication de tomaison. Pas de faux titre. La vignette de
titre est ainsi décrite par Maignien : « gravure, signée N.B.f.,
représente l'histoire du Dauphiné personnifiée, très mal habillée d'une
robe semée de dauphins, marchant nu pieds, une main sur la hanche et
l'autre tenant un miroir, au milieu d'une campagne coupée de précipices et
bordés de montagnes. ». Le rédacteur de la notice incluse dans
Les sommets de la bibliophilie
dauphinoise y voit aussi les Merveilles du Dauphiné. Le Mont
Aiguille serait représenté dans le fond à droite.
- Dédicace de Nicolas Chorier : A
Monseigneur de Lionne, commandeur des ordres du Roy et ministre d'estat
(pp. [III-XV]), avec un beau bandeau de tête portant ses armes.
- A Monseigneur de Lionne,
ministre d'estat. Sonnet., par François Boniel (p. [XVI])
- Privilège (p. [XVII]). Il porte un achevé d'imprimer au 10 décembre
1661.
- Au lecteur (pp. [XIX-XX]).
Nicolas Chorier rappelle au lecteur qu'il est le premier à écrire une
histoire du Dauphiné, travail auquel il s'est attelé, comme « les
premiers Navigateurs ne laissaient pas de sortir du port, quoy qu'ils
n'eussent ny Carte, ny Boussole ». Il ajoute qu'il n'a pas pu y
consacrer tout le temps qu'il voulait, devant par ailleurs travailler pour
subvenir à ses besoins. Il finit en signalant les nombreuses fautes de
l'imprimeur, en particulier dans les 7 premiers chapitres. Il précise que
« ayant donné du Grec, l'on me rendait de l'Arabe ».
- Obmissions & Additions.
(pp. [XX-XXIII])
- Poèmes et odes en l'honneur de Nicolas Chorier et de son ouvrage ( pp.
XXIII-XXXIV]) par Claude Gratte, C. F. Menestrier, François Boniel, CL.
Trillard, Alphonse de Simiane de la Coste, Ant. Boniel de Cathilon,
Pellisson, Allard, De Nantes, T. De Lorme,
Estienne Le Roux. Maignien signale une pièce de Boissat, qui n'existe pas.
Les onze livres de ce tome sont tous constitués de :
- Page portant le titre développé du livre
- Sommaire du livre sous forme d'une description succincte des différentes
sections du livre avec, pour chacune, les « Preuves &
Authoritez »
- Livre. Les sections ne sont rappelées que par le numéro du sommaire.
Selon l'usage de l'époque, le sujet traité par le paragraphe est indiqué
en marge. On y trouve aussi les dates des événements relatés.
Les différents livres sont :
- Livre premier, contenant la
géographie ancienne et moderne, et les merveilles de Dauphiné.
(pp. 1-73). C'est une présentation du Dauphiné, qui débute par les peuples
anciens et le passage d'Hannibal, et se termine, pour la plus grande
partie, par une description des différents aspects du Dauphiné :
géographie, fleuves, merveilles, faunes, fleurs, productions, etc.
- Livre second, contenant la politique
des Allobroges dans le Dauphiné. (pp. 75-116). Contient une
dissertation sur la langue celte et les mots qui en proviennent dans la
langue de l'époque.
- Livre troisième, contenant les
illustres Revolutions de cette Province sous les Allobroges jusques à
l'An 102. avant Jesus-Christ. (pp. 117-165). Nicolas Chorier
relate a nouveau le passage des Alpes par Hannibal (il l'avait déjà abordé
dans le 1er livre). Il le fait passer par Die et le
Mont-Genèvre. Pour lui, il a montré la plaine d'Italie depuis « la
Montagne de Cestrieres ».
- Livre quatrième, contenant la
Politique des Romains dans le Dauphiné. (pp. 167-255). Ce
chapitre aborde l'apparition du christianisme en Dauphiné. Le chapitre se
termine par un plaidoyer en faveur de l'éducation des femmes
« Pourquoi défendre à ce Sexe d'aborder les Sciences, qui ne luy sont
pas plus inaccessibles qu'au nostre, & qui ne luy sont pas moins
utiles ? ».
- Livre cinquième contenant les
Revolutions illustres de cette Province, jusques à la mort de Jules
Cesar, XLIV. Ans avant la Naissance de Jesus-Christ. (pp.
257-303).
- Livre sixième, contenant les
Revolutions, et les Evenements illustres de cette Province, jusques au
Regne de Trajan, & à l'An C. de notre Salut. (pp. 305-353).
- Livre septième, contenant les
Revolutions, illustres, depuis l'An C. de nostre Salut, jusques à
l'entrée des Bourguignons en cette Province, l'An CD.XXVIII. (pp.
355-448).
- Livre huictième, contenant la
Politique des deux Royaumes de Bourgogne, et des Premiers Roys de France
dans le Dauphiné. (pp. 449-525).
- Livre neufvième, contenant les
Revolutions illustres de cette Province, depuis l'An CD.XXVIII. de
nostre Salut, jusques à l'An DCC.XLII. (pp. 527-631)
- Livre dixième, contenant les
illustres Revolutions de cette Province, de l'An DCC.XLII. De nostre
Salut, jusques à l'An M.XXXVIII. (pp. 633-761).
- Livre onzième, contenant la Politique
des Dauphins en cette Province, apres la ruine du Royaume de Bourgogne.
(pp. 763-874). Ce livre contient la généalogie des trois races des
Dauphins. C'est le premier essai de reconstitution complète de l'histoire
et de la généalogie de la famille qui a régné sur le Dauphiné jusqu'en
1349.
Le terme « Revolutions » est employé pour les chapitres qui
rapportent chronologiquement les événements qui ont eu lieu en
Dauphiné. Le terme « Politique » est utilisé pour ce qui se
rapporte à la situation politique, aux institutions, aux lois, à la
religion, à la culture, aux arts, etc.
Le premier tome se termine par :
- Table des matieres particulieres
contenuës dans ce premier Tome de l'Histoire generale de Dauphiné.
(pp. [1-63]).
- Errata. (pp. [64-65]).
Le second tome contient
- Titre : Histoire générale de
Dauphiné. Dépuis l'an M. de N. S. jusques à nos jours.,
avec une grande vignette de titre (p. [I]). Titre en noir et rouge. Il n'y a pas d'indication de tomaison. Pas de faux titre. Nicolas Chorier est qualifié : « Avocat au Parlement de Dauphiné » |
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- Dédicace de Nicolas Chorier : A
son Altesse Eminentissime Monseigneur le Cardinal de Buillon, Commandeur
des Ordres du Roy, Grand Aumônier de France. (pp. [III-VII]),
avec un beau bandeau de tête.
- A son Altesse Monseigneur le
Cardinal de Buillon, Sonnet., par François Boniel, prieur de
Treffort. (p. [VIII])
- Au lecteur. (pp. [IX-X]).
Nicolas Chorier s'est donné comme objectif d'aller au-delà d'une histoire
des princes qui ont gouverné le Dauphiné. Il a souhaité aussi évoquer ce
qui touche « les Villes & les Communautez », « les
moeurs; les loix & la politique », en entendant politique dans le
sens large qu'il utilise dans le premier tome. Suivant divers conseils, il
arrête son Histoire au début du
XVIIe siècle. De ce fait, il manque à son ouvrage « la
politique & la forme du Gouvernement introduite dans ce Pays depuis le
Dauphin Humbert II ». Il renvoie à l'ouvrage qu'il a fait
paraître l'année précédente : Estat politique de la Province de Dauphiné.
Les deux ouvrages feront « un corps assez complet ». Comme dans
le tome précédent, il finit en se plaignant des fautes d'impressions.
Visiblement touché par quelques critiques, il se défend de ne pas avoir la
« pureté » de style que l'on attend d'un écrit. Le récit
historique amène des contraintes qui ne permettent pas toujours de soigner
son style.
- Poèmes et odes en l'honneur de Nicolas Chorier et de son ouvrage ( pp.
XI-XII]) par Le Pays, Alluys, Moreri, T. De Lorme.
Les vingt livres sont tous constitués de :
- Sommaire du livre commençant par le titre du livre, suivi d'une
description succincte des différentes sections du livre avec, pour
chacune, les « Preuves et Authoritez ». Lorsque la place le
permet, la vignette de la page de titre est répétée en fin de cette
partie.
- Livre. Les sections ne sont rappelées que par le numéro du sommaire.
Selon l'usage de l'époque, le sujet traité par le paragraphe est indiqué
en marge. On y trouve aussi les dates des événements relatés. Lorsque la
place le permet, la vignette de la page de titre est répétée à la fin du
livre.
Les différents livres sont :
- Livre premier contenant Les illustres
revolutions de cette Province, depuis l'an M.XXXIX. jusques à l'an
M.CCXXV. (pp. 1-38). Il y a une erreur dans le titre, car ce
livre se termine en 1125 et non 1225.
- Livre second contenant Les illustres
évenemens depuis l'an M.CXXV. jusques à l'an M.CC. (pp. 39-80).
- Livre troisième contenant Les
illustres évenemens depuis l'an M.CCI. jusques à l'an M.CCXXIII.
(pp. 81-110).
- Livre quatrième Depuis l'an M.CCXXIV.
jusques à l'an M.CCLX. (pp. 110-140).
- Livre cinquième Depuis l'an M.CCLXI.
jusques à l'an M.CCLXXXII. (pp. 141-165).
- Livre sixième contenant Les illustres
revolutions dépuis l'an M.CCLXXXIII. jusques à l'an M.CCCII. (pp.
166-204).
- Livre septième Depuis l'an M.CCCIII.
jusques à l'an M.CCCXVIII. (pp. 205-232).
- Livre huitième Dépuis l'an M.CCCXIX.
jusques à l'an M.CCCXXXIII. (pp. 233-265).
- Livre neufvième Dépuis l'an
M.CCCXXXIII. jusques à l'an M.CCCXLIV. (pp. 266-300).
- Livre dixième Dépuis l'an M.CCCXLIV.
jusques à l'an M.CCCC. (pp. 301-331).
- Livre onzième Dépuis l'an M.CCCXLIX.
jusques à l'an M.CCCLXXXVI. (pp. 332-377).
- Livre douzième Dépuis l'an
M.CCCLXXXVI. jusques à l'an M.CCCCXXI. (pp. 378-415).
- Livre treizième Dépuis l'an
M.CCCCXXII. jusques à l'an M.CCCCL. (pp. 416-446).
- Livre quatorzième. Dépuis l'an
M.CCCCLI. jusques à l'an M.CCCCLXXXIII. (pp. 447-483).
- Livre quinzième. Dépuis l'an
M.CCCCLXXXIII. jusques à l'an M.DXXI. (pp. 484-518).
- Livre seizième. Dépuis l'an M.DXXII.
jusques à l'an M.DLX. (pp. 519-549).
- Livre dix-septième, Contenant les
illustres évenemens durant l'an M.DLXI. & l'an M.DLXII. (pp.
550-582).
- Livre dix-huitième, Depuis l'an
M.DLXIII. jusques à l'an M.DLXX. (pp. 583-631).
- Livre dix-neufvième, Depuis l'an
M.DLXX. jusques à l'an M.DLXXIX. (pp. 632-690).
- Livre vingtième, Depuis l'an
M.DLXXIX. jusques à l'an M.DCI. (pp. 691-768). Contient une
section intéressante sur l'Etat des Lettres en Dauohiné (pp. 730-735).
Le deuxième tome se termine par :
- Table des matieres contenues en ce
volume. (pp. [1-12]).
- Extrait du Privilège du Roy.
(p. [13]). Il porte un achevé d'imprimer au 25 mars 1672.
- Fautes à corriger en l'Histoire de
Dauphiné. (pp. [13-14]).
Il est suivi par un autre ouvrage qui se trouve habituellement joint à l'Histoire générale de Dauphiné :
- Titre : Histoire genealogique de la
maison de Sassenage, branche des anciens Comtes de Lyon et de Forests.,
Lyon, Jean Thioly, 1672, avec une grande vignette de titre (p. [I]). Pas
de faux titre.
- Dédicace de Nicolas Chorier : A
Monseigneur de Boissieu, Conseiller du Roy en ses Conseils d'Etat &
Privé, Premier Président en sa Chambre des Comptes, & Cour des
Finances de Dauphiné. (pp. [III]). Il s'agit de Denis Salvaing de
Boissieu. En réalité, il serait l'auteur de cet ouvrage.
- Additions à l'Histoire genealogique
de la maison de Sassenage. (pp. [IV-V]).
- Table des Alliances de la maison de
Sassenage (p. [VI]).
- Table des Alliances de la maison de
Berenger (p. [VII]).
- Ligne directe de la premiere Race des
Barons de Sassenage. Table I. (p. [VIII]).
- Ligne directe des Seigneurs de
Montrigaud & d'Iseron puînez de la premiere race des Barons de
Sassenage. Table II. (p. [IX]).
- Ligne directe de la seconde Race des
Barons de Sassenage. (p. [X]).
- Histoire genealogique de la maison de
Sassenage. (pp. 1-83). L'ouvrage contient 4 livres. Le premier
traite des origines des Sassenage. N. Chorier rappelle l'origine
légendaire de cette famille qui prétend descendre de la fée Mélusine. Pour
lui, elle est issue des comtes de Lyon et du Forez. Les autres livres
décrivent la généalogie et l'histoire de cette famille. Dans le quatrième
livre, le mariage de Charles-Louis-Alphonse de Sassenage avec la fille de
Denis Salvaing de Boissieu en 1651 est l'occasion pour lui de dérouler sur
deux pages (pp. 78-79) l'origine et la généalogie des Salvaing de
Boissieu, dont on sait que l'ancienneté n'était pas celle que décrit N.
Chorier (voir l'ouvrage de A. de
Terrebase sur ce sujet). Nous pourrions voir là un échange de bons
procédés, sauf à admettre l'hypothèse que Salvaing de Boissieu est
l'auteur de cet ouvrage, ce qui illustrerait l'adage : « On n'est
jamais mieux servi que par soi-même ».
Le premier auteur à consacrer une longue étude à Nicolas Chorier et à son
oeuvre est Jules Ollivier, dans les Mélanges biographiques et bibliographiques
relatifs à l'histoire littéraire du Dauphiné, parus en 1837
: Histoire de la vie et des ouvrages de
Nicolas Chorier (pp. 1-50). Les informations qui suivent sont
extraites de cet article, ainsi que des notes manuscrites de Paul
Colomb
de Batines et de Eugène Chaper qui
le complètent dans notre exemplaire.
En 1654, Nicolas Chorier fait paraître un prospectus :
Projet de l'histoire de Dauphiné de
Nicolas Chorier, advocat à Vienne
Lyon, Guillaume Barbier, Imprimeur ordinaire du Roy, 1654, petit in-4°, 24
pp.
Il existe une première édition de ce prospectus publié en 1653, s.l., 16
pp. (Exemplaire de la BMG).
Selon Jules Ollivier « ce prospectus ne se retrouve presque
plus ».
Nicolas Chorier fit précéder la publication de l'Histoire
générale de Dauphiné par des Recherches
sur les antiquités de la ville de Vienne, parues en 1658. Il se
proposait de faire le même travail sur les principales villes de la
Province, mais ne mena pas son projet à terme. Il fit enfin paraître son
ouvrage en 1661. Jules Ollivier rapporte ironiquement : « Chorier eut
la bonhomie de faire imprimer en tête de son ouvrage bon nombre de ces
niaises fadeurs poétiques, qui, toutes médiocres et ridicules qu'elles
étaient, sont néanmoins un témoignage de la faveur et de la popularité que
lui avait conquis son patriotisme ». Il rend hommage a son travail,
notant qu'il était le premier « faire surgir la chronologie de la
période la plus obscure des âges historiques » d'une « quantité
prodigieuses de chartes et de cartulaires» qui étaient encore inconnus et
« ensevelis dans la poudre des chartriers ». Parmi les reproches
que Jules Ollivier fait à cet ouvrage, il y a celui « d'avoir apporté
si peu d'ordre et de critiques dans les dates des événements, que sa
chronologie est inextricable de perturbations ». Il l'accuse d'avoir
modifié les dates lorsque cela l'arrangeait. Parmi les autres reproches,
il y a l'abus des « digressions interminables et étrangères à son
sujet » ou de rapporter, dans la description de la Province,
« toutes les fables et les erreurs d'une physique puérile ». Sur
la généalogie de la première Race des Dauphins, Jules Ollivier renvoie aux
travaux du président Valbonnais, qui retrancha les cinq premières
générations aux travaux de Nicolas Chorier.
Le second volume a été aussi annoncé par un prospectus,
qui n'est pas référencé dans les bibliographies d'Ollivier et Rochas
et qu'Eugène Chaper semble ignorer :
Projet de la suite de l'histoire
générale de Dauphiné
S. l. n. d., in-4°, 4 pp. (un seul exemplaire, à la BMG)
Ce prospectus fait l'objet d'un article de G. Vellein dans la Petite revue des Bibliophiles dauphinois,
n ° 3, 1906, pp. 134-138. Le projet, probablement daté de 1662, semble
correspondre non seulement au deuxième tome de l'Histoire
générale de Dauphiné mais aussi à l'Estat politique de la Province de Dauphiné.
En séparant son projet initial en deux ouvrages, il répond à la
préoccupation dont il fait part dans l'avis Au
lecteur du second tome, c'est à dire de ne pas mêler des
événements contemporains à son récit historique qu'il arrête en 1601.
Comme d'autres critiques, le jugement de Jules Olliver
sur le second volumes est plus favorable. Il est « sans comparaison,
beaucoup mieux rédigé et bien plus intéressant ». Il rapporte les
accusations à l'encontre de Nicolas Chorier d'avoir inventé les documents
qui lui permettent d'authentifier les faits qu'il rapporte. Il les rejette
aussitôt : « il y a déjà bien assez de reproches à adresser à
Chorier, sans lui faire encore cette imputation, qui d'ailleurs est dénuée
de fondement ».
En conclusion : « Avec toutes ces imperfections, l'Histoire
générale de Dauphiné est encore le seul ouvrage qui renferme les
annales générales de la province ». En effet, les ouvrages de
Valbonnais ne concernent qu'une période restreinte de cette histoire. Il
faudra attendre le petit ouvrage de P.-M. Laurent : Résumé
de l'histoire du Dauphiné, paru en 1825 pour avoir une histoire
complète du Dauphiné, bien que moins ambitieuse dans son propos.
Pour « le besoin de se créer des ressources
pécuniaires », il fit paraître en 1674 un Abrégé
de l'histoire du Dauphiné, à l'usage du Dauphin.
Nicolas Chorier lui-même parle plusieurs fois de son ouvrage dans ses Mémoires
écrits en latin. Nous nous appuyons sur la traduction publiée par F.
Crozet en 1868 à Grenoble :
« En cette année [1654], ayant arrêté le projet
d'écrire l'histoire de tout le Dauphiné, je rendis compte, dans un petit
livre publié en français, de mon projet et de mon entreprise, de l'ordre
des livres et du sommaire des objets dont je devais traiter. De cette
manière, je fis connaître mon dessein avec plus de certitude aux érudits
et à ceux auxquels ce genre de littérature plairait, afin que, dans cet
ouvrage que je méditais pour l'utilité commune de tous, ceux qui
pourraient avoir à leur disposition quelque chose d'utile apportassent
chacun leur contingent. Ce projet et le but de l'entreprise sourirent à
presque tous les érudits. » (p. 54). Il donne ensuite les opinions
des différents érudits, mais s'étonne « chose étonnante ! je ne reçus
absolument rien d'aucune autre personne qui pût m'aider dans une
entreprise aussi difficile. » (p. 56). Faut-il y voir une allusion à
Guy Allard ? En 1655, il avait terminé deux
livres. A la fin de 1658, il avait rédigé 10 livres qu'il put faire lire à
l'archevêque de Lyon (p. 70).
« L'année suivante qui était l'année 1660, je formai le projet de publier l'Histoire du Dauphiné. J'avais achevé les dix premiers livres à Vienne, la sixième année après avoir commencé l'ouvrage, aux heures de loisir et dans le temps de vacances accoutumées du barreau; j'avais composé le onzième dans l'espace d'un mois, à Grenoble. Je suivis une nouvelle manière d'écrire l'histoire, qui me parut plus claire et plus avantageuse » (p.83). Il décrit ensuite son premier tome tel que nous le connaissons, en insistant sur la séparation entre la partie « politique » et la partie consacrée au récit des événements.
Pour l'impression de l'ouvrage, il passa une convention avec le libraire Philippe Charvys, qui a été rédigée par Philippe de Vivier, président de la Chambre des Comptes (p. 84). Obligé de s'absenter de Grenoble, il chargea Louis Videl de corriger les fautes d'impression. « Comme il n'était pas très savant dans l'histoire, il avais commis involontairement des fautes plus graves. » (p. 86). Le livre enfin publié, Nicolas Chorier rappelle les éloges qu'il a reçus : « Tout le monde fit grand cas de l'ouvrage; ce fut là le seul prix de mes veilles et de mon travail. » (p. 87). Néanmoins, les États de la province tenus à Grenoble à la fin 1661 lui fit don de 500 louis d'or, sur la suggestion de César Corbet, consul de Vienne (p. 88).
Ensuite, en 1662, il annonce le prospectus dont nous avons déjà parlé : « Pendant que j'avais la plume à la main, je ne la déposai pas avant d'avoir, comme je l'avais fait pour la première partie de l'histoire du Dauphiné, indiqué par écrit avec soin et exactitude l'ordre et la division en livres et les sommaires de chacun, pour la seconde partie que je voulais poursuivre jusqu'à notre siècle. Je fis imprimer et publier ce petit livre. » (p. 93).
Cependant, Nicolas Chorier n'avance pas dans la rédaction du second tome. En 1665, il constate : « Mes occupations considérables du barreau m'avaient fait interrompre l'Histoire du Dauphiné : il restait à écrire la seconde partie, et mon esprit s'éloignait de ce travail stérile et pénible. Cependant mes amis et mon amour pour la patrie, quoique ingrate, me poussaient à vaincre cette répugnance; aussi je la surmontai. Aux calendes d'avril de l'année 1665, je mis la main avec peu d'empressement à ce nouvel ouvrage. A partir de ce jour, je repris l'habitude que j'avais contractée les années précédentes, de me lever de très grand matin, et de consacrer aussitôt à la composition, laissant de côté tout autre chose, environ deux heures et, en outre, celles de loisir, s'il m'en restait. Je m'étais chargé, à la prière de Boissieu [Denis Salvaing de Boissieu], d'écrire l'histoire de la maison de Sassenage; je ne devais pas l'abandonner. Étant engagé dans les affaires du barreau, c'était là pour moi un surcroît de travail, plus grave et plus difficile qu'importun. » (p. 110).
Il annonce la parution de l'histoire de la famille
Sassenage chez Jean Nicolas, « esprit distingué, ayant acquis une
connaissance particulière de la langue française » qui écrivait
« avec élégance et précision » . « Il recommanda l'ouvrage
avec habileté et d'une manière ingénieuse dans une préface
élégante. » (p. 121).
Pour la parution de la seconde partie, il est beaucoup plus succinct. Il signale que durant l'été 1671, il se rendit à Lyon pour l'impression du deuxième tome, qu'il dédia au cardinal de Bouillon, ce pour quoi il n'est « pas encore certain d'avoir agi sagement .» (p. 129). Son fils Pierre-Laurent porta un exemplaire de l'ouvrage en mars 1672 au cardinal qui le « reçut avec beaucoup d'obligeance. » (p. 133).
Nous pouvons citer d'autres écrits où Nicolas Chorier parle de son ouvrage
:
Dans un lettre à Samuel Guichenon, du 27 avril 1659 ( Cinq lettres de Chorier à Guichenon, par J. Roman, Revue du Dauphiné et du Vivarais, t. III, 1879, pp. 311-317), Nicolas Chorier annonce : "Monsieur, j'ay achevé le premier volume de mon histoire composé de dix livres, et bientôt je le donneray au public. Je partirai pour Grenoble dans dix ou douze jours ne pouvant le publier que je n'aye fait ce voyage". Plus tard, le 17 mai 1660, il lui écrit : "Vous me demandez des nouvelles de la mienne [d'histoire] et il n'est pas juste que je dissimule avec vous, qui avez tant de franchise pour moy. L'impression en est commencée et on y travaille incessamment; il ne faut pas que j'adjouste que quand elle sera achevée, ce qu'elle ne scauroit estre qu'à la fin de cestre année, vous en aurez les premières nouvelles, cella s'entend sans que je le dise; je me promets que vous y verrez des choses qui vous agréeront" (p.
La Petite Revue des Bibliophiles dauphinois, n° 13, 1910, publie un échange de lettres entre Nicolas Chorier et M. du Bouchet, l'historien d'Auvergne en 1677 (pp. 145-159). Il s'agit d'une polémique au sujet de l'origine des maisons de Sassenage et de la Tour-du-Pin.
Pour compléter ce résumé de l'histoire de l'ouvrage, on peut rapporter
l'opinion d'A. Prudhomme, dans son Histoire
de Grenoble, (p. 545) : "son œuvre, trop exaltée par ses
contemporains, trop décriée peut-être aujourd'hui qu'on oublie les
conditions difficiles dans lesquelles elle fut entreprise, atteste un tel
effort de travail que, malgré ses imperfections, nul n'a encore osé la
recommencer et, qu'après deux cents ans, on lui fait l'honneur d'une
seconde édition". Il considère le second volume de "beaucoup supérieur au
premier".
Adolphe Rochas, dans la notice biographique qu'il lui a consacrée dans sa Biographie du Dauphiné, ne fait que reprendre les renseignements et les opinions fournis par Jules Ollivier.
Jules Ollivier juge ainsi la rareté de cet ouvrage :
- le premier tome «n'est pas rare et n'est recherché que lorsque le
prospectus s'y trouve joint ».
- le second tome « est fort recherché et très-rare, et son prix
s'élève jusqu'à 60 et 80 francs ».
E. Chaper ajoute, dans une note manuscrite de son
exemplaire des Mélanges (p. 25)
:
"Le prix du second volume s'est singulièrement élevé depuis l'époque où
Colomb [de Batines] écrivait. En janvier 1863, à la vente Mermet, à
Grenoble, un exemplaire médiocre des 2 volumes se payait 340f.00. J'avais
payé le mien en 1862 250f.00. Et le 2ème vol. seul à un prix élevé. Le 1er
se vend de 30 à 50f.00."
Quelques exemples de prix en ventes publiques :
- Vente Notice des principaux ouvrages
d'une bibliothèque (12 nov. 1839), Lyon, Guiffret, 1839 :
exemplaire vendu 84 fr. : « Le 1er volume en mauvais état
et le second mouillé et taché » (rapporté par la Revue du Dauphiné, VI, p. 378)
- Vente du Baron Mounier, Paris, Sylvestre, 1844, n° 542 : 310 fr. pour le
deuxième tome (rapporté par Rochas, I, p. 248).
- Vente Salvaing de Boissieu, 1897 : lot n° 1037, "Ouvrage très recherché"
: 51 f. (en mauvais état) (voir catalogue).
- Vente Lantelme, lot n° 448, "Excellent ouvrage, justement recherché" :
195 f. (reliure moderne de Gruel, complet du prospectus du second tome)
(voir catalogue).
- Vente Genard, lot n° 865, dans une reliure en maroquin de Chambolle-Duru
(voir catalogue).
- Vente Saint-Ferriol, lot n° 1468 : « Le tome II (qui est RARISSIME) est
avec le feuillet d'errata, et on trouve à la fin : Histoire
généalogique de la maison de Sassenage, par Nic. Chorier. Lyon,
Thiolly, 1672, broch. in-fol. de 86 pages. TRÈS BEL EXEMPLAIRE. »
Lors de la dispersion de la bibliothèque du château de Saumane (Vaucluse), à Avignon en avril 1980, l'exemplaire d'Eugène Chaper a été proposée à la vente avec cette description : Rel. d’époque en veau, le tome I avec les gros nerfs soulignés d’un filet doré, le tome 2 avec les caissons dorés en losanges. Edition originale en belle condition, reliure solide, charnières intactes, tranches lisses, sans un seul feuillet débotté. Les 4 ff. blancs d’origine. Seulement coins et coiffes frottés au tome 2, lequel est bien complot de l’histoire généalogique de la Maison de Sassenage avec son titre particulier. Exemplaire du grand bibliophile dauphinois Eugène Chaper dont chaque volume porte l’ex-libris."
Maignien (Imprimerie), reprend l'opinion de Jules Ollivier : "Ces 2 volumes, qui n'ont pas de tomaisons, sont : le premier commun, le second fort recherché et très rare".
L'Histoire générale de Dauphiné
avait fait l'objet d'un projet de réédition par le libraire Royer-Dupré de
Grenoble, en 1821. Il prévoyait de la réimprimer en 6 volumes, en la
continuant jusqu'en 1815, avec des notes, des cartes et des
plans. Ce projet n'a pas eu de suite (voir Rochas, I, p. 248). Une
réédition, à l'identique de l'original, a été menée à bien par les
imprimeurs Chenevier et Chavet à Valence.
Valence, Chenevier et Chavet, 1869-1878, 2 volumes, 703 et [VI]-785 pp.,
sans l'Histoire généalogique de la
maison de Sassenage.
Enfin, une troisième édition a été donnée par les Éditions des 4
Seigneurs à Grenoble, en 1971, avec des planches et une préface de P.
Vaillant. La description est la suivante :
2 volumes : [X]-671 et [VIII]-785 p. et pour les planches : T. I : [4]
pl., [1] dépl., T. II : [10] pl., fac-sim.
Histoire généalogique de la maison de
Sassenage
Cette généalogie
avait paru auparavant sous le titre :
Histoire généalogique de la Maison de
Sassenage, Branche des anciens comtes de Lion & de Forests
Grenoble, Jean Nicolas, 1669, in-12, [36]-542 pp.
Elle comportait déjà la dédicace au président de
Boissieu. Elle incluait une généalogie de la famille de Morges qui n'a pas
été reprise dans cette nouvelle édition de 1672. Il y a quelques menues
différences. L'avis Le libraire au
lecteur et le privilège ont disparu au profit de deux pages
nouvelles : Additions à l'Histoire
genealogique de la maison de Sassenage.
L'édition jointe à l'Histoire générale
de Dauphiné peut aussi se trouver seule. Par exemple, la
bibliothèque de l'Arsenal en possède deux exemplaires.
Dans une note manuscrite de son exemplaire des Mélanges,
Paul Colomb de Batines affirme : "Je me suis laissé dire que dans beaucoup
d'exemplaires [de l'Histoire
générale de Dauphiné], la Généalogie de Sassenage a été mutilée à
dessein".
Cette généalogie a aussi été attribuée à Denys Salvaing de Boissieu. Pour tout ce qui concerne ce sujet et les caractéristiques de la première édition, se reporter à la notice de l'exemplaire que nous possédons.
Notes sur l'exemplaire
Demi
basane maroquinée rouge, dos lisses ornés d'un grand fleuron doré et
de motifs en bandeau dorés, tranches marbrées. La reliure est de style Charles X (ou Restauration). Elle a probablement été faite pour Antoine Gautier de Crest, le propriétaire de l'ouvrage en 1826. |
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Inscription manuscrite sur la page de titre des deux
tomes :
« Ex librix Bozonat »
« Bozonat », rayé
« à Antoine Gautier de Crest 1826 »
Sur une page de garde du deuxième tome, étiquette de libraire : Millon
Jeune, Libraire, quai Villeroi, n° 6, Lyon. Vu le style de l'étiquette, il
s'agit probablement du libraire qui a vendu l'ouvrage à Antoine Gautier.
Deux défauts dans le tome I : Les feuillets 91-92 et
93-94 sont intervertis. Le cahier Rr (pp. 313-320) est répété trois fois.
Commentaire personnel
Cet exemplaire ne remplit pas les critères strictes de la bibliophilie : reliure médiocre, état médiocre. Il est néanmoins bien complet et trouver (je pourrais dire dénicher) les deux tomes ensemble est déjà un "exploit". Malgré cela, quel plaisir de posséder cet ouvrage fondateur pour l'histoire de Dauphiné !
Références (Voir : Liste des sources et référence)
Notice biographique de Nicolas
Chorier
Maignien (Imprimerie) : 435
Maignien (catalogue) : 2977 et 2978 (2975 et 2976 pour les Prospectus)
Rochas, I, p. 245, VIII, et p. 248, XIV.
Perret : 987 : « Peu courant ».
Perrin : 188 (exemplaire dans une reliure de Chambolle-Duru). Long
commentaire qui reprend des informations de Jules Ollivier.
Guillemin : 5607
Les sommets de la bibliophilie
dauphinoise : n° 56
BSEHA(Not-PG) : pour la réédition
BNF : FOL-LK2-639
Réédition de Valence : FOL-LK2-639 (B)
Source non consultée : Mgr Charles Bellet, Critique d'une partie de l'Histoire du Dauphiné de Nicolas Chorier, Paris, imp. Nationale, 1914, in-8°, 24 p.